Please Bella, show some respect for yourself

Culture toujours, après les blogs féminins, Twilight.

Nom de Dieu, ça faisait longtemps que je voulais l’épingler, cette guimauve.

L’avantage d’habiter à Albany, c’est qu’il n’est pas déraisonnable de tenter d’aller voir New Moon, un samedi soir, le lendemain de sa sortie. L’autre avantage, c’est que, Albany étant un peu une enclave redneck en Nouvelle Angleterre (sort of), c’est un petit instant de bonheur en barre. Une demie heure avant, le hall du cinéma était plein. Plein d’un public féminin qui n’a pas de sac à main, si vous voyez ce que je veux dire. Certaines s’étaient même customisé un ravissant T-Shirt “The Twilight Saga – New Moon – 11/20/2009“, ce qui laisse deviner qu’en 24h, elles en étaient minimum à leur 2e visionnage – notons qu’on est bien en province, parce que si elles avaient été à NYC, elles se seraient pas donné ce mal, elles auraient fréquenté un Urban Outfitters, tout simplement. Autant, on se félicitait de ce que le succès des livres redirigeait les jeunes vers la lecture (le syndrome Harry Potter), autant, d’un point de vue cinématographique, il est plus difficile de se féliciter de quoi que ce soit en guise de cache-sexe intellectuel. C’est-à-dire que le réal a décidé de monter son film intégralement au ralenti (un truc encore plus pénible que la caméra à l’épaule dans Cloverfield) et a multiplié des intertextes d’une subtilité toute relative à Danielle Steele (un parti-pris très audacieux). Quant au jeu des acteurs, on va dire pudiquement qu’il n’y a que les muscles de Taylor Lautner/Jacob Black qui jouent bien (oué, ils occupent bien l’écran).

Mais pour comprendre la portée de cette séance, revenons aux livres et au sens à donner de cette frénésie juvénile. La saga Twilight m’offense à tellement de points de vue que son message sur l’abstinence sexuelle est en fait celui qui me gêne le moins. Que voulez-vous, au lycée, quand un garçon voulait sortir avec moi, j’avais tellement les foies que j’allais me cacher dans mes livres de cours, donc la peur de la sexualité au lycée, ça me paraît pas aberrant aberrant, pour tout dire. En revanche plusieurs éléments m’indisposent:

– Dans New Moon, on apprend qu’il est inconcevable dans un couple (hétérosexuel) que la fille soit plus âgée que le garçon. En effet, le drame existentiel de Bella, ce qui la pousse à vouloir devenir elle-même un vampire, c’est qu’elle fête ses 18 ans alors que son Edward est figé à 17 ans. M’est avis qu’elle serait pas fan de Cougar Town, elle.

– Dans Eclipse, on apprend que, d’une part, être séquestrée, épiée, et mind-controlled par un mec jaloux et abusif, c’est pas grave, du moment que c’est de l’amour. Et Edward, de plus en plus détestable, est toujours présenté par l’auteure comme un idéal masculin: il a du pognon, il se propose tout simplement d’entretenir Bella qui n’aura rien à faire de sa vie qu’être oisive. Le rêve américain tel qu’on l’offre aux adolescentes. Emanci-quoi? D’autre part, le viol symbolique de Bella par Jacob, et l’acceptation par celle-ci de son sort ont failli me faire fermer le livre sur le champ (en même temps, j’étais à 50 pages de la fin, c’était trop bête).

– Je pensais qu’on en resterait là, mais Breaking Dawn a tout de même atteint des sommets avec un formidable message pro-life. Pitch: le foutre vampirique, c’est terriblement vivace et notre Bella, qui a fini par consommer (après mariage, pièce montée e tutti quanti) se retrouve grosse de son cher Edward. Ce dernier craint pour la vie de sa belle et lui propose un avortement dans les plus brefs délais (rapport qu’on sait pas trop si un fœtus vampirique, ça va pas lui faire faire un remake d’Alien, le 8e passager). Mais c’est impossible car, et nous l’apprenons dans ce roman lu par des millions d’adolescentes, le cœur du bébé bat dès les premiers jours de grossesse, et le petit être a déjà une âme, ce serait donc un crime d’envisager une autre solution que mener la grossesse à son terme. Sans vouloir trop m’enflammer, dans un pays où le taux de filles-mères atteint des hauteurs stellaires, c’est carrément irresponsable d’écrire des choses pareilles, et même si c’est un peu stupide, je suis absolument furieuse (je suis rarement premier degré sur ce blog, mais là… soyons sérieux, enfin…). La scène de l’accouchement, où Bella est littéralement écartelée et sauvagement mutilée par son bébé suffit à elle-seule à faire une pub pour le safe-sex, remarquez…

Au final, j’étais très inquiète du message, on l’espère inconscient, de Stephenie Meyer et surtout du fait qu’il s’agit visiblement d’un langage qui touche beaucoup beaucoup les jeunes filles. J’étais inquiète de ce que certains de mes contacts Facebook qualifiaient cette saga de “très belle histoire d’amour” et franchement outrée de l’absence de self esteem de ces filles. Finalement, la frénésie autour de ces romans m’a laissé un arrière-goût plus qu’amer (alors que je m’attendais juste à de la mauvaise littérature un peu facile).

Et c’est là qu’interviennent mes ados trashy d’Albany. En effet, ma seule vraie lueur d’espoir, c’est la réponse apportée par la salle de cinéma à la mise en images plutôt littérale des romans. Finalement plus de rires gênés que de larmes émues devant cette débauche de kitsch, ce rire nerveux, celui qu’on émet quand on a honte, quand on est venu accompagné d’un néophyte qui te renvoie au ridicule de ce que tu es censé cautionner. Quant au débat brûlant qui anime la population underage américaine ces derniers temps: Team Jacob? Team Edward? Eh bien par chez moi, c’était un franc Team Jacob, ce qui a aussi eu tendance à me rassurer, dans la mesure où il renvoie une image plus imparfaite et moins normative des rapports humains. Pendant la séance, on a notamment pu noter un blanc hallucinant quand Jacob enlève son t-shirt pour essuyer le sang sur le visage de Bella, et j’ai particulièrement adoré le discret “what a slut!” lâché par ma voisine lorsque Bella choisit Edward et non Jake à la fin du film. Délicieux.

55 thoughts on “Please Bella, show some respect for yourself

  1. Dis, je m’interroge. Tu l’as prise avec quoi la première photo? C’est juste la lumière de l’automne qui fait ça, ou t’as pris exprès une photo façon 70’s?
    Bref, j’aime bien aussi l’analyse de ce film que je n’avais de toutes façons pas l’intention d’aller voir, mais dont je trouvais surprenant que tout le monde ne parle que de la forme… Merci de ramener les choses à leur juste niveau.
    (oui, ce commentaire ne fait pas avancer le schmilblick, mais suis-je là pour ça?)

