La vie en ville, volume 1 : Paris.

Coming soon, le volume 2 : New York (dès mardi sur vos écrans)

C’est extraordinaire de vivre à Paris.
Mardi, je me remaquillais au Starbucks en face de Cluny (en vrai, c’était pour délasser mes pieds, décédés dans de tragiques circonstances de marche intensive depuis le 15e sud, putain de chaussures à talons, pourquoi j’ai arrêté les stansmith bordel). En face de moi, une touriste fait pareil. Putain de piège à touristes, je pense. Putain d’endroit blindé, je pense aussi. Un brin énervée par le quartier (mauvais souvenirs de prépa? réminiscences fielleuses d’oraux? endroit trop laid qui pue et qu’est trop touristique? le mystère reste entier), je prends mon mal (et mes pieds) en patience. Arrive le moment où je pense qu’il est temps de me remettre en route. Au moment de partir, Madame la Touriste me donne quelque chose. Un marque page. Oh! je fais. A l’effigie d’une sainte. Ah… je fais. Tout écrit en portugais. Elle est brésilienne, je pense. Je me confonds en remerciements et quitte l’endroit de la rencontre internationale. En me disant que c’est chouette une belle grande ville toute touristique où on fait des rencontres impromptues qui ont un je-ne-sais-quoi de chaleureux.
Je suis contente. Et finalement, je me mets à aimer le Boul’Mich’ d’amour et je repars un sourire barrant mon visage d’une oreille à l’autre.

Parce qu’on rencontre des gens, dans une grande ville. Allez trouver une touriste brésilienne à moitié assise sur vous au Starbucks de Buc, c’est dur. Y a pas de Starbucks à Buc? C’est une première raison, oui. Au troquet de Buc, alors. Y a pas de troquet à Buc? Il est vrai.
Bref.
Outre les rencontres impromptues, il y a les activités impromptues. C’est ça qui est extraordinaire dans une grande ville comme Paris, je me dis. On ne sait pas de quelles rencontres, ni de quelles activités la journée sera faite. Partante pour aller à un concert Salle Pleyel? Places excellentes et gratuites? C’est rien extraordinaire quand-même, d’habiter dans une grande ville comme Paris.

Et là, c’est le drame. Non, trop pas en fait, mais j’ai été confrontée à l’abysse dans lequel se trouve ma culture classique ce soir.
-Salle Pleyel, c’est là où y le métro?, je demande.
-Euh… non… Salle Pleyel, c’est plus Wagram que Saint-Ouen en fait (pan sur la tête).

-T’écoute beaucoup de classique sinon?
-Oh oui de temps en temps…, je réponds
-T’as quoi chez toi?
-Euh, oui, non, enfin je mets la radio, je mens (pan sur la tête)
-Ah d’accord.
-Et tu connais un peu le travail de Disney sur la musique? Genre Fantasia , je suggère (notez la pirouette rhétorique de première catégorie, mon interlocuteur fut épaté, il connaissait pas).

-Et pourquoi y avait des violons à droite et des violons à gauche?, je m’ébahis
-Non, en fait, à droite, c’est des altos.
-Aaaah, alors c’est pour ça qu’ils sont plus gros?, je déduis
-(sourire)

-Alors tu vois, en même temps, ce genre de concert, ce qui est chiant, c’est que ça sert toujours de ségrégation sociale.
-C’est-à-dire?, je m’interroge
-C’est-à-dire qu’on n’applaudit jamais entre les mouvements. Et tu vas voir, y a toujours un beauf pour le faire.
-On ne dit pas “un beauf”, on dit “un mec plutôt habitué aux caves à jazz, où la coutume est d’applaudir après chaque solo”, je corrige.
-Très juste.

Donc Paris, c’est bien, on fait des trucs imprévus, on reçoit des témoignages d’affection imprévus (c’est le moment où je développe ma théorie à mon interlocuteur qui me prend déjà depuis 4 bonnes heures pour une beauf finie). Tiens, tu sais pas quoi? Hier, une touriste brésilienne m’a donné un marque page. Bon, religieux, je te montre : Sainte Rita.
“Ah ouais, mais c’est la patronne des cas désespérés!” “Ah oui? Ah nan mais attends! C’est pas la sainte-patronne des putes plutôt?” “Aussi, oui!”

