Au suivant

Ce qui était très bien vu, dans la reprise par Matthieu Chedid de la chanson de Jacques Brel, c’était d’arriver à transformer un texte traduisant la peur viscérale du jeune trouffion abusé en angoisse de la perte du pucelage touchant n’importe quel ado. Le tout sans changer une syllabe au texte de Brel. Très bien vu, très bien fait.

Parlant de pucelage, j’ai énormément travaillé sur une analyse sociologico-structurelle des rapports de séductions chez les classes post-adolescentes de la côte ouest des Etats-Unis. En vrai, j’ai loosé devant Next toute la soirée. Et j’ai découvert plusieurs choses. Déjà, qu’un remake d’émission de télé-réalité, ça existait. Ensuite, que l’angoisse de la perte du pucelage, c’est plus ce que c’était. Alors Next, c’est même pas un concept original. Vous voyez Dismissed, sur MTV? Ben pareil, mais en plus cheap, en plus mal filmé et en encore plus white trash. Je préviens, c’est mon post le plus naze depuis très très longtemps, mais au moins, ce sera à l’image de cette putain de nuit blanche de merde, pour le côté loosy.

Des blanches qui se font séduire par des blancs, des blancs qui se font séduire par… des nanas (oui c’est la seule incursion interraciale de l’émission, sacrés eux), des blacks qui se font séduire par des blacks, des hommes qui draguent des hommes… Bref, jusqu’ici on retrouve bien notre Dismissed. Puis après, nos séducteurs/trices sont 5, dans un bus. Dans Cherokee tout terrain (eh ouais, la côte ouest c’est aussi ça) se trouve le/la célibataire à séduire. Un à un/ une à une (bref), nos séducteurs/trices (m’fait iéch, là) tentent de séduire le/la (allez vous faire foutre) célibataire. Au moindre faux pas, quel qu’il soit (bout de salade entre les dents, préférence pour le pepsi au lieu du coca, petite bite, trop gros seins), ça dégage. Et c’est minuté. Si tu restes 10 minutes à masser le dos de Jimmy, tu repars avec 10$; si tu tiens 34 minutes à racler les amygdales de Amy-Beth, tu seras gratifié de 34$. Mais t’auras quand même été bâché avec force sévérité. Pas marrant de se faire plaquer sur “next!”. Mais si tu est l’heureux/se (…) élu/e, alors là mes crottes, c’est la déclaration (it iz zi dicleireicheune) : “Ecoute Logan, t’es pas trop con, je me suis pas trop emmerdée avec toi, et ça fait 54 min. que ça dure : ou tu prends 54$ et tu t’arraches vite parce que je te défoncerai à coup de talons aiguilles, ou tu accepte un deuxième rendez-vous avec la harpie que je suis” / “Wahou! Shazney, j’y crois pas comme t’es trop foxy! (ouaip j’ai appris un mot ce week-end) Bon, direct, tu peux prendre 1$ ou alors accepter un 2e rendez-vous avec moi!”

Deux éléments forts de l’émission, le bus, et la bâche. Dans le bus, les clivages de genre sont complètement évidents. Je passe sur le côté nanas langues de putes hypocrites et les mecs qui se foutent sur la gueule direct. Non, le fond c’est pas hyper original, mais ce qui est assez dingue (à mon humble avis), c’est le visuel de cette émission. Et bien entendu, les valeurs véhiculées, soooo west coast. Par exemple, Next, c’est l’émission où l’on apprend que Jessica, brune méchée, haut de maillot de bain triangle sur ceinture jupe n’embrasse jamais au premier rendez-vous, parce que ça se fait pas. Où l’on apprend que Brian a été dégoûté des filles et qu’il ne croit plus en l’amour : il espère donc que l’une des 5 filles du bus saura ravir son coeur. Problème : la première est sympa, mais il veut voir les autres. La deuxième lui demande “où on va?”, il lui répond “nulle part t’es pas mon genre – attendez les mecs Kayla était sapée comme une strip teaseuse”. La troisième est pas assez bronzée. La 4e a un mauvais style vestimentaire. Bon, il a eu de la chance, la 5e, c’était foxy Shazney (cf. supra) : elle a donc ravi son coeur, la morale romantique de l’émission est sauve. Où l’on apprend encore que dire à un mec qui vous a largué “de toutes façons, je sortirais jamais avec un mec qui a de plus gros nibards que moi”, ça se fait vraiment. Et que des phrases comme “Salut, moi c’est Marlon, et les même les détecteurs de métaux à l’aéroport m’ont identifié comme une bombe”, ça s’est dit : merci Oussama. Où l’on apprend également que les fringues pouffisantes à mort à base de maille-crochet rose fluo qui couvre à peine un bout de sein sur mini-short en jean, le tout agrémenté d’une casquette Von Dutch, pardon Diesel, on est sur la côte ouest c’est vrai, c’est pas que pour Mariah Carey. Y a vraiment des nanas de 18 ans qui portent ça. Remarquez, Loana, à la première de Loft Story, elle est bien arrivée fringuée comme une Spice Girl version Wannabe, mai 1996, alors si Jade ou Nessa veulent arborer les atours d’une Pamela Anderson Lee après son deuxième mariage avec Tommy (le batteur des Mötley Crüe, mais qui a déjà écouté ce groupe je VEUX savoir), ça se tient après tout. Le plus de Next, c’est qu’il y a vraiment des moches dedans. Qui se sapent comme ça, aussi. Ca contribue à créer un putain d’effet de réel. Cependant, je me demande où est David LaChapelle, là, parce qu’on a besoin de lui… Et où l’on apprend que pourtant ces donzelles sont toutes vierges et cherchent l’amour. Pareil pour les mecs. Prenez Brad : il cherche à se marier, les épreuves consistent à faire essayer une robe de mariée aux concurrentes… Et j’ajoute que n’ayant encore jamais vu de concurrent(e) choisir la thune plutôt que le 2e rendez-vous, la morale de l’amour l’emporte sur la morale du fric. Donc tout va bien on est sauvés (mais pour ça Dismissed, c’est quand même la classe au-dessus). Bref où l’on apprend que la télé-réalité, ça pue, mais niveau esthétique et moral, y a vraiment un truc de malade. Et où l’on comprend que Dismissed ou Next, c’est vraiment pas transposable hors des USA.

… … … … …

Nan chuis obligée de gueurliser, là. Parce que quelque part, Next, on peut pas vraiment en rejeter le concept, on en a tous rêvé. “Toi t’es plutôt de quel bord politique? parce que moi, je pense que je suis à droite, tendance Madelin” “Next!”. “Ecoute je sais pas, moi, tu sais, je suis pas trop habitué aux relations à distance…” “Mais tu habites à Triel sur Seine et moi à Buc, c’est que 30 km? NEXT!”. “Ouais c’est sympa ce que tu fais, mais bon, c’est un peu inutile, quoi. Je veux dire, l’histoire, c’est bien mignon, mais moi, ça sert à quelque chose ce que je fais, je construis des immeubles, moi” “NEEEEEEEXXXXXXXXXXTTTTTT!!!!!!!!!” (ouais ouais, j’ai tout essayé et j’ai gardé le meilleur comme ils disent sur la 2). “Ecoute t’es belle, t’es sympa, tu sens bon et t’es intéressante, je suis seul, tu es seule, pourquoi chercher plus loin?” “Bien. Tu peux partir avec tes 15$ ou accepter un deuxième rendez-vous avec moi.” Pour noël, j’veux un bus. Et cinq mâles dedans. Tous nus dans leurs serviettes, avec le rouge au front le savon à la main…

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