Toi aussi tu veux une pièce Matthew Williamson pour H&M? Ou à l’époque une pièce Comme des Garçons?
Bon, moi c’était surtout un vœu pieux, je suis fauchée, je peux pas me payer ces choses. Du reste, j’ai entendu parler de M. Williamson pour la première fois il y a précisément 3 semaines en me promenant dans le Meatpacking. En réaction, je fais partie de ces gens qui se consolent en pestant que de toutes façons c’est importable, surévalué et cher pour ce que c’est (du H&M), que merde, si tu veux un vêtement chouette, pour le même prix, tu vas chez APC (enfin, son déstock de Williamsburg, parce que là encore, porte-monnaie, tout ça).
La vraie réalité un peu déprimante de ces collections limitées, c’est que l’image de la modeuse en furie se jetant sur ces fringues comme la vérole sur le bas clergé breton, et prête à t’arracher tes vêtements des mains ne me semble pas complètement appropriée. Si ce n’était que les modeuses, il resterait au moins les pièces un peu nulles, comme à l’époque de Lagerfeld pour H&M ou de Stella McCartney pour H&M. Ben là, même pas. Le collier plume de paon un brin cheap, il est introuvable, mon coco. De fait, les personnes les plus frénétiques à l’ouverture de la boutique, ce sont plutôt des petits malins qui prennent chaque objet par paquet de 10 pour ensuite tout évacuer sur Ebay à prix fort (lien obsolète d’ici 3 semaines). Il y a là un vrai business informel qui se met en place, et un vrai pari sur la valeur ajoutée des pièces. Réaction à la crise? Cynisme fondamental? Au bon endroit au bon moment? De fait, ces ebayeurs sont les usuriers du XXIe siècles: des êtres détestés, mais dont le business a malgré tout quelques attraits. Quelque part, c’est fascinant. Et rageant.
Mais pas que.
Parce que même si ces collections spéciales démocratisent à fond un certain type de créations vestimentaires, la démocratisation reste confinée à 5 boutiques new-yorkaises, quelques autres dans les grandes villes de ce monde (voir celles détruites par les extra-terrestres dans Independence Day en 1996, c’est les mêmes). Du coup, l’ebayeur permet une sorte de redistribution, d’une part pour ceux qui vivent ailleurs dans le pays, d’autre part pour ceux qui ont une vie le jeudi matin à 10h. Une seconde chance, quoi.
Bon, au-delà de la philanthropie supposée de ces sympathiques ebayeurs charognards subsiste quand même le problème du monstrueux foutage de gueule à l’égard de ceux qui n’ont rien contre la société de consommation (et pas seulement les modeuses). Parce que ce n’est pas uniquement les collections spéciales d’enseignes cheap qui sont en jeu, c’est un peu tout ce qui est promis à un minimum de succès, depuis la une du NYTimes le jour de l’élection d’Obama, jusqu’à des places de concert (cf les places en fosse pour Britney Spears dans un registre plus que récent)… Et du coup, ça pousse le consommateur à la schyzophrénie, d’une certaine façon, celui qui avait juste envie de voir ce que ça donnait sans pour autant vouloir se faire prendre pour un con fini et se sentir volé en achetant un objet au triple de sa valeur.
Le truc le plus affligeant dans tout ça, c’est qu’à force de regarder ces pages Ebay en étant révoltée et un peu fascinée tout de même, ben … j’ai réussi une enchère (à seulement 5$ de plus qu’en boutique, déconne pas non plus). Humpf.
Ça me rappelle que j’ai toujours 2 t-shirts neufs “GAP feat. Colette” que j’avais acheté sur le coup pour ma mère et une amie à elle, et que je ne leur ai finalement jamais donnés.
Si ça se trouve, je suis milliardaire sur ebay sans le savoir, dis donc.
ça dépend, tu les as payés combien au départ?
http://shop.ebay.com/?_from=R40&_trksid=p3907.m38.l1313&_nkw=gap+colette&_sacat=See-All-Categories
Bon, je peux pas voir le lien correctement depuis le boulot, mais je crois apercevoir des 99,99$ pour les t-shirts, sachant que j’ai du les payer 30 ou 40, donc c’est un possible benef’ intéressant.
Je les mettrai si j’ai le temps.
joli cet objet bleu oiseau
rho merci meuf, mais genre MERCI quoi (je me suis fait pourrir de toutes parts avec cet objet)
bah ça a l’air clinquant, certes, mais j’aime vraiment bien les couleurs.
C’est quoi exactement? Une pochette?
ouais une pochette de cuir scintillant shining in the dark
toute jolie et doux-dingue
bleu/turquoise/vert d’eau
pas facile à porter mais chouette
et je n’en attendais pas moins de toi et de ta réminiscence britonne!
ah oui, la réminiscence britonne, tout à fait ça…C’est vrai que ça fait très Ldn..
Les grincheux qui trouvent ça moche sont ceux qui n’ont pas une approche ludique de la mode
Y en a vraiment qui exagèrent…
Perso j’ai shoppé quelques pièces avec presque une semaine de retard par rapport à la sortie de la collection et mis à part effectivement quelques articles introuvables, plein de choses étaient encore dispos et dans plein de tailles…
Et quand je vois les prix aujourd’hui sur Ebay… seule consolation, tout ça n’a pas l’air de partir très vite…
intéressant, ça doit être un phénomène spécifiquement américain, alors, parce que j’ai même pas vu l’ombre d’un haut jaune, ou quoi que ce soit, le jour même de l’inauguration de la collection (à 17h30, certes)
Et oui, je me marre intérieurement quand je vois une veste en cuir mise à prix à 600$ qui part pas!
Jalouse je suis, dans ma ville, pas l’ombre d’une plume de paon Williamsonnienne à l’horizon. Nada, que dalle, nichts.
même pas aujourd’hui avec la suite de la collection version plus accessible?
Aucune idée, je suis sur un autre continent en ce moment.
Tiens, je vais aller vérifier.
C’est moi ou l’imbrication des réponses commence un peu à déconner dés qu’on commence à fractaliser un peu trop ?…
c’est moi ou tu viens d’employer le terme “fractaliser”?
oui ça fait joli les fractales sur le côté