    • Bah c’est Camerabag sur l’iPhone, rapport que sinon, c’est les mêmes couleurs, mais en plus lavasse…
      Et merci pour ton commentaire, moi quand on me complimente, ça fait tjs avancer le schmilblick ;)

  2. bon on s’accorde, c’est très mauvais.
    tu as quand même fait une analyse hyper poussée de ce qui est une comédie romantique au final!
    en revanche, tu m’intrigues, je n’ai aucun souvenir du viol symbolique de Bella par Jacob, c’est dire si j’ai retenu le bouquin… y’avait du Glamorama dedans??
    sinon je te rejoins sur l’accouchement et le safe sex, je me suis fait la même réflexion.
    La question que je me pose quand même c’est elle a couché avec qui ( la mormone) pour un tel succès??^^

    • Ben justement, ce qui me gêne, c’est l’image du “romantisme” dans cette comédie romantique. Drame romantique même. Moi, ce côté “je t’aime, je veux mourir”, je trouve pas ça touchant du tout. Par ailleurs, Edward est plutôt flippant, là où Darcy était gentleman. Moi, je trouve pas ça love love, in fine, c’est précisément ça mon problème…

      Quant au viol “symbolique”, j’avoue que le terme est mal choisi, mais pour moi, l’idée est là. C’est quand, à la fin d’Eclipse, Jake veut faire comprendre à Bella qu’elle l’aime, même si elle le sait pas (!). Il l’embrasse de force, et elle essaie de le rejeter, mais il est bcp plus fort qu’elle donc elle y arrive pas, et au bout d’un moment, la lutte se transforme en acceptation. Quant on voit le seuil de sexualité de ces romans, la violence de la scène est pour moi multipliée par 10, et, une fois encore, je trouve pas ça love du tout, mais au contraire plutôt révoltant. Il faut forcer l’intimité d’une fille pour lui apprendre ses sentiments? Beuh….

      Quant à ta question finale, ben justement, c’est là que ça me choque encore plus: soit elle a couché (espérons), soit c’est que vraiment, elle touche les ados, et là, c’est plus inquiétant vu les messages distillés dans ses bouquins…

      • oui et non disons qu’étymologiquement amour et mort sont fortement imbriqués c’est peut être pour cela que ça ne me choque pas plus que ça, sans parler du fait que dans la ” croyance populaire” on étiquette plus comme beau film un drame qu’une comédie chose que je n’ai jamais compris, la preuve tous les prix décernés à des films sont souvent des films dramatiques. mais là je m’éloigne.
        En tout cas, ton analyse me plait ça permet de réfléchir et au vu des proportions que prend ce pauvre bouquin c’est un plus. maintenant je me pose une question, les jeunes sont-ils si influençables? je garde quand même fortement l’impression que si ça marche autant c’est pas tant pour l’histoire véhiculée que pour les acteurs, comme ce fut le cas pour JohnyDeep, Di Caprio ou Brad Pit et quelque part au vu de ce que tu dis j’espère ^^

        • Qu’Eros et Thanathos soient classiquement liés est une chose, à titre personnel, ça ne m’émeut pas vraiment. C’est pour ça que je préfère Jacob, qu’elle présente toujours avec des paradigmes plus lumineux (soleil, chaleur, rire, etc.), ça me touche plus. Mais disons que c’est ma sensibilité personnelle, pour revenir à ta digression. Mais disons que c’est pas ce qui me gêne le plus, ce qui me gêne, c’est la mise en scène des rapports homme/femme dans un couple (même si c’est que des ados, surtout même) – c’est censé donner un exemple ou montrer un idéal, et cet idéal, ben non, quoi.
          En revanche, je te rejoins totalement sur ton dernier point: à mon avis, au final, les ados sont moins dupes que ce que je craignais (ce que je dis à la fin du post, d’ailleurs) – finalement, le ressenti global dans la salle de ciné, c’est que les filles mouillaient leur culotte, mais malgré tout, le ridicule de l’histoire et de ses ficelles passait moyennement…

  3. Punaise, 27$ pour le t-shirt ‘team Jacob’, ça fait cher le texte à deux lignes imprimé sur un maillot vert quelconque…

    Sinon, les mannequins de Urban Outfitters, pioulala…
    Je t’ai déjà parlé de mon addiction mal placée pour les mannequins de tous les sites de t-shirts en tout genre ?…

    • Ahahah, c’est vrai que c’est cher les 2 mots, mais avec un bon coup marketting, UO en aura fait une série limitée exclusive ou truc du genre. Tu devrais déplacer ton addiction mal placée du côté du wolf-pack de New Moon – en général, le côté armoire à glace m’émeut peu, mais il faut reconnaître que ces garçons sont fort bien bâtis.

  4. Je viens de découvrir ce blog et je le trouve très bien ecrit (merci pour la note sur les blogs de filles, je l’ai lu ce matin et c’était la dose de cynisme parfaite pour démarrer du bon pied la journée !).
    Pour le viol de Bella je dirais que c’est plus une histoire de possession, ce qui titille d’avantage le coeur des ados qu’un viol symbolique.. c’est le desir du male qui prend les devants pour que la fille timide n’ait pas à le faire (et ça flatte l’ego de se sentir desirée..et puis pourquoi pas rajouter une histoire de sentiments confus qui boulverse les sens)…facile de transposer ce cas de figure sur une vraie ado et je dirais presque bravo d’user cette carte là au maximum…Ce qui ne m’empêche pas de penser que l’auteure doit être une pure neuneu sexuellement immature, qui ne fait qu’ecrire ses propres fantasmes inconscients sans voir autre chose que du romantisme dans ses mots.

    • Merci pour les compliments!

      Je comprends ton point de vue sur l’homme qui prend les devants, il y aurait sans doute de ça… Sauf que dans le bouquin, Bella insiste sur le fait qu’elle veut surtout pas qu’un truc pareil se produise, et insiste, quand il prend les devants, sur le fait que ça la dégoûte un peu. Jusqu’à ce que, contrainte et forcée, elle baisse les armes. Pour moi, on dépasse le paradigme de la timidité bousculée, et je trouve ça dommage. Jacob était peut-être la seule chose que je trouvais vraiment chouette dans cette saga. C’est même pour lui que j’ai enchaîné New Moon sur Eclipse, à vrai dire…

      Quant à l’immaturité de Stephenie Meyer, comment dire… Oui, totalement.

  5. J aime bien ces devantures de cines americains un peu retro – ca fait un peu le crado des annees 70 (en plus avec le filtre de l appareil…), celui de taxi driver (bref si tu remplaces twilight par un porn allemand ca fonctionnerait presque)

    • Merci d’apprécier, j’adore cette devanture: surtout le 2012 écrit 201S parce qu’il manquait un 2, et ça colle bien avec l’intérieur du Ciné, qui pue le pop-corn fait à l’huile rance – et qui du coup serait crédible en proposant une rétrospective Ron Jeremy…

  6. J’ai beau lire des critiques à la pelle pour le boulot, je n’ai jamais lu d’exploration aussi fine et sensée de Twilight : pour une fois que quelqu’un parle en connaissance de cause sans rentrer dans le phénomène midinettes plus que nécessaire, ça fait du bien.

