Just one of those cabin fever moments

Tiens, voici une jolie ironie du sort: j’ai vu Up in the Air ce weekend, en plein milieu d’un marathon avionique – j’avais fait 23h de voyage la veille, j’en ai fait 21 le lendemain. Et là je viens de passer 3 jours enfermée chez moi pour m’en remettre (du voyage, pas du film, oulà non). Et aussi à cause de la neige.

Etait-ce à cause de la fatigue liée aux voyages sus-mentionnés, ou à cause de l’overdose d’avion, de portes d’embarquement, de plateaux-repas et d’enlevages de chaussures? En tous cas j’ai trouvé que ce film était totalement foiré. Pas nul nul, juste nul inutile. Nul et non-avenu.

Passons sur le message philosophie de la vie maladroitement amené, et sur le jeu péniblement mauvais des acteurs (Anna Kendrick nommée pour un Oscar? Elle était mieux dans Twilight, oh mais si). Le pitch c’est que George Clooney vit dans une bulle aérienne, passant son temps dans un avion/un aéroport/une chambre de Hilton – et trouve ce nomadisme des temps modernes trop cool. Et en fait, c’est parce qu’il est superficiel et qu’il dit non au “vrai” monde et le film consiste à montrer la façon dont il se rend compte de la vacuité de sa vie, et comment il reconnecte avec l’humanité via 2 rencontres.

De la part d’un mec qui a fait Juno et qui surtout est le fils de M. Ghostbusters (trop-bien), j’attendais beaucoup plus en termes de caustique et de drôle. Mais au-delà de ça, j’ai l’impression que tellement de choses sont survolées (ahah) concernant l’univers du vol long-courrier, avec ce qu’il peut faire ressortir de mesquinerie, de petitesse, mais aussi de plaisirs minuscules. La vraie magie de cet univers factice n’apparaît pas. Sa vie en l’air se passe sur American Airlines, ça peut jouer, c’est de loin la compagnie internationale la plus nulle – une compagnie où l’alcool est payant. Jure. Leur classe affaires ressemble à une classe touriste sur British Airways (ce qui pourrait m’amener à un benchmarking des compagnies aériennes transatlantiques un peu trop relou pour ce blog, passons). Plus sérieusement, du moment où on pose le pied dans un aéroport, on passe par plein d’états d’âme très forts, tous plus exécrables et jouissifs les uns que les autres:

– La mesquinerie – le souhait intérieur, à chaque enregistrement, d’être surclassé – ça arrive, souvent aux autres, mais c’est la preuve que Dieu ou le Père Noël existe, et qu’il vit dans une zone duty-free,

– La guerre psychologique – les étapes successives lors du passage de la sécurité, pour garder un tube de dentifrice. Le déni – “ah j’avais pas pensé à ce tube, il est trop gros, vraiment?”, le bluff – “ah mais je comprends pas, à Newark et Lisbonne ils ont dit que c’était bon”, le charme – “s’il vous plaaait, j’ai pas de dentifrice chez moi et il neige et il fera nuit et c’est dimanche et tout sera fermé”, la reddition – “bon, ok, c’est pas grave, merci quand-même”, le dédain “‘foiré, tiens, tu fais un boulot de pauvre”. Une telle richesse de l’échange pour un simple tube de dentifrice, c’est tout sauf anodin.

Exemple de chaussures qui ne passeraient pas la sécurité

– L’attitude de total nouveau riche afférente à l’attente dans l’espace Club d’une compagnie aérienne, tu sais, quand tu essaies de voler les sachets de thé hyper cher et qu’en 1h il s’agit de faire un marathon massage/verre de bourbon en lisant le Monde/Internet Café, pour avoir profité pleinement de l’endroit,

– A l’inverse le retour aux sociabilités les plus primaires parmi les touristes et les pauvres (nous, quoi), quand un vol est annulé ou annoncé avec plusieurs heures de retard, où les installations de fortune et les nouvelles sociabilités viennent nier tout le mythe du gros aéroport impersonnel,

– Le retour en enfance inhérent à chaque embarquement – jouer avec les couverts miniatures du plateau-repas miniature, le tri des aliments (même si souvent nécessité fait loi: un vol de 8h ça veut dire TOUT manger – l’autre jour j’ai eu de la nourriture moléculaire, j’ai trouvé ça d’un chic), jouer avec l’écran tactile, espérer que son siège soit dans la bosse du Jumbo quand on voyage en Boeing 747 ou mieux, voler dans l’A380 (rêve),

– Le mini-instant de communion intérieure et de paix avec soi au moment du décollage – 95% des crashs aériens se font au décollage ou à l’atterrissage.

