Too cool for school

Aujourd’hui, les geeks oubliés.

Vous voyez ce gimmick assez galvaudé selon lequel “High School is never over“? Parlant de lavage de cerveau, n’est-ce pas… Cela dit, vous aussi, vous vous marrez quand vous voyez sur Facebook que la bombe slutty du lycée est devenue une MILF à moitié obèse après sa 3e grossesse non désirée (nom de dieu, je vis pour ces moments-là), et vous aussi, vous aimeriez que le monde entier voie à quel point vous êtes quelqu’un de coule et que votre génie n’a jamais vraiment été estimé à sa juste valeur “à l’époque” (sérieusement, quelle est la raison d’être d’un blog ou, plus modestement, de laisser la partie “photos” de sa page Facebook ouverte au public, sinon?). D’un autre côté, je suis un peu contre cette affirmation qui masque l’existence de ces personnalités qui ne peuvent éclore qu’après le lycée.

Les blogs sont des viviers de ces “génies sous-évalués” qui peuvent enfin clamer au grand jour leur amour de la fantasy, des jeux de rôle ou du rock progressif (n’oublions jamais qu’en haut du fantasy-addict hall of fame, il y a Led Zeppelin), passions qui furent brimées à une époque où on assurait seulement si on faisait tourner sur fond de Tryo / Sinsemilia (Billy Ze Kick pour les mecs un peu old-school) avant de se ramener en cours avec les dernières Camper aux pieds (oui, non parce que ça va bien deux secondes de considérer que les 90s c’est cool à cause du fluo et des Air Max, mais les 90s, c’est aussi des Camper beige et du reggae de loser). Chaque jour, j’apprécie un peu plus cette inversion des rôles, où il devient chic de se prétendre geek, sans trop savoir ce que geek ou nerd veut dire. Alors une fois pour toutes: non, on n’est pas geek quand on a un iPhone. Et non, on ne devient pas geek parce qu’on revient de vacances au Japon. Dans les deux cas, on a du fric et un abonnement à Tecknikart bien calibré.

Et moi, je veux vous parler du vrai geek/nerd, de celui qui aimait Star Wars, certes, mais qui surtout savait avec qui Luke Skywalker s’était marié (et d’ailleurs, aujourd’hui, il a un tee-shirt “Han Shot First” et il est le seul à trouver ça drôle). Ou de celui qui  certes regardait le Club Dorothée, mais qui surtout conspuait les génériques français des Chevaliers du Zodiaque (qu’il appellait Saint Seiya). Ou même de celui qui a lu tout Tolkien et CS Lewis, mais qui surtout avant ça pouvait parler de TOUTES les mythologies gréco-latines, nordiques et j’en passe. Celui qui connaissait l’univers Marvel avant que Sam Raimi ne le “pervertisse” pour le rendre cinématographiquement recevable (ça risque pas d’être moi, ça: je voue un culte au Spidey de Raimi). Les vrais érudits obsessionnels, en somme. En fin de compte, il y a tellement de facettes à la geekitude, que réduire ça à un matheux fort en classe qui traîne son acné au MIT après avoir gagné le concours Kangourou me paraît à chaque fois d’un réducteur à pleurer. (merde, y a des geeks nuls en maths, aussi :s)

Image proposée par Gizmodo (à titre personnel, j’inverserais geek et nerd, je crois – pour moi, c’est le geek qui est socialement inepte, et le dork est une variante plus autiste du geek, mais bon, c’est pinailler, tout ça…)

