Heartbreaker, you got the best of me

L’autre soir, j’ai pratiqué ma théorie du samedi soir low key en me contentant d’une petite pinte au Brooklyn Social en galante compagnie (la galanterie s’arrêtant au moment où il m’a pris mon verre des mains pour le vider cul sec, ahem). Mais comme New York est une ville qui réserve beaucoup de surprises, j’ai fait beaucoup plus que je n’aurais pensé dans cette soirée. J’ai notamment donné mon numéro à deux bros visiblement très avides de me revoir. Explication/décryptage.

A New York, les parades nuptiales se terminent usuellement par un “yo mademoiselle donne-moi ton 917” (je suis restée manhattanite du numéro). Lequel numéro est le sésame pour entamer toute la phase de dates. Samedi dernier n’a pas dérogé à la règle et, quelque part entre le Lower East et Midtown, une jeune fille a séduit deux potes. Etait-elle séduite? Difficile à dire. Toujours est-il qu’elle n’a laissé qu’un numéro: le mien. S’en sont ensuivi des quiproquos dignes des Peines d’Amour Perdues de Shakespeare – mais en langage SMS.

(depuis que j’ai coordonné mon téléphone à ma nouvelle robe, je me sens plus proche de Reese Witherspoon dans Legally Blonde)


Voici donc un échange entre 2 jeunes éconduits et yours trully vous offrant un joli jeu de piste dont la récompense est de comprendre les mœurs  nuptiales des Américains à New York.

Phase 1: Buddy #1 tente sa chance

“Why didn’t I get a call back from u?

Who’s talking?

It’s Kande, from Sat night. I went to the bathroom n u left. Apparently my buddy had gotten ur #. Not sure it was for him or me

There must be a mistake. I went out with my BF on sat night and did not give my # to anyone. Sorry but someone made a mistake or gave you a wrong number. Have a nice day :)

So this isn’t Patricia? Oops I’m sorry. Take care.”

Situation relativement classique de quiproquo 2.0 en somme. Un numéro mal noté, un dragueur qui passe pour un con. Note que, même ivre morte, je me suis jamais trompée dans mon numéro de téléphone, sauf délibérément. C’est dans la suite que ça se corse.

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Phase 2: Buddy #2 tente sa chance (félicitons Patricia pour son charme fou, au passage)

“Hey what’s up? some friends and i are linking up 4 drinks DT later if u want 2 join us. Let me know. James

Hi, I received a text from your friend as well. I am sorry to tell you that the girl you met the other night gave you a wrong #. Sorry about that, have a good night. :) Virginie

Yeah I know but my buddy thought I was being shady and gave him the wrong #. I’ll fw him ur txt. Have a good one.

Retournement de situation, donc: Buddy #2 ne tentait pas sa chance mais essayer de piéger la fille et de la confronter à son peu de galanterie à jeter son pote. Un vrai beau moment de guerre des sexes où on cherche à dénoncer la tricherie féminine.  C’était bien tenté, au demeurant. C’est un peu comme cette pratique des adolescentes américaines qui consiste à faire un conf-call pour piéger une malheureuse en la forçant à dire du mal d’une tierce personne qui écoute en secret la conversation. Revoyez Mean Girls si vous voyez pas de quoi je parle.

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Phase 3: cette tranche de vie est trop divertissante pour en rester là.

Not sure I fully understand the whole story, but it seems like a good one!

My buddy was talkin 2 a girl then went to the bathrm. She had 2 leave and gave me her # 2 give him which I did. He thought I gave him wrong so I cld talk 2 her

Tell your friend 2 trust his buddy over a random girl! She was either drunk or not very honest. Take care,

And now he blames me 4 getting wrong #. He is crazy!