Connasse de touriste brésilienne.

One thought on “La vie en ville, volume 1 : Paris.

  1. Euh juste pour contester la non-existence de troquet à Buc. Il me semble qu’il y a toujours le rendez vous des piliers sur les hauteurs de al ville près du G20 nan ? Et celui du Bas, près de la boulange ?
    Posté par Cesmi, 07 avril 2007 à 16:08

    C vrai que Paris, c’est incroyable comme malgré l’anonymat de la ville, on fait de chouettes rencontres. Genre une vieille dame que j’aide dans le métro, elle me donne une carte postale d’Amsterdam d’où elle revenait. Une nana de mon âge, je lui file une clope, on passe la demi-heure d’attente à discuter. Une fois dans le train, aussi, une femme d’une quarantaine d’années qui m’explique qu’elle est très croyante car elle a vécu des épreuves très difficiles et que c’est grâce à la foi qu’elle tient.

    Par contre, les altos, moi, je savais, je surkiffe les instruments à cordes (n’oublions pas que je suis une extrémiste du violoncelle). Et sur mon i-pod, j’ai Carmina Burana, Haendel et le Lac des cygnes parce que je suis wild, quoi.
    Posté par Nina, 07 avril 2007 à 18:16

    “Dans Paris”, c’est aussi un excellent film de Christophe Honoré avec Romain Duris, et on s’en fout, c’est vrai.
    Posté par L;Myster, 07 avril 2007 à 22:31

    en parlant ciné
    hier soir j’ai vu the Boss of It All, un film de Lars von Trier, traduit “Le Direktor”
    c’est super bien, je vous le conseille. C’est un peu un exercice de style sur le genre classique de la comédie. Déjà, ça devrait plaire à tous les gens qui ont fait des études littéraires. Avec plein de méta messages (on dit ça?) sur le genre, le jeu d’acteur, blablabla, mais tout ça très bien fait et joué. Avec des grosses ficelles et des fines ficelles. Et le côté dépouillé et absurde, tout de même hein, c’est danois quoi.
    C’est plein d’intelligence et c’est marrant.

    Pour Sainte Rita, c’était la sainte préférée de ma gd mère. Je pense que c’est une sainte très populaire.
    Posté par Nitouche, 08 avril 2007 à 09:34

    Cesmi : j’aime buc d’amour, hein, mais quand-même, reconnais que… celui à côté du g20, perso, je l’ai jamais vu ouvert, et celui du bas buc, je vois pas (j’ai beau réfléchir)… bah, c’est ce qui fait le charme de la ville en même temps, we avec maman, c’était bien, hein! (mais on n’a jamais réussi à te joindre)

    Nina : ben ouais

    L;Myster : je connais pas

    Nit’: oui, elle est populaire, mais c’est la sainte des putes, enfin merde, quoi! Le Direktor, j’ai pas vu, mais j’essaierai, ça fait une éternité que j’ai pas vu un Lars von Trier (ah non, l’année dernière, en fait, Manderlay)
    D’ailleurs, et ça n’a rien à voir, Nit’, tu es pour moi une mère, tu restes de mémoire celle qui aura été l’auteure de mon agneau pascal de l’année (après mamie et nyfah, la concurrence était rude, ce fut pourtant réussi!)
    Posté par LilVirgo, 09 avril 2007 à 14:46

    J’ai vu la météo sur new york. je suis désespérée. non mais c’est quoi ce BORDEL???????
    Posté par LilVirgo, 09 avril 2007 à 14:47

    Je te rassure, Lil, il a arrêté de neiger. Par contre, il fait toujours aussi froid…
    Sinon, pour Rita, sur Wikipédia, ils ont eu la délicatesse de ne pas mentionner son apparentée avec les femmes de joie. Pudique, le Wiki?
    Posté par Kub-en-bois, 09 avril 2007 à 17:34

    ouais mais bleuarghh quand même… snirfffl
    Posté par LilVirgo, 09 avril 2007 à 19:43

    Moi, je me souviens, en terminale, la prof d’hist et géo nous avait dit d’aller faire brûler un cierge à l’église de Ste Rita… La garce! ;)
    Posté par Nina, 10 avril 2007 à 09:56

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