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Cet univers est peut-être vain, mais il s’y passe énormément de choses très fortes. Alors je comprends bien que le message profond du film était autre et que l’aéroport n’était qu’un prétexte pour nous montrer les vraies valeurs. Mais du point de vue de l’économie narrative de ce film, on aurait aimé voir ce que ce milieu avait de si fascinant, de si amusant, et si à part, pour comprendre que ce mec ait une telle ivresse des miles.

Ma conclusion, c’est qu’en définitive, mon cheval de bataille pour les Oscars sera Inglourious Basterds, et c’est un gros “faute de mieux”.*

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*Un jour, je développerai une théorie sur la façon dont l’Académie des Oscars, à chaque fois qu’elle récompense un vrai bon film (au hasard, No Country For Old Men des Frères Cohen), se sent obligée de récompenser des films overrated à tendance grosses bouses pour les 5 années qui suivent pour se faire pardonner d’avoir eu bon goût, une fois.

29 thoughts on “Just one of those cabin fever moments

  1. Je trouve la liste des nominés pour les Oscars plus déprimante d’année en année… juste une histoire de vente de DVDs, en gros non ?
    Je suis peut-être trop nostalgique, je me rappelle simplement qu’en 1990, ça s’est joué entre Danse avec les loups et Les Affranchis (et Ghost iark iark iark)… un autre niveau je trouve que Basterds vs les Schtroumpfs, pardon Avatar.

    • Ouais mais Ghost était mauvais (mon dieu que c’est mauvais, je l’ai revu y a 2 ans… ça passe pas l’adolescence) mais n’a pas gagné. Slumdog Millionnaire a gagné. Bref. Avatar va très probablement gagner, et je comprends pourquoi, et j’ai beaucoup de respect pour James Cameron, mais quand même, avec un film aussi niais, ça me fait mal à la rate. Et c’est vrai que je me rappelle des années où les films en lice étaient difficiles à départager!

  2. Ouais et picoler sur le 747 pour accompagner les succulents repas de la french company!
    Et réussir à faire passer en bagage à main un sac à dos de randonneur comportant quelques bouteilles…(c’était y a longtemps en fait, c’était possible à l’époque, bon à Lima et Caracas certes)

    • Ah ouais, faire passer DEUX bouteilles de Pisco, maintenant, c’est plus possible du tout. On m’a gardé mon tube de dentifrice à moitié entamé, parce que “techniquement, je peux le remplir après”. Techniquement, on peut aussi acheter beaucoup de liquide après le passage de la sécurité, mais bon… Pour les repas, j’ai une relation d’amour/haine avec Air France: le Caracas-Paris était vraiment pas mal, mais depuis, j’ai fait un Paris/NY où c’était à chier. Maintenant, je suis vraiment team British Airways! (même si la nourriture moléculaire sur Air Portugal m’a pas mal eue, j’avoue – nan mais de la mousse de poulet ?!?!?)

      • tu voudrais dire que la folie gustative du paris caracas c’était lié au fait que c’était la toutoute première fois, une sorte de découverte du long courrier? arf sans doute oui
        L’expérience aidant, on devient difficile, tatillon, pointilleux, critique.
        Mais c’est quand même fou qu’au final ce soit une compagnie d’un pays les moins gastronomiques du monde (oui on sait c’est pas vraiment vrai, y a pire ailleurs et ils font des efforts et y a des trucs bon à manger en vrai là-bas – genre les pâtisseries et les légumes chelous-) qui offre les meilleurs repas…

        • Ben y a sûrement de ça, mais surtout, les vols AF que j’ai fait par la suite ça m’a jamais paru aussi bon, du coup, j’en déduis que c’était un coup de bol, ou qu’ils sont inégaux, les gonzes.
          Après c’est ptêt pareil pour British Airways, mais jusqu’ici j’ai pas été déçue. On verra dans 10 jours si ça se confirme, mais je crois que les Anglais sont bons (et oui, c’est très étrange)

  3. Il y a un truc bien vu dans le film, qui est une mini-vérité insignifiante – c’est le passage de la douane et de la sécurité quand on est un habitué de l’exercice. On voit les erreurs des touristes et des vieux, on sait que ca va sonner… Et au contraire la petite fierté d’être parfaitement préparé, de passer les détecteurs de métaux sans problème.

    bon mais à part c’est un film nul. mou. cest con juno c’était pas mal.

