La Nouvelle Star est une émission culturelle.
Depuis 3 ans, ce programme marche mieux chaque année, alors que tous les autres concepts télé-réalité s’essoufflent. Mais c’est quoi le truc, le “facteur X”? (ouais parce que le titre anglais de Nouvelle Star, c’est “X factor”, par exemple). Je pense que c’est vraiment la caution crypto-culturelle qui a permis à l’émission de télé-crochet d’M6 de passer le cap de la branchitude et de latter définitivement sa rivale de TF1. Certes, tout est relatif, mais bon, on reste dans le paradigme de la télé-réalité, et de fait, c’est mieux qu’ailleurs, alors j’y tiens à mon analyse culturelle.
Je ne parle pas des vannes du jury et des coups d’éclat, c’est commun aux deux émissions, finalement. La vraie différence, c’est que, là où Star Academy jouait plus sur une carte Loft Story meets Sacrée Soirée, Nouvelle Star affirme de plus en plus une couleur “Revivons la musique en 12 émissions” dans son style. La semaine dernière, par exemple, c’était l’Odyssée du Rock, “caution Manoeuvre” oblige. C’est marrant.
D’ailleurs, force est de constater que le phtisique Manoeuvre fait beaucoup pour cette émission. Les remarques Rock&Folkesques dont il nous gratifie à chaque prestation donnent un peu plus de croquant à l’émission, et feraient presque oublier qu’il a vu dans les BB Brune le “renouveau du Rock Français”. Rappelons-le : le rock français, c’est comme le cinéma français, c’est mort et enterré. La date de mort cérébrale remonte à l’été 2003. A mon avis, c’est complètement lui qui tire les autres membres du jury vers le haut dans leurs critiques de chaque prestation. Lorsqu’un candidat propose une chanson lors du prime, on a ainsi droit à une petite notice exégétique nous rappelant de qui est la chanson, qui l’a popularisée et quel est le travail du candidat dessus (on pense même dans les milieux autorisés que ce parti-pris culturel vient de ce que lors des premières auditions, un candidat a déclaré vouloir chanter “Sunny de Christophe Willem” (sic)).
L’avantage, c’est que les performances sont aussi plus intéressantes. Le candidat doit apporter quelque chose à la chanson qu’il reprend, s’il est dans le mimétisme de karaoké, il sera renvoyé dans ses buts. De même,le choix de chanson permet de voir l’étendue de sa culture musicale, et de voir si c’est juste Micheline a toujours rêvé de chanter depuis qu’elle est gosse elle s’entraîne devant sa glace, ou bien s’il y a quelque chose à en tirer. Le X-Factor de chaque candidat réside là-dedans, dans sa capacité à faire revivre une chanson, non pas seulement par des artifices vocaux, mais par une compréhension complète des enjeux d’un titre. Ainsi, les candidats qui font la différence sont ceux qui ont cette culture musicale, des références qui font sens lorsqu’ils chantent. Celui qui chantera un Johnny ou un Téléphone lors d’une émission spécial rock est un peu à côté de la plaque. Déjà parce que confondre variété et rock, c’est mal, et ensuite parce que le rock français … c’est mort, merci de suivre.
Voilà, d’après moi, c’est ça le X-Factor de cette émission.
Pour conclure, je tiens à dire que dans l’émission anglaise l’an dernier, la gagnante, Leona Lewis, elle a chanté en finale avec Take That: si c’est pas la marque ULTIME de culture musicale, je veux bien manger des bretzels jusqu’à ma mort.