    D’autant plus que, je l’avoue, à partir du moment où il est question de teen-movie-avec-un-garçon-qui-fait-mouiller-les-ado (tu m’excuseras du peu), c’est assez viscéral, il devient inenvisageable pour moi de me prêter au jeu en allant voir le film. C’est primaire, c’est certain, mais je dois avoir des limites. Ca me faisait le même effet pour Zac Efron, et honnêtement, pour avoir vu 17 again par la suite, je reste sur mes opinions.

    Au demeurant, ça reste préoccupant, cette façon de distiller des messages insidieux contre-productifs. “Le sexe, c’est mal”, voilà une morale puritaine qui devrait bien faire du mal à notre jeunesse. Au moins, quand on avait cette photo de mec magnifique sous-titrée “Le SIDA est beau, protégez-vous”, y’avait pas de sous-texte …

    Merci pour ça, en tout cas ! Je te lâcherai plus ! :)

    • Ah ben merci à toi, ça fait plaisir de voir que réfléchir sur un objet aussi dénigré que Twilight et essayer d’en tirer quelque chose n’est pas que mon délire personnel!

      Par ailleurs, “teen-movie-avec-un-garçon-qui-fait-mouiller-les-ado” (je l’ai copié collé)… Hum, je faisais partie des gens qui oubliaient de respirer quand Jacob Black était torse nu. Je suis pas Cougar dans l’âme, mais il a pris 15 kgs de muscle pour le film et… ben ouais, quoi :D
      Je crois qu’une partie de moi restera toujours profondément merdophage et que pas mal de gens qui créent ces produits estampillés “merdes” au premier abord sont plus malins qu’il n’y paraît (genre au hasard Mean Girls ou Buffy) – alors du coup, si on me dit Twilight, trop géniaaaal, j’ai envie de voir (on m’a ajouté que c’était Roméo et Juliette meets Jane Austen au 21e siècle – ce genre de promo putassière marche très bien sur moi – mais après lecture et visionnage, je dis un NON bien carré).
      Bref, tout ça pour dire que je comprends qu’en général, on soit rebuté par trop de succès/trop de facilité, mais au contraire, ça a tendance à m’attirer, juste pour me faire mon opinion…

      Enfin, OUI, c’est très préoccupant, et même pas spécialement sur “le sexe c’est mal”, mais surtout sur la vision que ça développe de la place d’une femme dans un couple/en société. Tiens, d’ailleurs, je sais que les films prennent une voie très différente des livres, mais les livres sont strictement et absolument hétéro. La raison d’être des vampires c’est de trouver leur partenaire-du-sexe-opposé, et les werewolves ne peuvent “imprint” que sur des femmes (je connais pas le terme français). Schéma plutôt étonnant dans un univers de vampires… En fait, ça va avec la restriction sexuelle des romans: alors que les vampires sont dans la culture populaire un lieu de liberté sensuelle et sexuelle retrouvée, dans cette saga, c’est l’exacte inverse qui se produit, avec un retour hallucinant à des valeurs 3e république de bon père de famille…

      • Mais de rien :)

        Quelque part, je vais sûrement un peu vite en besogne. Perso, je suis capable d’aller voir un film juste parce qu’un de mes fantasmes joue dedans. Et même si le film est mauvais, j’arriverai toujours à trouver un point positif au film tout en cachant le plus possible la véritable raison de ma présence dans la salle. Et puis bon, on sait ce que c’est : un beau mec, c’est pour moi une excuse imparable ! :D
        Après, la question reste entière pour les films dans lesquels ne jouent que de parfaits inconnus (et ils sont en recrudescence depuis High School Musical : je suis plus du tout à la page … !) : comment me motiver quand rien de chez rien ne m’y pousse ? En fait, je dois être trop allergique aux bandes-annonces mal foutues, ça me vaccine vraiment. Et quand ça a l’air trop de bas étage, je préfère ne pas y mettre les pieds (je te laisse imaginer la fréquence à laquelle je vais voir des films français !).
        Mais pour être honnête, des films comme Jennifer’s body, Dance Movie ou … 2012, j’ai beau ne connaître personne et me dire “ça a l’air débile” : je fonce ! Comme quoi, je dois vraiment aimer les contradictions ;)

          • Bon, je vais faire mon avocat du diable, mais tu as un peu donné toi même la réponse à ce qui te scandalise, quand même: les vampires sont des êtres qui ont supposément 300 ans ou que sais-je, donc c’est pas si étonnant d’en avoir aussi une vision où ils ont gardé des valeurs d’un autre âge.
            Finalement, c’est peut-être aussi naturel que des les voir comme des épicuriens absolus.
            Ensuite, dans un cas plus général, qu’un livre parle de valeurs qui ne te correspondent pas, j’imagine que ça arrive tous les jours. Et le livre au sens littéraire de la chose peut très bien être intéressant, non? Et on ne voit pas non plus pourquoi il n’aurait pas droit au succés, alors.
            Ce qui est plus “inquiétant”, c’est qu’avec le succés, des midinettes s’identifient au personnage et à l’histoire sans se rendre compte que justement elles glissent vers une adhésion à ces valeurs d’un autre temps. Maintenant, si elles ne sont pas capables d’adopter une morale et d’appréhender leur place dans la société autrement qu’en lisant un bouquin ou en allant voir un film avec un pseudo-bogoss, c’est un peu leur problème. En tout cas, c’est juste de la bétise. On peut être triste pour elle et effectivement regretter que ce ne soit pas un bouquin sur le féminisme qui soit tombé devant leurs petites mains.

            Bon, comme tu le vois, je dis ça avec une dose de mauvaise foi, mais j’en pense quand même une partie.
            Maintenant, il y a aussi la question de se demander “est-ce que le livre a eu du succés pour une raison quelconque, et il se trouve que le bouquin parle de ce genre de valeurs dépassées, et que les midinettes vont s’y coller…” ou bien “est-ce que de toute façon c’est le genre de valeurs qui leur parlent, et c’est donc naturel que le livre ait eu du succès…” etc.
            Dans les deux cas, finalement, on ne peut pas tellement faire de reproche au livre ou en tout cas à son auteure. (Autre qu’elle a une morale de merde, mais je ne pense pas qu’on puisse spécialement lui reprocher une volonté d’embrigadement…)

            Bon, t’as vu, je râle mais je ne propose pas de solution. C’est un peu la question de l’éducation de façon générale. Blâmer les uns ou les autres sert-il de toute façon à quelque chose ? Doit on simplement constater avec dépit ?…
            Perso, j’ai pas encore vu le film, mais j’irai peut-être la semaine prochaine même si ça fait bondir Charlie. :)

            • Je suis d’accord avec toi, Gyom : la liberté d’expression, c’est aussi la possibilité d’écrire ce qu’on veut. Ce qui est inquiétant, c’est que ce genre de valeurs soit aussi apprécié par les petites Américaines (si tant est qu’elles l’adoptent) : où vont-elles ?