Quand j’ai vu qu’une de mes anciennes camarades de lycée faisait des soirées *médiévales*, j’ai un peu mesuré l’ampleur du terrain de jeu geek. C’était prévisible de sa part. Pour tout vous dire, cette fille est la seule que je connais à ce jour qui ait pensé que faire une préparation à l’Ecole des Chartes avait un potentiel de coolitude certain (et pourtant je connais plus de médiévistes qu’il n’est raisonnable).  [Arrêt sur image: Ecole des Chartes = endroit où tu passes ta journée à décrypter/déchiffrer des parchemins médiévaux, à base de 15h de latin par semaine, le reste en paléographie.] Ah ça, c’était pas une fan de fantasy en plastique non-recyclé. Et je gage qu’elle a pas découvert le Seigneur des Anneaux via Peter Jackson non plus. Concrètement, ça veut dire que cette demoiselle fusille des SMICs entiers dans des costumes saxons, élisabéthains, normands et que sais-je, fabriqués selon les méthodes de l’époque (d’un coup, la collection Garden pour H&M parait très petit joueur, n’est-ce pas?), elle passe ses weekends à courir les reconstitutions dans des châteaux auvergnats ou ligériens. Elle essaie de reproduire des recettes médiévales chez elle, elle apprend des danses médiévales, et la seule chose que j’ai pas réussi à identifier, c’est si dans ces fêtes-reconstitutions, on parle aussi le français médiéval. D’un coup, être geek, ça sonne moins bien que quand il est question d’acheter l’iPad ou de finir le Rubik’s Cube en moins de 30 secondes, n’est-ce pas? Il faut être honnête, on est plus dans le paradigme d’un reportage pour le 13h de Jean-Pierre Pernaut que dans celui d’une enquête pour Slate.

En voyant la transformation de cette nana, plusieurs remarques lénifiantes me sont venues à l’esprit.

La première, c’est que cette nana a un sens de la mode et de la confiance en son physique assez indéniable. Comment vous dire? Un jour, elle était venue en cours avec ne coloration prune ratée (prune, vous savez, c’était ce reflet violet produit par Casting de l’Oréal que les brunettes se faisaient parce qu’elle trouvaient ça sophistiqué) – dans le contexte d’une Terminale L (75% de vagins), ça s’appelle du suicide social (mais aussi, elle mettait pas de soutif, enfin, elle aggravait son cas, quoi). Maintenant, elle pollue son Facebook de photos d’elle en robe d’époque, mais pas seulement: elle s’affiche aussi en costumes japonais traditionnels (donc: geisha). Et quand elle fait pas dans le costume saxon ou élisabéthain, elle aurait presque un côté un peu gotho-pouffe plutôt bien assumé. Sa coloration prune ratée ou ses Vans sur jean stretch (ouch! autre crime contre la mode et le cool), tout ça paraît assez lointain, maintenant. Finalement, il y a un charme un peu vénéneux qui se dégage de ses photos, et je dois dire honnêtement que je la trouve assez badass. Elle a l’air totalement perchée, donc plutôt intéressante. Où l’on voit finalement que s’habiller, c’est un apprentissage de son corps, que ce soit avec une robe élisabéthaine, un blazer épaulé Balmain ou une robe liberty H&M (alors qu’on vienne plus m’emmerder avec ces histoires de futilité) (et oui, c’est vrai, bon nombre de blogueuses mode auraient beaucoup beaucoup à apprendre de ma geekette vestimentaire du lycée)

La deuxième remarque qui m’est venue, et qui a failli me faire écraser une larmiche, c’est cette révélation du geek. Finalement, définir le geek ne se fait pas par l’objet mais par l’attitude. Alors non, c’est pas les notes en maths ou les lunettes à monture épaisse et verres-cul de bouteille, c’est pas non plus le fait d’avoir planqué chez soi un poster de la Princesse Leia en bikini ou des VHS à moitié effacées de manga. Le geek se définit fondamentalement par le fait qu’au lycée, son heure n’est pas encore venue. A une époque où on valorise la faculté plastique à intégrer et manipuler des codes, il est nul et non avenu. Au mieux, il sera un try-too-hard un peu maladroit, un peu weirdo parce qu’il connaît trop de trucs “pas intéressants”. Mais avant tout, le geek, c’est celui qui attend son heure. Le geek, c’est celui qui ne peut s’accomplir qu’à partir du moment où on valorise socialement l’originalité ou le hobby absurde. Alors oui, des fois, j’espère bien que “High School is so over”. Ergo Peter Parker devint SpiderMan à la sortie du lycée (si tant est que sauver le monde soit un hobby). Ergo les blogs, aussi. Quoiqu’il en soit,  être geek, c’est un Graal auquel tout le monde ne peut pas prétendre.