  4. Raaaaaah Inglorious Basterds, un “Faute de mieux”? Pardon, mais là, “faute de goût”!
    (je suis très fan de Tarantino, toujours)(donc très subjectif)(et intolérant)(on a néanmoins le droit de me traiter de tous les noms)(y compris de “sale con qui n’y connait rien et ouvre sa gueule à tort et à travers”)
    Pour en revenir à In the Air, j’ai hésité à y aller. Je ne connais que la BO de Juno, et je me dit que si le film était à la hauteur de sa BO, ca devait être carrément plaisant. Et que le réalisateur devait pas être mauvais. Partant de ses considérations très conjecturelles et hasardeuses, j’avais donc plutôt un bon a priori pour In the Air. Mais là, j’me tâte, du coup. Parceque si c’est pour voir un remake de “décalage horaire”, merci bien quoi…

    • Non pas faute de goût, j’ai trouvé ça très bien. Mais je continue à croire au Père Noël et pour moi un Oscar du Meilleur film devrait nécessairement être un film absolument magistral/inoubliable/grand classique, etc. (voeu pas trop exaucé ces derniers temps, on est d’accord) Et bien qu’ayant vraiment beaucoup aimé Inglourious Basterds, 1/je trouve que Mélanie Laurent y joue pas super bien (dommage elle a un des rôles principaux) et 2/pour moi c’est pas le meilleur Tarantino (j’ai préféré Pulp Fiction et über-préféré Kill Bill 1 & 2). On les a revus récemment, les Kill Bill, énorme claque. Et là, Inglourious Basterds, j’ai passé un super moment, mais pas d’énorme claque pareil. J’ai pas eu envie de me ruer sur la BO, de télécharger un max d’images sur Internet, d’en faire mon fond d’écran d’ordi, de me ronger les sangs en attendant la sortie DVD, de le revoir plusieurs fois au cinéma (j’ai fait tout ça pour Kill Bill – bon c’était y a 5 ans, on grandit vite, hein)

      Up In the Air, j’avais un bon a priori aussi (rapport à Juno que j’avais beaucoup aimé – j’avais fait une critique confuse dessus y a 2 ans, même). Mais là, c’est un peu sans âme, maladroit et… chiant. Non, c’est pas mauvais, c’est juste inutile.

  5. ouééé ! cool récit des péripéties et ambiance aéroportuaires.
    Moi niveau Club de Luxe d’Aéroport, je ne peux raconter que les fois où je n’ai pas y rentrer et là tu tournes tout autour pour trouver une entrée cachée, tu vas dans des escaliers cachés spéciaux pour les gens qui font le ménage et tout et tout, et puis quand enfin tu trouves une entrée secrète, ben en fait t’as tellement la trouille de te faire repérer que tu n’oses pas rentrer, et que tu te contentes de regarder d’un oeil envieux les gens à l’intérieur, bien au chaud, qui ont l’air d’être très heureux.
    (ça c’était à mon retour de NY au printemps dernier, 3h de retard de l’avion)
    Par contre, moua j’ai déjà été surclassée, et à l’époque je savais même pas que ça existait ! C’était vraiment une grâce de Dieu, ou alors plus trivialement une gentillesse de la dame des billets. J’ai eu un verre de champagne, que j’ai refusé pour prendre le jus d’orange à la place, stupide que je suis. Sur le menu du dîner, y avait le choix des plats ET des vins. J’étais assise à côté d’une jeune femme riche qui avait un tee-shirt de polo (et le steward a parlé polo avec elle, il était tout content mais elle, un peu blasée). Mon siège était un gros baquet qui peut aller jusqu’en position couchée. Et on a eu des tas mais des tas de trucs rigolos du type bouchons d’oreille, chaussettes, couverture, petite trousse aérienne et tout le tintouin qui a bien réjoui mon âme d’enfant !
    (c’était sur Swiss Airline, direction Singapour il y a environ 5 ans)
    Ah c’est fou toutes les histoires d’aéroport ! :) J’aime beaucoup la sociabilité des salles d’attente, c’est léger et sympathique.
    Une fois aussi au siège devant moi dans l’avion y avait Olivier Giesbert d’assis. En sortant de l’avion m’a mère (elle est chou !) m’a assurée qu’il n’avait d’yeux que pour moi. :) Je sais toujours pas vraiment bien qui c’est ni ce qu’il faut dans la vie, mais qu’importe ! Dans l’avion tu peux rencontrer des gens de la télé, qui peuvent éventuellement flasher sur toi/sur ta fille (si t’es déjà mariée) et ça, c’est cool !!!