              Un autre hic, c’est l’effet de mode. Un peu comme les ados qui commencent à fumer au collège parce que les autres le font. Là, ça devient une mode de lire (et d’adorer) Twilight, du coup, y’en a plein qui le lisent pour rester intégrées dans leur milieu, et c’est un peu dommage, justement parce que la culture, c’est au départ une question de choix personnel. C’est entre autres pour ça qu’on se bat, dans le milieu où je bosse : pour l’individualité culturelle.
              Mais quelque part, ça ne fonctionne pas que pour Twilight, hein. Y’a plein d’autres trucs qui fonctionnent pareil (Starbucks, Uniqlo ou l’iPhone…) : si tu ne le fais pas par choix personnel, c’est du suivisme primaire, et c’est dommage. Après, c’est jamais facile de savoir ce qui relève du choix personnel et du suivisme parce qu’en général, le suivisme fait partie de la création de la communauté, et que les communautés, ça peut être super.

              Bref. Faudrait juste s’assurer que toute cette jeunesse réfléchit un peu avant de se ruer dessus…

  7. Achement intéressant ces analyses…ça me donnerait presqu’envie d’aller voir le livre ou lire le film pour pouvoir discuter de la chose – du sujet fort intéressant que tu traites.
    Mais, cependant, je crois pas prendre cette peine.
    Du coup, désolée, mon commentaire est inutile et en plus je peux même pas réagir sur la remarque dernière de gyom….
    NB : sur le message pro-life, est-ce que l’auteure ne serait pas tout simplement dans le consensus américain sur ce sujet?
    (c’est sans doute une vision trop française,et trop tranchée, mais, sur ce sujet, c’est l’image qu’ont les US)

    • Je sais pas, c’est un truc qui me choque d’une manière générale dans ces médias “inoffensifs” US… Ca fait déjà 3 ou 4 séries pour ados qui abordent le thème de la grossesse sans que l’avortement soit trop envisagé/able, si tu y rajoute Breaking Dawn (Twilight 4, donc), ça commence à être suspect et irritant.
      On s’adresse à des ado, parfois jeunes, qui ont de fortes chances d’être sexuellement actifs, tout de même…

  8. Charlie & Gyom (oui, parce que bon, les onglets réponses commençaient à être trop rayés…)
    – les vampires ont 300 ans: certes, mais en fait, les décisions les plus arriérées sont prises par l’ado qui vient de fêter ses 18 ans, Bella (Edward se comporte comme un homme âgé, et effectivement, pour la crédibilité de l’histoire, je le questionne pas). Les seuls trucs qui me choquent sont les postulats et décisions d’une gamine de censément 18 ans, censément née en 1990 (coup de vieux, j’écris ton nom)
    – qu’un livre aborde des valeurs qui ne me conviennent pas, certes. Que je trouve un livre abrutissant à titre personnel, certes. Je l’avais déjà pensé du Da Vinci Code, je trouvais que ça rendait un peu con le public qui le lisait trop au premier degré (les millions de code breakers lâchés dans paris, hum), mais à la limite, je m’en cogne. Qu’une jeune femme adresse à de futures jeunes femmes un discours totalement rétrograde sur la condition féminine, ça me choque, et je n’en démors pas. J’ai pas dit qu’elle était pas libre d’écrire ce qu’elle voulait, mais elle a de l’influence sur une bonne génération de greluches, donc bon, great powers/great responsibilities, tout ça… voilà. Elle est libre, mais elle diffuse un message équivoque quand même.
    – qualité littéraire de son œuvre… où ça? même les fans trouvent que les romans sont super mal écrits, je l’invente pas!
    – ton option 1/coïncidence sur les valeurs: je pense bien qu’il y a de ça, et c’est pour ça que ça m’inquiète, on présente comme naturel et ne faisant pas problème qqch qui pour moi est hautement problématique. Ton option 2/y a un public pour ça, c’est pas de la faute de l’auteure. Certes, c’est pas de sa faute si elle est conne et j’ai jamais dit le contraire, ça me déprime juste sur l’état émotionnel des gamines de collège actuellement, dont le rêve semble d’être de trouver juste l’homme idéal qui les entretiendra jusqu’à la fin de leurs jours sans qu’elles posent de questions (hello 17th century?)

    Bref, j’accuse personne d’être méchant ou quoi, moi aussi c’est de l’ordre du constat, genre “ce livre n’est pas qu’une mauvaise romance”, il y a des valeurs un peu choquantes. je dis pas qu’elle fait partie d’une 5e colonne mormonne qui vise à conquérir la planète, je dis juste qu’elle a les valeurs qu’elle veut mais qu’elle doit faire gaffe, à partir du moment où elle a du succès et un impact sur un vaste public jeune, aux messages subliminaux qu’elle envoie à ceux-ci.

  9. He, he, heeee, tu dis “5ème colonne” parce que c’est une expression consacrée ou bien parce que tu regardes V comme il se doit?
    Je me suis demandé ça devant le dernier épisode, justement.
    Certes, je pourrais chercher sur Gougueule, mais c’est plus drôle de passer par ici.

    • Oui, V, carrément!
      Hum, pour moi, 5e colonne, c’est en premier lieu un film d’Hitchcock que j’ai vu il y a des lustres, mais l’expression remonte à l’Entre-deux-Guerres à vrai dire (Guerre d’Espagne)
      Donc, oui, c’est une expression consacrée, mais le fait d’avoir regardé V comme une connasse récemment m’a sans doute influencée…

  10. Bon bon, allez, parlons-en de Twilight… Oui parce que j’ai beau être un mec, je suis allé voir les deux premiers volets. Et seul s’il vous plaît (je me suis senti con la deuxième fois :-) ). Le premier parce qu’une ex en parlait abondamment, que j’aime les teenage movies et que le mythe vampirique me fascine depuis des lustres. Et le deuxième… parce que c’était la suite du premier – mal m’en a pris.

    J’ai trouvé le premier film brillant, intelligent, sensible adulte. et fédérateur (autrement dit, même les garçons ont réussi à rentrer dedans). Normal, c’est Catherine Hardwicke, la réalisatrice de l’excellent Thirteen. Une cinéaste capable de ne jamais tomber dans le pathos et de distiller une magie sombre et réaliste qui sied à merveille à un âge de la vie qui oscille constamment entre l’extase et la pulsion de mort.

