Né dans la rue, mais interdiction de toucher

La fondation Cartier organise une exposition sur le “street art”, justement nommée “Né dans la rue“.

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Pour les néophytes, c’est très sympa, puisqu’on a droit à une rétrospective de la naissance des graffiti, ce qui est l’occasion d’un bon contrepoint sur New York en crise dans les années 70-80, et qu’on a en plus un peu de mise en situation avant une deuxième partie plus originale et plus art contemporain, au rez-de-chaussée. La mise en situation, c’est un peu le passage obligé d’une expo d’art contemporain qui se voudrait cool. Quand ça concerne les graffiti, je vous laisse imaginer la mise en situation que ça donne: la gare de Trappes au Boulevard Raspail (sans fenêtre cassée – eheh, clin d’oeil), avec des murals organisés sur le boulevard etc.

J’ai d’ailleurs déjà parlé de la mise en situation de street art qui tourne aux soucis.

Sauf que là, t’es à Paris, ça se passe pas comme ça.

Même les graffitis savent être proprets et de bon goût.

L’exposition, par sa première section sur New York, prend bien le parti d’inscrire le graffiti dans son contexte socio-culturel. On ne montre pas des bombes de graffeurs ou des sketchbooks pour rien, après tout. D’ailleurs, on apprécie aussi cette expo parce qu’elle met en regard la dimension artistique du graffiti avec sa dimension de délinquance (coût pour la municipalité de New York, destin tragique des graffeurs qui essaient d’échapper à la police, etc.). Cela étant, c’est d’autant plus étonnant – amusant, si si –  de voir que les règles muséales de type “pas toucher, pas casser” ne sont pas abolies. Quand on sait qu’au départ un graffiti est perçu comme une dégradation de l’espace urbain par les autorités, c’est marrant de se voir interdire d’approcher ladite dégradation par d’autres autorités. Et de se voir interdire d’en ajouter.

Eh oui, quand on fait une expo sur les graffiti, il faut s’attendre à voir un public plus éclectique, allant du classique bobo néo-arty au graffeur lui-même (et à ceux qui voudraient bien). C’est même ce qui apparaît comme franchement chouette dans la démarche: on imagine que cette expo sur l’art de la rue va donner aux bourges à musées le goût de la rue, et qu’inversement, les mecs de la rue vont être invités à fréquenter un musée. Sauf qu’en fait, les mecs de la rue ne sont pas du tout les bienvenus, et c’est un peu dommage. Pour le coup, la “mise en situation” aurait été poussée jusqu’au bout dans sa démarche et aurait fait un peu moins Disneyland.

Je pense que s’il avait été possible, même sur un espace circonscrit, de permettre à des mecs d’y aller de leur tag, ça aurait donné plus de crédibilité à la démarche de l’exposition. Plus de crédibilité en tous cas que l’employée de la fondation semi-insultant le type qui faisait le con avec un marqueur.

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Dans toute cette affaire, mes respects à l’auteur du “Flint for those who dare“…

2 thoughts on “Né dans la rue, mais interdiction de toucher

  1. Hum hum hum, je ne suis pas allée la voir parce que pour moi un graffiti sur une toile ou une photo de graffiti n’es plus un graffiti…C’est quand même plus sympa d’aller se promener la nuit sur les rails du métro en prenant le risque de se faire électrocuter pour voir de vrai tags !

    • ahah! c’est vrai que techniquement, cest mieux en situation, après, pratiquer les rails de métro, je peux pas, j’ai peur des rats! j’aime bien les photos de martha stewart, ceci dit…

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