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(Mince, j’ai l’impression d’avoir eu autant de mal à écrire cette note que Ricky Martin son coming-out)

28 thoughts on “Too cool for school

  1. L’un de mes geeks préférés étant Rivers Cuomo qui exprime si bien sa geekitude dans la chanson “In The Garage” dont voici le lien (si je puis me permettre, hum hum):

      • Pendant 5 bonnes minutes (ouais, ok, peut-être qu’une ou deux, en fait, vue la durée de la chanson…), je suis resté très interloqué par ce ballon de foot rouge et blanc.
        Il n’avait rien à faire là et surtout pas du tout dans le propos de la chanson…
        Et puis…

        En fait ce ballon ressemble totalement à Toad de Mario Bros.

        (Vu du dessus…)

  2. Alors
    1/ Une fois j’ai lu sur un blog quelqu’un qui définissait les geeks par le fait que tu suis une série en entier ou non. LOL

    2/ Il y a un proverbe qui dit grosso modo : Ne te moque jamais d’un geek à l’école, il deviendra ton patron plus tard.

    3/ J’ai pensé que faire l’Ecole des Chartes avait un potentiel de coolitude certain (mais j’ai jamais rien fait pour y entrer, mis à part avoir 11 en latin au bac)

    Non ça des geeks, des vrais, j’en connais pas beaucoup.

    • 1/pffff… Battlestar Galactica ne suffit pas à faire un geek (même si ça y contribue)

      2/ et surtout, il a souvent bonne mémoire! A défaut de devenir ton patron, il deviendra un mec que tu admires, et tu te sentiras assez médiocre à côté de lui (je pense Peter Jackson par exemple, voire je me demande si il y a pas qqch de geek chez Lady Gaga au départ -affirmation pas du tout évidente, c’est une question que je lance à la population)

      3/pour te dire, je crois que j’ai eu 15 en latin, et c’était considéré comme raté pour l’Ecole des Chartes (mais c’était une épreuve très débilitante – je crois que ma haine du latin m’a tjs empêchée de faire de l’histoire médiévale, justement)

      Moi non plus j’en connais pas beaucoup, c’est plutôt des gens avec un potentiel geek ou des attitudes geek (et là encore, ça se trouve pas dans les séries télé). Pour moi, je pense en connaître un ou deux (outre la nana que j’ai décrit, mais qu’en fait je n’ai pas revue depuis 10 ans). Et je pense que j’ai des comportements geek, mais c’est trop rampant pour me qualifier pleinement, je suppose (le premier de ces comportements étant que je suis convaincue que ma coolitude était totalement sous-évaluée au lycée ;) )…

  3. HAN!!!

    Merci pour ça: “la bombe slutty du lycée est devenue une MILF à moitié obèse après sa 3e grossesse non désirée “. Surtout quand c’est avec un mec qui habite toujours à 3 rues dudit lycée . Rrrrrrrr

    Un jour mon boyfriend m’a dit: “I’ve spent the 17 last years trying to prove girls i wans’t a nerd, and now, with you, I’m dying to do the opposite” (oui il est rosbeef). Hé ben ça c’est du compliment qui te touche une geekasse (geekette ça fait hello kitty, scuzez moi).

  4. Je suis relativement d’accord avec toi, en particulier sur la notion de révélation du geek (j’ai pour objectif non avoué d’écrire un maximum de commentaires non constructifs sur ton blog)(je te prie de bien vouloir m’en excuser par avance).