    Alors forcément quand c’est le réalisateur d’American Pie, Chris Weitz, qui prend les commandes ensuite, on peut s’attendre au pire. En effet, quelle mièvrerie! Quel romantisme de pacotille! Quelle pauvreté dans la mise en scène! Ca va dans tous les sens, aucun approfondissement des personnages, Bella ne cesse jamais de jouer au yoyo entre ses deux prétendants, sans qu’on comprenne vraiment ses motivations. Pendant ce temps, le public féminin s’extasie devant le torse olympien d’un Jacob filmé de manière outrancière (quand il a enlevé son T-Shirt, je me suis dit: ça c’est la scène entièrement pensée dans ce but. J’en avais mal au coeur…).

    ce qui est fou c’est que le premier volet est réalisé par une femme et reste dans l’entre deux, tout en finesse, alors que le second volet, réalisé par un homme, s’enfonce dans le sentimentalisme à l’eau de rose. Bref, pour moi Twilight, c’est fini… Je préfère encore regarder la série True Blood ou revoir Entretien avec un Vampire :-)

    NB 1: Je n’ai pas lu la saga (et je ne le ferai pas), donc je ne peux pas rebondir sur ton analyse quelque peu outrée :-)

    NB 2: troublantes tes confidences dans le billet. C’est bien: peu à peu, je vais pouvoir espérer comprendre la mystérieuse Virginie du lycée LOL

    • Alors j’irais pas jusqu’à dire que le premier est brillant, mais je l’avais pas détesté, loin de là. Je trouvais qu’il était pas mal interprété, et j’ai franchement beaucoup aimé la première partie. A vrai dire, pour moi, ça se gâte dès que la storyline vampirique entre en jeu, mais bon. Et c’est vrai qu’au départ, je l’ai loué sur Netflix sur le nom de Catherine Hardwicke, moi aussi. Et que c’est ça qui m’a donné envie de finalement acheter le premier livre.
      J’aimais bien le topo sur l’adolescence (d’où les remarques sur moi au lycée, eheh) et l’impression d’avoir un teen movie un peu moins caricatural (dans la première partie du film).
      Tout cet aspect est totalement effacé du deuxième film. C’est clair que le personnage de Jacob sert plus d’eye candy qu’autre chose (et c’est dommage parce que pour le coup, c’est la seule chose que j’aime sincèrement bien de ces livres, je trouve son personnage intéressant, il apporte une touche d’insouciance brisée, et c’est le seul ado crédible de ces bouquins – normal, les autres personnages ne sont pas vraiment des ados, in fine). Ben ça, c’est totalement absent du film, même si Taylor Lautner a le potentiel pour être très sympathique, rien n’est fait de lui.

      • En fait c’est exactement cela que je regrette: une sorte de transaction avec les tourments de l’adolescence absents du 2e film (ou du moins abordés superficiellement – vous y croyez à sa dépression vous? :-) )

  11. Autre débat passionnant initié par Charlie “Là, ça devient une mode de lire (et d’adorer) Twilight, du coup, y’en a plein qui le lisent pour rester intégrées dans leur milieu, et c’est un peu dommage, justement parce que la culture, c’est au départ une question de choix personnel. C’est entre autres pour ça qu’on se bat, dans le milieu où je bosse : pour l’individualité culturelle.”

    J’ai beau moi même avoir une pratique artistique que j’espère de temps en temps libéré des pressions sociétales/commerciales, j’ai toujours pensé que nos choix culturels ne sont pas volontaires mais le fruit de logiques de groupe – position qui vous l’imaginez bien est très mal perçue par les artistes et les personnes qui prétendent avoir “bon goût”. A mon sens, on est autant influencé par le modèle socio-culturel dans lequel on a grandi que par les groupes sociaux auxquels on désir appartenir. Désir d'”être” dans le second cas, confort et volonté de se rassurer dans le premier cas. Je sais que cette thèse est soutenue par des sociologues. Il n’y a qu’à voir la manière dont on appréhende différemment la musique à travers les époques et les pays (par exemple, des intervalles auparavant dissonants sont perçus aujourd’hui comme consonants).

    Nous faisons le même constat, Charlie, mais contrairement à toi je pense qu’on ne peut pas se défaire de cet “inconscient”. On revient toujours à ce que nous avons aimé enfant et adolescent, c’est à dire à ce qui a bâti inconsciemment notre identité. A y réfléchir, je suis certain qu’en fouillant bien, on pourrait objectivement expliquer pourquoi on aime telle ou telle chose en liant nos goûts à nos désirs sociaux latents ou ce qui nous a été “imposé” jeune. Car comme l’explique Dale Carnegie, le besoin le plus fondamental de l’être humain est d’être reconnu et aimé par ses congénères (cela doit être une particularité de notre condition).

    Pour moi, ça explique le succès de Twilight et d’Harry Potter autant que cela justifie les inquiétudes de Virgo. Mais j’ose espérer qu’aimer un film d’action ou un livre aux idées profondément conservatrices (Stephenie Meyer est mormone) ne va pas automatiquement rendre violent ou conservateur à partir du moment où l’on sait distinguer entre la fiction et la réalité….

    • Le débat est plutôt ouvert avec Charlie, donc bon.
      Pour ta dernière remarque, je milite pour la position inverse. J’aime à penser que le public, si massif soit-il, n’est pas constitué de veaux. Cependant, et c’est pour ça que le succès de Stephenie Meyer me chagrine, je pense qu’en fait son bouquin a tant de succès parce que la vision de l’amour et des relations homme/femme qu’elle diffuse fait exactement écho aux attentes des adolescentes (c’est pour ça que je suis choquée en quelque sorte). Ca c’est d’une manière générale.
      Le bémol, c’est que dans notre cas, c’est un bouquin qui s’adresse à un public plus jeune d’adolescentes, donc forcément plus influençable (d’où le moyen classe de forcer la route à ses idées mormones, mais ça n’engage que moi).

      PS qui n’a rien à voir: eh mais j’ai toujours cru qu’on la taxait de mormonisme par moquerie, à la base, je savais pas qu’elle l’était vraiment!

      • > J’aime à penser que le public, si massif soit-il, n’est pas constitué de veaux.

        Je ne le pense pas non plus et j’espère que mon message ne conduit pas à cette conclusion. Au contraire, je crois que cela n’a rien à voir avec l’intelligence mais avec des instincts naturels. Effectivement les ados sont plus influençables: le sentiment d’appartenir à un groupe, d’y être légitime, est important… et comme c’est à cette période qu’on construit notre identité, ça te donne raison. Parce que je crois fortement que ce que l’on aime adolescent (et enfant aussi) détermine une grande partie de nos jugements esthétiques (et moraux) quand nous sommes adultes. Je sais que c’est un peu déterministe comme vision…

        Quant au fait que le livre soit l’écho des attentes des adolescentes c’est intéressant. Les ados d’aujourd’hui sont extrêmement libérés (Skins est hélas le reflet exact de ce que les jeunes font). La réponse est certainement aussi extrême. S’il y a vraiment un message dans Twilight, il est certain que je ne peux pas être d’accord avec les thèses de S. Meyer, qui restent le reflet exact de ses convictions religieuses. Mais un mormon qui écrit une histoire d’amour avec un vampire, ça ne mène pas en enfer en théorie? LOOOL

  12. Je me retrouve mot pour mot dans ton analyse choquée de cette bouse sous couverture brochée. Ces livres m’ont vraiment dérangée, et j’ai du mal à croire que Meyer n’aurait qu’inconsciemment distillé ses principes de merde dans sa quadrilogie.

