Casino Royale est un produit déclaré d’utilité publique par votre envoyé spécial dépêché pour l’occasion à l’UGC Opéra (qui d’ailleurs conchie les golden boys de supérette qui “se font une toile” après le boulot, sont plus grand qu’elle et remplissent la salle une demi-heure avant le début du film). Pourquoi d’utilité publique?
– Pour avoir la recette du Vesper Martini.
– Pour entendre pour la première fois “The name is Bond, James Bond“. T’as un sourire complice, du genre ‘ouaip, moi je sais qu’c’est connu, ouaip’, alors qu’en vrai finalement, 5 milliards de spectateurs auront l’impression de faire partie des happy few (sauf peut-être ma pote Lise, mais elle, elle vraiment aucune culture).
– Pour la partie vernis mondain aka “je suis snob et ma culture n’a aucunes limites” : pouvoir faire un parallèle évident avec le premier Casino Royale que tout le monde a oublié alors qu’il est complètement fameux, avec Woody Allen dans le rôle de Jimmy Bond, le petit frère de James, dans les années 60. Jimmy Bond, c’est l’ancêtre de Johnny English et d’Austin Powers réunis, James Bond, c’est le bad guy dans l’histoire (si ça c’est pas iconoclaste) et Le Chiffre est joué par Orson Welles. Bref, essayez de le voir il est chanmax.
Notons que ce que l’histoire ne dit pas, c’est que ce vernis culturel, ‘est le fruit d’une soirée télé FR3 chez Papy et Mamie, plus que Ciné Club au cinéma Roxane de Versailles, mais bon…
Voilà donc un film qui remet à jour les codes des romans d’espionnage des années 50 et qui flattera notre érudition (parfois toute relative) sur James Bond (non non je suis pas geek) ou complètera nos lacunes dans le domaine.
Mais voilà aussi un film à très gros budget très réussi. C’est pas souvent, mais quand ça arrive, c’est orgasmique. Et c’est la preuve que les gros sous et les grosses ficelles ne sont pas nécessairement synonymes d’insulte à l’intelligence.
– Parce que le méchant, on comprend pas bien qui c’est, et d’ailleurs on s’en fout. Et puis c’est brutal, sombre, viril, le tout assumé du début à la fin. Et ça, ça fait penser à quoi? A un film noir des années 50 (oui, j’ose – la matrice restant Le Grand Sommeil).
– Parce que des combats chorégraphiés, j’en ai vus, mais une course poursuite chorégraphiée pour se terminer par du flingage bourrin, ça c’est inédit pour moi.
– Parce que donc, il arrive à trouver un équilibre entre une histoire volontiers désuète par sa tonalité (après tout c’est l’adaptation du premier roman de Ian Fleming) et la charte du James Bond de base : gadgets de la vie, meufs de la bandaison, bagnoles qui vrombissent bien fort.
Niveau gadgets, c’est même tellement outré qu’on se dit qu’il doit bien y avoir du second degré. Quand même à un moment, James, il s’auto-électrochoque avec un pocket-defibrilateur, parce qu’il fait un arrêt cardiaque, puis 10 minutes après, il retourne à sa table de poker et commande un vesper martini. Nan, vraiment, ce film, il est géant!
– Parce que même le personnage de M est revisité.
– Parce que le James Bond, il est sombre, sans complaisance, pas sympa, mais MEGASEX (ça fait un peu compil de l’été, présenté comme ça, non?).
Voilà un film qui saura émoustiller la gonzesse, lui redonnera un coup de fouet (si je puis dire) et la motivation pour bosser.
– Parce que, enfin, on a un James Bond qui est au niveau de Sean Connery, pas minet, mais qui dégage du sexe comme personne. J’entends déjà les greluches : Oui mais Pierce Brosnan il était sexyyyyy.
Tu parles Charles.
Daniel Craig, c’est Jean-Michel Testostérone. Et quand il dit “because you know what I can do with my little finger“, y a comme un blanc dans la salle de ciné.
Dans la tête des filles : “Wrrrtsqsttffftk”.
Dans la tête des mecs : “Puuuutain il a oooooséééé trop fooooooort… Et comment qu’elle est bonnasse la Eva Green”.
Et pour la première fois, j’ai compris le sens de “Ooooh Jaaaaames”.
– Parce que ça nous réconcilie donc avec un personnage malmené par la mièvritude, le vide intersidéral et la facilité d’un Pierce Brosnan, où finalement les seuls intérêts étaient 1/Les James Bond Girls qui chantaient les thèmes des films (aaaah le clip de Die Another Day), 2/ Les James Bond Girls qui manipulaient un Pierce Brosnan décérébré mou du zgeg (des actrices hyper sex quand même : Halle Berry, Sophie Marceau, etc., fallait bien compenser l’inexistence de James). La même remarque est valable pour Roger Moore et autres Timothy Dalton. Et ça redore le blason de la série. Je sais de quoi je parle, ça fait au moins depuis Moonraker que j’ai pas regardé un James Bond parce que j’en avais envie (et pas parce que c’était ça ou Le plus grand cabaret du monde). Remarquez que quand on a vu Moonraker, on comprend pourquoi…
Ca c’était la partie greluche.
Mais à part ça, je veux pas vous raconter l’histoire, vous l’aurez compris, le nouveau James Bond, il envoie, alors allez-y.