Infamous

Oooh je ne m’explique pas pourquoi Baltimore jouit d’une réputation trasho-déprimante. Univers putassier et haut en couleurs peuplé d’obèses de John Waters d’un côté, ville sinistre d’Edgar Allan Poe à The Wire de l’autre, il est difficile de pouvoir dire “Chic, je vais passer le weekend à Baltimore!” ici. On te répondra “Apprends à le prononcer correctement: ces beaufs le disent ‘Bal’more'”. Bref, on croirait entendre des Parisiens te parler de Lyon (des bisous aux Lyonnais qui me lisent).

Pour rappel, John Waters aime filmer des obèses transsexuels et te rappeler que ce qui compte, c’est la beauté intérieure (ou que le laid est beau, le beau est laid, tu choisis); Poe est le mec qui te donne envie de buter quelqu’un parce qu’il a un strabisme qui te dérange. Enfin, The Wire est la série qui te rappelle que, pendant que certaines villes sont immortalisées par Sex & the City, Gossip Girl ou Friends, Baltimore c’est tellement affreux, il pleut tellement tout le temps, tu portes tellement tout le temps un costume limé gris que bon, à moins de te droguer un max…

Ville-glauque.

C’est une ville où on fait beaucoup de “ah!” et de “oh!” pourtant. C’est une ville où, immeuble délabré, coquette maisonnette ou port un peu tacky saturé d’informations visuelles, tu t’y reprends 18 fois pour être sûr de ton cliché. Bref, Baltimore est avant tout une ville photogénique.

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Certes,  c’est une de ces villes où, en te promenant, tu te dis que tu vivrais bien ici, et si comme moi t’es un peu nerd, tu te sens tout épaté de te trouver genre au cœur des débuts de la colonisation, dans un des plus spectaculaires ports naturels au monde, d’être dans la ville point de départ du tracé de la Mason-Dixon line, ville de l’écriture de l’hymne national, ville où est assassiné Abraham Lincoln, tout ça. OK, je sens que j’ai perdu  les 2/3 de mon audience. Pour les 2 qui restent, j’attire votre attention sur le fait qu’un port naturel, c’est joli.

Baltimore est donc surtout une ville photogénique.

Baltimore est une de ces villes qui te rappelle que les filtres noir-et-blanc et sépia de ton APN sont absolument à proscrire/bannir/oublier.

C’est une ville où tu es heureux de te sentir un peu arty à chaque fois que tu prends une photo, tu conjures le William Eggleston qui, tapi au fond de toi, n’attend que le moment opportun pour s’exprimer, et, dans tes recherches assidues de l’angle idéal, tu te vois déjà exposé au New Museum.

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T’es prétentieux de la photo, pas toujours pour le meilleur, mais qu’est-ce que t’es content! Plaisir ridicule, diront certains, pourtant, c’est de toute évidence une activité chérie des promeneurs de Fell’s Point, où nombreux étaient ceux munis d’un réflex numérique, cherchant la prise de vue idéale pour capturer genre l’atmosphère d’un terrain vague, d’une BM année modèle 1985, d’une boutique vintage merdique ou d’une maison soooo lovely.

Et puis franchement, même en ayant vu que deux quartiers d’une ville gigantesque, peut-on en vouloir à une ville dans laquelle on a l’impression constante de poser pour une pub d’Urban Outfitters?

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Je ne crois pas.

6 thoughts on “Infamous

  1. Troooooop jalouse ! Moi aussi je veux poser pour une pub d’Urban Outfitters !!

    (Tu remarqueras que c’est quasi la seule référence que j’ai comprise, ahah)

  2. Je connais aucune référence (poe, un poil), mais ca donne envie d’aller y voir de plus près, effectivement.
    Juste, c’est un peu loin, par rapport au vieux continent.
    (jack, la prochaine fois que t’as rien d’intéressant à dire, tu t’abstiens, merci.)

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