    • Ah merci! Moi, j’espère que c’est du quasi-inconscient, au sens où elle semble penser sincèrement que c’est une love story idéale, et tout et tout… Ew!

  13. Comme quoi on peut faire dire tout et n’importe quoi à n livre. Moi j’ai vu ça comme ça :

    -Ce qui m’a le plus génée dans les livres au final (en dehors du style un peu lourd de l’auteur mais auquel on fini malheureusement par s’habituer au bout du deuxieme livre) c’est que ca transpire l’abstinance jusqu’au mariage mais bon en meme temps ca peut se comprendre (un peu).

    -Dans New Moon, on apprend qu’il est inconcevable dans un couple (hétérosexuel) que la fille soit plus âgée que le garçon.
    >>> Je dirais que ce n’est pas tant d’etre plus vieille que lui qui la gene mais que ca ne soit pas parfait a savoir meme age pour l’eternité etc c’est un peu con mais je peux un comprendre le truc meme si a force Bella en est un peu chiante dans tous les bouquins son envie de perfection et d’etre un peu la victime peut agacer mais au final c’est un faux argument que tu as la puisqu’elle fini elle meme par se rendre compte que bon si elle voulait pas veillir plus et etre donc vampire tout de suite c’est aussi parce que elle voulait bien du sexe plus vite mais que une fois decouvert le sexe ben ca la derange d’un coup moins d’etre plus vieille.

    – Dans Eclipse, on apprend que, d’une part, être séquestrée, épiée, et mind-controlled par un mec jaloux et abusif, c’est pas grave, du moment que c’est de l’amour. Et Edward, de plus en plus détestable, est toujours présenté par l’auteure comme un idéal masculin: il a du pognon, il se propose tout simplement d’entretenir Bella qui n’aura rien à faire de sa vie qu’être oisive. Le rêve américain tel qu’on l’offre aux adolescentes. Emanci-quoi? D’autre part, le viol symbolique de Bella par Jacob, et l’acceptation par celle-ci de son sort ont failli me faire fermer le livre sur le champ (en même temps, j’étais à 50 pages de la fin, c’était trop bête).
    >>>Je dirais que la encore ultra interprétation même si le coup du je t’enferme chez moi m’a fait tiquer mais au final ca montre justement a quel point Edward n’est pas si parfait que ça qu’il a pas mal de cotés bien lourd (hypraprotecteur qui vire a l’étouffant) et puis ça permet aussi d’introduire le passage Rosalie. Quand a la vie oisive il insiste surtout pour payer la fac c’est pas une vie si oisive que ça bon ok elle fera surement pas vendeuse chez Quick pour payer ses études c’est un scandale !
    Pour le pseudo viol de Bella la j’ai eu un peu la même réaction et pourtant j’étais team Jacob jusqu’à ce passage (après il devient aussi chiant qu’Edward). Mais cela dit ca ne cautionne pas vraiment puisque on montre bien le dégout de Bella et elle fini par lui coller une baffe et se casse la main, ca n’est pas vraiment présenté comme un film porno : “oh non oh non…oh oui” elles aiment ça non ca veut dire.

    – Je pensais qu’on en resterait là, mais Breaking Dawn a tout de même atteint des sommets avec un formidable message pro-life. Pitch: le foutre vampirique, c’est terriblement vivace et notre Bella, qui a fini par consommer (après mariage, pièce montée e tutti quanti) se retrouve grosse de son cher Edward. Ce dernier craint pour la vie de sa belle et lui propose un avortement dans les plus brefs délais (rapport qu’on sait pas trop si un fœtus vampirique, ça va pas lui faire faire un remake d’Alien, le 8e passager). Mais c’est impossible car, et nous l’apprenons dans ce roman lu par des millions d’adolescentes, le cœur du bébé bat dès les premiers jours de grossesse, et le petit être a déjà une âme, ce serait donc un crime d’envisager une autre solution que mener la grossesse à son terme.
    >>>>Encore une fois et c’est surement la que je suis le plus en désaccord c’est une interprétation, si on remet les choses dans leur contexte ca donne plutôt que Bella veut absolument le garder parce quelle voit comme Rosalie et Esmée souffre de n’avoir jamais eu d’enfant et que c’est un peu sa seule chance d’en avoir un (avec le mec qu’elle aime de plus) avant de devenir vampire (et c’est décrit comme ça) . Je pense que n’importe qu’il est facile de comprendre que même si Bellla n’en a jamais eu envie avant, savoir qu’elle était enceinte et que c’est sa seule chance rend donne une autre perspective.

    Au final c’est un peu comme n’importe quel texte/bouquin pour peut qu’on ait envie de pousser (trop) loin l’interprétation on fait dire ce qu’on veut mais il ne faut quand même pas poussé et voir le mal partout. Par contre je suis d’accord le film n’est pas génial.

    • Evidemment que c’est de l’interprétation, c’est la démarche de base. Je ne pense pas que ce soit tant que ça de la surinterprétation du reste, c’est du ressenti “à chaud”. Ce que toi, tu décris, c’est la version premier degré de l’histoire. Mais c’est cool d’avoir de l’esprit critique et de lire entre les lignes, aussi.
      – Pour la différence d’âge: en quoi ce n’est pas parfait de ne plus être au même âge que son mec et d’être plus agée que lui?? c’est précisément ce qui me gêne – j’ai un faible pour Demi Moore et Ashton Kutcher.

      – Edward, héros idéal: “il insiste pour lui payer la fac, donc c’est pas si oisif” – aouch! ça fait extrêmement poule entretenue pour moi. Rosalie est un personnage mille fois plus intéressant parce que pour elle, cette vie est loin d’être idéale. Mais son personnage n’est qu’effleuré. Edward séquestre Bella, il la force à prendre des décisions qui ne sont pas les siennes et pour lesquelles elle est trop jeune. Ouais, l’amour, tout ça. C’est malsain, et ça traduit un effacement total de la personnalité de l’héroïne trop inférieure à son mec. Moi, carrément, ça m’angoisse.

      – Pour le truc prolife, certes, l’argument de base c’est “je ne pourrai plus avoir d’enfant, blabliblu” (j’ai lu le livre, t’en fais pas) mais la vérité, c’est que mettre dans un roman lu par des adolescentes qu’un bébé est vivant dès les premières heures est dangereusement équivoque; et oui, j’avais compris que c’est parce que le papa est vampire, et du coup, le bébé se développe plus vite, etc. C’est juste super dangereux, comme propos, je trouve. Du reste, c’est une tendance fréquente dans la production populaire américaine, que d’utiliser la grossesse comme argument dramatique et d’éluder l’option IVG systématiquement.