    Cela dit, la geekitude (première infamie) me semble être une notion complètement subjective, au même titre que la beauté, la connerie ou la gravité (haha)(seconde infamie). En gros (ok, en très gros), on est toujours le geek de quelqu’un. J’ai un blog et je passe ma vie sur le web à me poiler devant tout plein de sites tous plus débiles les uns que les autres quand je ne suis pas en compagnie du Professeur Layton sur ma DS, ergo je suis une geek pour ma cousine de dix ans de plus que moi, MILF non obèse. En revanche, je me considère comme à peu près tout sauf une geek devant des gens qui ont vu 457 fois Star Wars ou qui campent devant des AppleStore pour être les premiers à acheter la petite nouveauté de ce bon Steve ou encore qui passent des heures à faire des analyses comparatives en deux parties, deux sous-parties, deux sous-sous-parties d’à peu près tous les comics Marvel (je ne vise PERSONNE)…

    Finalement, ne pourrait-on pas dire que nous sommes tous plus ou moins de bon gros geeks, dépendamment de notre entourage ?

    Sinon, perso, je portais des converses avec mes jeans stretch (j’étais une too early adopter)(comprendre, ça craignait, grave).

    • Je suis d’accord qu’il y a une part de subjectif, d’autant plus que c’est fluctuant. Comme je disais, je pense que ça relève plus d’un état d’esprit, d’une attitude, que d’un objet précis. Du coup, le schéma de gizmodo a ça de bien vu qu’il identifie ce qui fait, à mon sens, le coeur du problème: être obsessionnel. Arriver à articuler obsessionnalité et intelligence, ça marginalise (du moins pour un temps). Et c’est vrai que pour moi, c’est ça être geek – on passe pour un taré, que ce soit pour un jeu vidéo, une passion weird pour le XIIIe siècle ou même, soyons fou, une réflexion sur des sacs à main ou des bouteilles de whisky. Mais partant de là, c’est vrai qu’on est tjs le fou/le geek de qqn. Moi, le jour où Gyom m’a expliqué comment on résolvait à coup sûr le Rubik’s Cube, je me suis dit “mais il est fou, ce mec!” (fou dans un sens bien, hein – geek c’est chic, ne l’oublions pas). Et c’est ça que je retrouve quand il nous explique que le ballon de foot, c’est toad, d’ailleurs :)

      • Effectivement, j’avais un peu mis de côté l’aspect nécessairement obsessionnel du geek. Cependant, ça me paraît relativement indissociable, comme tu l’évoques d’ailleurs, du côté un peu “weird” ou disons “intellectuel”, sauf à considérer toutes les blogueuses mode monotopic comme des geeks (je ne parle pas de celles qui font montre d’un minimum d’humour).
        Je suis moins considérée comme une nerd (autant te dire que je partage ton avis sur la place du geek et du nerd sur le schéma) par mes amis pour mon inquiétante capacité à disserter sur les sacs à mains ou les vernis à ongles que pour mon intérêt tout aussi marginal pour l’histoire et les documentaires bien longs sur la disparition des dinosaures ou l’ère paléolithique.
        Mais sinon, c’est quoi cette histoire de résoudre le Rubik’s Cube à coup sûr ?! C’possible ?!

        • Ouais, mais c’est précisément l’idée – associer un côté obsessionnel à une tendance à intellectualiser, c’est ça l’idée – c’est pas nécessairement rêver toutes les nuits du même sac à main, mais plutôt faire des recherches sur la genèse de ce sac, les inspirations à l’origine, comment le situer dans l’histoire des sacs, quelle façon particulière ne se trouve sur aucun sac, comment sont produits les coloris, quelle saison, pourquoi à cette saison, quelle était la tenue pensée quand il a été conçu, quels sont ses concurrents, etc. Si tu fais tout ça, alors que tu n’est que cliente… ben pour moi, ça c’est geek. Bien plus que regarder un docu sur Marie Tudor sur la chaîne historique en fait. C’est ça qui fait weirdo, et c’est ça qui surprend les gens – une nana obsessionnelle normale te dira “ah… euh… ouais… enfin moi je l’aime bien, quoi…” et puis c’est tout. Et elle te trouvera chelou d’avoir fait toutes ces recherches – geekitude socialement inepte.
          Pour le Rubik’s Cube, moi j’ai jamais su: je décollais les vignettes de couleur pour les remettre dans le bon ordre – c’était ça ma façon de le réussir à coup sûr. Du coup, mon Rubik’s Cube est foutu.