    • Eheheheheh je t’imagine bien essayer de t’incruster en espace Club en plus! Pour le surclassement, ça a failli m’arriver, et on ma re-déclassée à l’embarquement (j’étais super aigrie) mais du coup, j’avais profité de l’espace club. Bref. Pour ce que tu racontes sur Swiss Air, eh ben c’est ce à quoi on a droit d’office sur British Airways en classe touriste. C’est marrant, la 1e fois que je m’y suis retrouvée j’ai cru qu’on m’avait surclassée tellement la différence était grosse avec la classe touriste d’American Airlines. Evidemment, j’ai demandé si c’était la classe affaires. Evidemment je suis passée pour une plouc (c’est très plouc de l’attitude d’être ébahi devant une paire de chaussettes British Airways, faut reconnaître).

  6. Sinon, j’aimerais avoir une explique sur le titre de l’article : j’imagine que ça renvoie à quelque chose mais je connais pas !

    • A chaque fois que tu changes de mail ça change ton avatar, je trouve ça chou :)
      Pour le titre, eh bien “cabin fever” c’est le terme populaire pour dire claustrophobie. C’est assez approprié à l’avion je trouve. C’est surtout approprié à mon état d’esprit d’hier quand je rédigeais ce post: il neigeait tellement que c’était impossible de mette un pied dehors – il est tombé qqch comme 80 cm de neige, tout était fermé – le gym, la pizzeria, le deli) donc impossible même d’essayer d’aller se défouler ou d’acheter un truc à manger. Affreux.

  7. Inglorious B. je ne suis même pas allée jusqu’au bout…
    Enfin bon… celui avec George C. Dont tu parles, je ne l’ai pas vu, et visiblement, je ne perd rien..
    Au fait, tu fais quoi dans la vie pour prendre autant l’avion? Tu es hôtesse?

    • Ah c’est con, la fin d’Inglourious Basterds a un côté jouissif. Y en a qui détestent parce qu’ils trouvent ça balourd et niais, moi ça m’a amusée.
      Pour ce que je fais dans la vie, j’en parle sur mon compte Formspring… (ah merde je suis con j’en ai pas!)

  8. Moi je suis team Bigelow, sans avoir vu son film soit, mais Tarantino et James Cameron, vraiment pas mon truc. En tout cas je trouve dommage que son film ne soit plus en salle ou presque et j’espere vraiment qu’il ressortira apres la ceremonie. Il me semble que ca avait ete le cas pour There will be blood.
    Et sinon Up in the air, ca a l’air d’un convenu… J’aimerais bien aussi qu’on m’explique en quoi c’est LE film des annees “recession”.

    • Ah oui tiens, j’avais pas pensé à Hurt Locker. C’est sorti quand j’étais pas là, donc je l’ai raté, mais j’en ai entendu beaucoup de bien (d’autant plus surprenant que j’associe Kathryn Bigelow à Point Break et Strange Days…). J’aimerais vraiment le voir.

      Pour film des années récession, ça a peut-être à voir avec le fait que le boulot de Clooney consiste à virer des gens. Il va d’entreprise en entreprise à travers le pays pour foutre à la porte des mecs à cause des réductions de budget. Du coup, on en profite par voir des zones moyennement chic des USA…

  9. Après avoir passé 20heures dans un A380, je peux te dire que ce n’est pas l’extase. Niveau place c’est pareil qu’un 747. Les allées sont plus larges…. Les écrans ont une meilleure définition. J’ai été très deçu… à moins que ce soit les 20h de vol ;)

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