      Au final, tes arguments n’ont fait que décrire ce que 95% des lecteurs ont lu – et que j’ai lu aussi. L’intérêt, je pense, de ma démarche, est de démontrer que ces traits que tu décris ont des présupposés pas du tout évidents au départ.

  14. C’est LE truc qui m’a interpellé au niveau de mon vécu quand j’ai lu les livres : la vision de la femme dedans est assez affligeante. Même si elle inverse les poncifs à un moment (elle veut du sexe, il veut du mariage), ça reste d’un classicisme lénifiant. Et quelque part je me dis que si ça sert de modèle aux adolescentes actuelles c’est 50 ans de lutte pour les droits des femmes qui vont passez à la trappe en 2 temps 3 mouvements!
    Par contre j’avais pas du tout pensé au “pro-life” mais c’est fort probable en effet.

    Et sinon je viens de chez BobbyFreckles et je dois dire que j’aime beaucoup ton blog au premier coup d’oeil. C’est bien écrit, ça attire l’oeil, va falloir que je me penche dessus pour lire tout ça. Et en attendant hop dans mes fils rss

    • Merci et merci! :)
      J’ai vraiment eu cette impression nauséabonde à partir du 3e volume, oui. Pour être honnête, les 2 premiers étaient relativement inoffensifs, mais à partir d’Eclipse, ça dérape sévèrement. C’est pour ça que, comme je le disais au commentaire précédent, c’est pour moi loin d’être une love story un peu mièvre, un peu inoffensive. Sérieusement, la Princesse de Clèves est plus avant-gardiste que ça!

  15. Merci à tous pour votre annalyse poussé des bouquins et des films. Je ne pense pas que Meyer ait “distillé inconsciemment ses principes de merde”. Je pense que c’est une juste une histoire de religion, elle est mormone… Donc il n’est pas étonnant que nous trouvions tous sa vision de la femme et du couple complètement rétrograde.

    • Ouais, mais l’ensemble de la population qui lit ces bouquins n’est pas mormonne et accepte cette vision du monde sans trop d’esprit critique. Sad sad…
      Par ailleurs, c’est marrant, tout le monde l’appelle “la mormonne” et je croyais que c’était un sobriquet à cause des bouquins, je savais pas qu’en fait elle était mormonne (minute blonde).

  16. Faire de la surinterpretation ce n’est pas lire entre les lignes ou avoir une “vraie” vision de la chose et un esprit particulièrement critique etc etc

    Je n’ai pas pris ça pour une love story en fait moi j’ai bien aimé le coté affrontement pas les moments ou Bella en fait des tonnes dans son rôle de martyr. Le style de l’auteur est lourd et évidemment on sent son coté mormon bien ressortir avec tous les défauts que ça peut avoir.

    Pour le coté oisif moi je voulais juste dire que a son age aller a l’université ca n’est pas forcement oisif après que ce soit payé par lui ou autre c’est un peu la même chose mais c’est un avis perso. Pour le reste ou elle est censé perdre son identité moi j’aurais limite bien aimé tellement elle était lourde, mais son mec l’étouffe pas vraiment ( a part le moment effectivement ou il la garde chez lui que je n’ai pas aimé du tout non plus) puisqu’elle fini toujours par faire comme elle veut ce qui est quand même normal et il redevient lui moins obsessionnel après sa transformation. Mais enfin tu as du décider que c’était un livre anti droit des femmes et tout ce qui va avec (c’est pas totalement faux vu l’auteur mais c’est loin d ‘être aussi poussé que tu veux le montrer).

    Je précise quand même que je ne suis pas fan de twilight, ni mormone dieu merci ou encore anti ivg mais que par contre la surinterpretation d’un texte c’est pas ce que je préfère surtout quand en retour tu dis gentiment que si les autres l’interprète pas comme ca c’est qu’ils sont 1er degrés et sans esprit critique…

    Et sinon Harry Potter c’était de la propagande pour quoi ? :D

  17. Alors, avant que ça dérape, on va mettre deux-trois choses au point:

    – que tu trouves que je surinterprète, fair enough, je ne le pense pas, mais je donne un avis sur un espace que j’ai créé. Avis qui n’engage que moi (et que je défends comme bon me semble). Ne t’en fais pas, je n’ai pas de problème avec la critique, et on me dit souvent que j’en fais trop, mais des fois, ça a du bon de créer un débat sur un sujet qui n’est pas si innocent que ça.

    – cela étant, je n’ai jamais dit que mon interprétation était plus vraie qu’une autre, je pense juste bêtement que si j’ai ressenti ça, je ne suis peut-être pas la seule, n’étant ni plus originale, ni plus intelligente qu’un(e) autre (et simplement, les commentaires à ce post donnent à penser qu’effectivement, même s’il y a débat, y a un truc qui va dans ce sens)

    – je ne m’érige pas en esprit critique au-dessus de la mêlée vs. gens premier degré (en plus, c’est un peu injuste, j’ai dit récemment que j’aimais bien le premier degré! – j’aime beaucoup de mièvreries au premier degré, mais Twilight, ça me choque, point). Je pense, encore une fois, que si j’ai ressenti ça, d’autres l’ont ressenti, et que quand on écrit, on a une responsabilité quant aux messages volontaires ou non que l’on envoie. Relis tes objections, je trouve sincèrement qu’elles restent en surface et ne font que paraphraser un bouquin et décrire les états d’âme des personnages. Ca se défend mais pour moi, ça ne va pas très loin. Désolée, mais c’est n’est en aucun cas une attaque personnelle, c’est juste une réaction à ton dernier commentaire (légèrement “passive agressive” et subséquemment plus dans l’attaque personnelle, tu en conviendras).
    Par ailleurs, sur une note plus interprétative, quand on me dit qu’on voit pas où est le problème ne voir une relation comme “parfaite” que quand les deux amants ont le même âge, ben justement, à moi ça me pose problème. Cela crée une norme d’un conformisme qui me déprime. Idem quand on me dit “génial, c’est son mec qui va lui payer l’université”, en soi, et vu comme c’est présenté dans le livre, ça me pose un vrai vrai gros problème. Je trouve tout ça très “gestion en bon père de famille” type 3e république, à vrai dire… et je me dis pas “ah ben génial, on est sauvés, elle va pas glander toute sa vie” – ça me fait un effet foireux de femme entretenue à qui on trouve un passe-temps.

    – je ne suis pas féministe, et je maintiens pourtant que ce sont des choses qui m’ont agressée à la première (et seule) lecture. Agressée suffisamment pour vouloir fermer ce bouquin et le brûler. Je n’aime pas qu’on me présente un idéal relationnel où la fille passe son temps à se mettre en position d’infériorité (cf. les considérations de Bella sur “il est plus beau, plus riche, plus fort, plus habile, etc”) et où le garçon exerce un pouvoir d’un autre siècle. Et trouver que cette saga et les valeurs qu’elle défend ne font pas honneur aux femmes, ce n’est une idée ni révolutionnaire, ni très choquante, je pense. Que tu penses le contraire, libre à toi.