  5. ouais je suis assez daccord avec l’idée que le geek c’était le gars/la meuf du lycée qu’était absolument pas populaire ni reconnu…de même avec l’idée d’obsession
    J’ai l’impression qu’il y a aussi, à cette période collégienne/lycéenne, pour le geek, un truc dans le genre “autodidacte” : càd que le geek (dirions nous le proto-geek) au lycée c’est que le mec/la meuf qui a une obsession (genre les mangas) qu’il développe absolument tout seul. Peu d’apports sociaux des amis, des relations ; son obsession est quelque chose de cultivé seul, à un point d’érudition certain…
    Perso je pense à un geek. Mais il serait très énervé d’être classé comme geek.
    De mon côté je pense que je suis absolument pas une geek. Je crois que je suis pas de mon temps…

    Sur l’informatique : je suis d’accord aussi avec l’idée que iphone ou tous les trucs de mac ne sont pas des objets à geek. Il me semble que c’est par la force des choses, càd afin de nourrir sa passion, que le geek utilise des outils informatique, et a sans doute été un des premiers à utiliser les outils informatiques au lycée. Etatnt obsessionnel, il maitrise à fond, sait monter son ordi seul et effectivement comprend le langage ultra initiatique des spécialistes informatiques. Mais ce n’est qu’un dommage collatéral.

    (pfiou ça m’a fatiguée d’écrire tout ça, je vais me reposer)

    • Ouais, je suis carrément d’accord avec toi.
      Et effectivement je pense pas que tu sois geek – mais j’ai l’impression que t’étais socialement ok au lycée, toi, non? En fait, je te visualise plutôt comme une meuf cool qui a pas de soucis de popularité ou de sociabilisation. Qu’est adéquate (c’est foutrement classe d’arriver à ça en étant fort en cours, en plus)
      Et je vois à qui tu penses. Pour être énervé d’être classé comme geek, je parlais terminologie avec Shanna et elle m’a confirmé que ouais, geek, c’est certainement pas classe du tout et ça le sera jamais dans la culture us. Etre NERD, c’est mignon – t’es l’intello, mais à qui on pardonne. Etre GEEK, c’est juste être un énorme loser, c’est les mecs de Code Lisa meets Rain Man, c’est affreux affreux. C’est la mort sociale. Donc c’est pas classe de dire “ouah je suis trop une geek”. C’est drôle quand on pense que c’est l’inverse en France, eheh…

      Ton truc sur l’informatique, c’est pas con, cette histoire d’instrumentalisation. En fait, j’ai l’impression que le geek se rassure en essayant de tout rationaliser, du coup, en essayant d’avoir une connaissance la plus érudite et approfondie possible d’un objet donné. Et c’est vrai que ramener les choses à des 1 et des 0, c’est aussi une rationalisation honnête. C’est pas exactement ça que tu dis, mais ça m’a fait penser à ça… Pfiou, on est smart.

  6. J’ai pas bien compris, tu considères qu’on est reconnu à sa juste valeur à partir de l’université ? Ou partir du moment où on est (censé être) trop vieux pour se préoccuper de qui est populaire?
    Ou est-ce que tu considères que carrément, quand on est geek, on est pour toujours underrated? (genre la moyenageuse, qui, il me semble, ne sera jamais admiré pour ce qui ressemble pourtant à une vaste culture)

    http://www.awkwardzombie.com/comic1.php

    • Je pense qu’au lycée, on est trop en construction de soi pour oser sortir du lot en effet, mais c’est même pas une généralisation de type “ok, à l’université, tout va bien”. Je dis juste que vu les sociabilités lycéennes, difficile qu’un geek trouve sa place – après, y a plus de chances, mais c’est pas forcément gagné. En revanche ma geekette à soirées médiévales, j’ai peut-être pas été claire sur ce point, mais a/je suis médusée par ces photos, et je la trouve un peu tarée, mais b/je la trouve aussi foutrement classe (elle porte très bien la robe élisabétaine, et elle est même limite canon, alors qu’elle était franchement invisible en terminale. Et à mon avis, elle a son public. Charme vénéneux, je vous dis…

