Ouais ouais bonne année, je sais, bonne année…
Elle s’est remise de son ablation de la rate de son Nouvel An non fêté (ça revient presque au même dans l’imaginaire populaire, vous noterez).
Mais c’tait cool pourtant, moi au moins, j’ai eu la bonne année souhaitée par des polonais Place du Tertre et par des Paki/Thaïlandais (j’arrive pas encore à identifier) devant le Sacré Coeur. Et j’ai bu un Martini not stirred, not shaken, but on the rocks dans un verre à Martini des plus glamour.
Bon, fidèle aux traditions les plus beaufisantes, du type “Bonne année… et bonne santé bien sûûûr!” (ouais ouais, je l’ai dit), faut trouver le corollaire de 2007, que 2007 sera pas sans cedit corollaire. Savez, l’expression “x sera l’année de y ou ne sera pas”. Et là les aminches, je propose.
2007 sera l’année du Turf ou ne sera pas.
C’est pas Nitouche qui me contredira sur ce coup-là.
Le Turf, c’est LA nouvelle activité trop trendouille. Comprendre : c’est tellement en perte de vitesse que Canal +, la chaîne du parisianisme et du snobbisme démocratisé à la France entière, a décidé d’en donner une image un peu sexy en proposant entrées gratos et bouteilles de champagne offertes sur tirage au sort. Je sais, c’est à s’y méprendre, mais nan, c’est pas une boîte de nuit.
On a complètement testé pour vous. Et putain c’était notre dada. Première impression… surprenante. Faut passer la déconvenue de l’entrée dans l’hippodrome. Oui, moi, en bonne gonzesse qui se respecte, j’ai vu Pretty Woman. Et du coup, je pensais mollement que la partie beauf des turfistes restait dans son PMU à Tourcoing (ou à La Chapelle en Vercors, hein, je voudrais pas faire de jaloux) pour boviner devant les retransmissions Canal + pendant qu’à l’Hippodrome, c’était soleil rayonnant (même à Paris, même en décembre), célibataires fringants et chevaux endurcis, bref le carré VIP un peu partout, quoi. Eh ben nan.
L’hippodrome ça se passe pas comme ça. On regarde pas d’un air détâché une course de trot attelé en sirotant une coupe de Veuve Cliquot. L’ambiance, c’est plutôt “on est rivés aux écrans de pronostics comme la vérole sur le bas-clergé breton, le Paris Turf à la main”. Alors c’est moins glam mais plus rigolo. Donc plus mieux, vous l’aurez compris. Puis l’hippodrome, c’est un peu le lieu où le théorème de la relativité se vérifie plus que jamais. Lecteur chéri mon amour, que penses-tu du turfiste moyen? OK. Ces bases établies, que penses-tu que le turfiste moyen va penser de ceux qui sont là, une gauffre au sucre à la main, et qui s’extasient “Ah ouais mais Ninja de la Ferme, c’est un nom trop rigolo! Moi je veux parier sur luiiiiii!!!” “Et tu crois qu’ils vendent un journal pour donner des infos sur les chevaux, toi?”. Sachant que l’hippodrome est une halle seventisante, où le turfiste évolue à 200 hab/m², représente 98% de la population locale (contre environ 37% de la population française et 22% de la population parisienne), cas typique de surreprésentation d’un groupe donné. Moralité, tout est dans tout et réciproquement. (Vous m’aimez, là, au moins)
Bref. C’est pas le plus important, ça.
Qu’est-ce qui est le plus important?
Le pari? De se définir un éthos de parieur (sachez les gens que, telle “Alice la Novice”, je suis désespérément aussi épicière qu’au tarot, dra-ma-tique), de se lobotomiser devant les pronostics, d’acheter son premier Paris Turf, de dire “Vincennes. Simple placé gagnant numéro 6” et se sentir parmi les élus parce que, chic alors, on maîtrise un nouveau jargon, de brailler “alleeeeez le 19!!!!” de bondir extatique en gloussant “j’ai un gain! j’ai un gain!”… bref, de se faire des thunes (ou pas)?
Soit dit en passant, les courses de trot, ça a pas l’air comme ça, mais c’est plus impressionant que le galop, parce que c’est technique, et du coup, si le cheval galope, pof, éliminé, et dans ta face les 4€ pariés… (et hop, ça c’est pour Gwen qu’aurait tendance à se la jouer sur les courses de galop à Chantilly)
Les chevals? De savoir qu’un cheval, ça mange pas de paille avant de courir parce qu’il risque d’avoir des ballonements, peut pas aller aux cabinets avant la course, de savoir qu’un cheval ça a bonne mémoire et le sens du professionnalisme, de savoir qu’un cheval ça dort dans un hippotel (marrant, non?), de savoir qu’un cheval, c’est un animal sympathique avec un coeur gros comme ça, et que finalement, chaque cheval est unique, il faut l’aimer aussi (au moins on sait que le communisme équin ça existe pas et que le cheval a des relents catho difficilement supportables, en fait on comprend mieux la filiation directe équitation/Versailles, enfin moi en tous cas, ça me fait ça)…
Ceux qui nous comprennent un minimum sauront. Et ceux qui pensent que ce qui compte c’est l’amour des chevaux n’ont rien à faire sur ces pages.
Alors en cette nouvelle année, je voulais rendre hommage à Shaft. Puis à North America, aussi. C’est grâce à des bêtes cools comme ça qu’on passe une bonne journée.