    Sur une note plus personnelle, j’aime le débat s’il est intéressant, enlevé, vivant bien sûr (et pas nécessairement s’il va dans mon sens – je ne suis pas autocrate de la pensée). Tes arguments, pour moi (et je me trompe sans doute) ne font pas avancer grand chose, je pense. Je ne veux pas être offensante, donc je m’explique. Tu trouveras certainement un public pour te dire que tu as raison et que j’ai tort mais ce n’est pas un débat qui me stimule que de plonger dans la psychologie des personnages. Ce qui m’intéresse, ce sont les structures relationnelles que l’auteur a mis en place, et je pense que tu confonds un peu les deux.

    Pour répondre à Harry Potter, je te renvoie à la comparaison Meyer/Rowling faite par Stephen King. Et j’ai adoré tous les Harry Potter, j’ai trouvé que c’était plein d’esprit, que les intrigues étaient d’une complexité passionnante et échappaient à une normativité rigide. J’en aurais fait un post très chiant, je crois, un truc niais de fan sans recul (la même raison pour laquelle je suis incapable de faire un post sur Jane Austen – rien à voir, je sais) :)

  18. Haha! Moi ce qui me choque toujours avec cette foutue Stephenie Meyer c’est que toutes ses idées intéressantes concernant le monde des vampires c’est du pompé/recraché d’Anne Rice, renne absolu dans le domaine. Question: en tant que mormone, lire des romans aussi outrageusement érotiques que ceux d’Anne Rice, c’est pas surtout ça qui mène en enfer? :D
    Si vous voulez réellement démasquer la Stephenie Meyer, lisez Anne Rice. Non seulement c’est de meilleur qualité et en plus ça donne une raison de plus de ne pas aimer cette série cucul de Twilight.

    PS.: oui, j’avoue, ça ne m’a pas empêché de lire toute la série! ^^

    • Surtout que les vampires d’Anne Rice sont excessivement homoérotiques! Bon, j’avoue, en revanche, je me suis arrêtée au film Interview with a Vampire. Le reste de ma connaissance dela chose, c’est ma curiosité assouvie sur Wikipedia :)
      Sinon, on m’avait surtout dit que Stephenie Meyer s’était pas mal inspirée de Charlaine Harris et les Sookie Stackhouse Chronicles (le truc qui a donné naissance à True Blood). Et c’est vrai que les similitudes sont frappantes: la fille humaine qui tombe amoureuse du vampire, la rivalité avec le shapeshifter, etc. Sauf que Sookie Stackhouse/True Blood c’est la version sexy/trashy du très pur Twilight, quoi…
      (Mais là encore, merci Wiki, moi je n’ai lu que les bouquins de Meyer!)

  19. Ah, je ne savais pas pour Charlaine Harris! J’aurai appris ququch ^^ Pour Anne Rice, je me base principalement sur le coup des vampires se nourrissant de sang d’origine animal, plus globalement le personnage de Louis de Pointedulac qui est un peu généralisé à la totalité des persos vampires de Twilight. Le coup des dons spéciaux et entre autre celui de lire dans les pensées ça vient aussi d’Anne Rice, et le coup de l’humaine qui veut être vampirisé s’y retrouve aussi bien que là ça peut venir de n’importe où, c’est assez récurrent. Mais par contre j’ai vraiment été frappé, dans le bouquin, par certaines descriptions et entre autre de la baraque des Cullen qui étaient très très proche de descriptions d’endroits chez Rice. etc etc… là j’avoue tout ne me revient pas en mémoire mais la description pourrait être longue.
    En tout cas pour True Blood le coup de la Louisiane c’est un clin d’œil à Anne Rice et à son univers, que se soit avec les vampires que les sorcières (Mayfair) qui vivent également dans ce coin, chez elle ^^ C’est marrant de voir les ponts qu’il peut y avoir…

    Et sinon, qui d’autre que moi à relevé les adjectifs et autres préférés de Stephenie Meyer? :D dans le top 5 j’ai “marmoréen”, la comparaison peau/marbre, oublier de respirer… Au final je me demande:
    Meyer écrit mal ou c’est le traducteur qui est nul?

    • Ouah, 1 pro de la littérature sur le vampirisme! Moi j’ai juste la Twilight saga et Dracula de Stoker à mon actif, j’avoue…
      Pour ce qui est de ta question finale… Arf, moi j’ai lu tout ça en anglais et c’était déjà très mal écrit. Donc je peux pas juger de la traduction, mais fort à parier qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu. Tout comme Kristen Stewart, btw. Tout le monde se moque de sa manie de se mordre la lèvre et de soupirer dans les films… mais c’est-à-dire que ça correspond littéralement à Bella dans les bouquins. A la fin, j’en pouvais plus de lire qu’elle “bit her lip” ou qu’elle “made a face”. Insupportable.

  20. Pingback: Look back. Look back at me. « Virgoblog

  21. Quel déchaînement ! Du coup, il reste peu à ajouter : j’aime beaucoup ton analyse – du film surtout, je n’ai pas lu les livres, et là après ta note, non merci, j’en ai beaucoup trop en attente pour m’embêter à lire une nullité pareille.

    C’était très bien écrit, je reviendrais.

  22. C’est marrant comme tes posts peuvent me servir à avoir des discussions lors des dîners :)
    Samedi dernier je me suis retrouvée à discuter de Twilight avec un gars qui qui m’a appris que Stephenie Meyer était en fait une mormone/réac et donc que le message de ses bouquins était très conscient.
    Du coup sans avoir lu les bouquins et sans avoir vu les films, j’ai vu où il voulait en venir…
    Merci Virgo!

    • Eheh! J’avais moi-même eu une discussion trèèèès longue sur Twilight pendant Thanksgiving. Où au final, les gens parlaient d’un film qu’ils n’avaient pas vu, et j’étais la seule à avoir vu et lu, donc je les ai un peu tous séchés, mais ensuite on m’a demandé “pourquoi tu as lu si tu trouves ça si nul”. Tout ça pour ça. Bleh.

      Mais sinon, oui, son message est très conscient, c’est précisément ce qui me chagrine… J’aurais préféré qu’elle s’en tienne à une simple abstinence d’adolescents intimidés, ceci dit.

  23. Pingback: Vampirisme urbain « Virgoblog

  24. “Pour répondre à Harry Potter, je te renvoie à la comparaison Meyer/Rowling faite par Stephen King.”

    J’arrive avec beaucoup de retard, mais je te remercie pour l’information, je n’étais pas au courant. ;)

    J’aime beaucoup ton blog, que j’ai découvert via le blog d’Elixie.

    Bonne suite :)

    • En gros, je crois (de mémoire de plus en plus floue) qu’on a demandé à Stephen King quelle différence il faisait entre Rowling et Meyer, dans la mesure où les deux sont des auteures de séries prolifiques pour la jeunesse, et qu’il a simplement répondu que l’une savait écrire l’autre pas. C’est assez vrai, je trouve.
      Sinon, merci! :)

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