Like I said, bros before hos…

Et là, nous comprenons le mécanisme de fond de l’échange. Buddy #2 était accusé d’être déloyal envers Buddy #1 – Buddy #1 a eu un gros crush, visiblement, à tel point qu’il lui est difficile de comprendre que ce n’était pas nécessairement réciproque. Et cette nana devait être suffisamment bonne pour possiblement plaire à son pote. Bref, plutôt qu’être éconduit, il a préféré penser que son copain voulait le doubler et garder la jolie pour lui. Ou alors de pas avoir noté correctement une suite de chiffres (qu’au demeurant elle a dû vérifier). Je ne dirai que deux choses, à Buddy #1 et à elle: “She’s just not that into you, get over it.” et “Bitch, please…“. C’est vrai, je trouve ça vraiment pas sport de donner un faux numéro. Je préfère de loin la tactique relativement transparente du “désolée, je viens de me faire voler mon portable” (variante péruvienne “désolée, je n’ai pas d’adresse email”)…

Par ailleurs, appelons ça de l’honnêteté européenne, mais je prends un plaisir fou à jouer la Madame Loyale dans ces rapports de séduction américains (l’an dernier déjà, j’ai rompu pour le compte de ma colocataire américaine avec son date hollandais qui décidément avait du mal à lire entre les lignes de ce relationnel hyper codé).

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En bonus et en guise de conclusion à cette fable urbaine, voici un clip de Mariah Carey, du temps de sa superbe.

A l’époque, c’était ringard dès sa première diffusion (et, n’ayons pas peur des mots, un brin vulgaire – que celles qui ont convoité le jean de Mariah lèvent la main). Maintenant, on peut entendre cette chanson dans la boutique Opening Ceremony de SoHo. Ça a dû devenir super cool.

9 thoughts on “Heartbreaker, you got the best of me

  1. Je lève la main…

    (Dans une réalité parallèle où j’étais une jeune fille à l’arrière-train généreux, je l’ai voulu, ce jean. Si si…)

    En parlant d’univers multiples, c’est marrant la version Mariah blonde + Mariah brune dans le clip, puis encore en cartoon à l’intérieur du clip… Je la voyais pas si fractale, Mimi…
    (Et le cartoon ressemble aux Powerpuff Girls, donc c’est coolos)

    Sur ce, je file au lit, parce que voilà, quoi…

    • Et comme c’est la version courte du clip (si si!) on voit pas bien, mais le film qui passe est une parodie de Grease et la personne qui singe Rizzo singeant Sandra Dee (les fans comprendront) n’est autre que… Mariah herself!
      J’étais très fan de ce clip à l’époque, et… ben ça n’a pas changé! :D

  2. haha rigolo !! :)
    à la fin du clip de mariah, c’est fou le duel de meufs à coups de compensées ! le crêpage de chignons c’est bien fini. Vive la libération (de la violence) de la femme !

  3. Ahahah, trop fort pour la variante péruvienne, eheheh

    J’avoue cependant ne pas avoir autant de tact à chaque fois : j’avoue, j’ai déjà donné un faux numéro..
    Mais j’ai aussi une fois répondu : “Je veux bien te le donner mais de toutes façons je répondrai pas”, qui certes avait un peu glacé les choses…c’est comme quand on rend des copies pas super bonnes à des étudiants un peu à fond…ça coince….

    • Ouais, c’est toujours un moment dur. Surtout quand le seul point positif que tu trouves à mettre c’est “ensemble facilement perfectible”, glups, quoi.
      Moi, j’avoue que dans ces cas-là, j’ai toujours pratiqué le faux-derchissime “désolée, mais j’ai un copain, je pense pas que ça soit une bonne idée” – quand on connaît mes 25 ans de célibat, c’est drôle. Et puis pour le coup, le deuxième effet KissKool c’est que je passe pour la pire des allumeuses. Mais bon, le faux numéro, c’est vraiment pas sport, je trouve!

  4. Extraordinaire! Ca ne m’est pas arrivée encore ce genre de truc j’suis jalouse là.
    + le Mariah Carey le temps de sa superbe est un cool clin d’oeil. Elle passe au Madison le 31 j’me suis même pas posé la question d’y aller lol. No way.

    • Rha je crois que son dernier album est très loin d’être bon. En contrepartie, il paraît qu’elle est très bonne dans Precious, donc il faut peut-être songer à une reconversion…

  5. Pingback: Serendipity « Virgoblog

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