  7. Je ne sais pas pas si ce post me rassure ou m’enfonce.la geekitube est tellement vaste….aussi vaste que notre univers quantique. On est assurément le geek de quelqu’un… d’où une certaine relativité, ça y est je craque

    • On est peut-être le geek de qqn, mais surtout, dans ces cas-là, c’est pas positif. Pour un anglophone, se faire traiter de geek, c’est salement insultant, et ça peut pas être rendu chic!

  8. Comme d’habitude, tes posts ouvrent beaucoup de pistes de réflexion…
    Désolée, je vais être un peu longue, mais c’est de ta faute si tu parlais pas trucs qui m’interpellent on en serait pas là… :)

    1/ j’ai été un peu dépassée par l’appellation geek qui est clairement montée en puissance en France ces 5/6 dernières années avec le succès croissant des mangas/japan expo/cos play, culture du jeu video et du retro gaming…. Tout à coup jeunes et moins jeunes se revendiquent “geek”, et c’est cool.
    Et aussi tout à coup tous les jeunes français ont une définition de “geek”, versant plus sexy de “nerd”…
    Egalement, le geek devient un client identifié, un public cible pour tout un tas de produits. Il devient une part de marché non négligeable pris en compte dans les stratégies marketting.

    2/ Pour moi (et désolée de remettre son le tapis mon expérience de la High school américaine) “nerd” et “geek” n’a jamais évoqué quelque chose de positif. J’ai des images très douloureuses du mec presque autiste, complètement rejeté dans un coin du lycée avec son yoyo, ça évoque pour moi la vraie souffrance du mec affublé d’un appareil dentaire monstrueux, bégayant, incapable de communiquer avec autrui et d’autant plus affaibli et timide qu’il est la proie de mauvais traitements de camarades cruels.
    Je dois préciser que quand j’étais au lycée, il n’y avait pas encore 4chan, les lolcats, les memes… Les chatrooms et les message boards n’étaient pas encore développés. Pas de lieu pour affirmer son identité geek et parler avec d’autres qui partageaient les mêmes passions. Un geek était par essence solitaire.
    Il faut aussi que je dise qu’à la fin des années 90 aux US, on disait beaucoup plus “nerd” que “geek”.
    Je me souviens en 1999, il y a eu un article dans Rolling Stones je crois, qui disaient que les nerds allaient conquérir le monde, en se basant sur l’exemple de Bill Gates. Quand on voit un nerd de base comme Mark Zuckerberg devenir milliardaire à 23 ans, on se dit que l’article était assez vissionnaire!

    3/ Il est difficile de comparer le lycée français et le lycée américain. Le collège est sûrement plus cruel en France. Au collège, il y avaient les filles super bonnes en chaussures Caterpilar, blouson bombers et brassière montrant le ventre. Il y avaient les “gossbo” arborant des marques qui faisaient rêver et faisaient plus ou moins souffrir les outsiders, pas assez beaux, trop timides, pas assez cools ou mal habillés. Ces gars-là, au lycée, on sentait que c’étaient déjà un peu des losers…
    Au lycée, en France je trouve que chacun avait plus la place de commencer à s’affirmer, de s’en foutre de ceux qui étaient cools. Dans mon lycée il n’y avaient pas réellement de cliques, tout le monde parlaient à tout le monde et on n’attachait pas au poteau de basket ceux qui programmaient leur claculatrices scientifiques ou s’échangeait des cartes magic.
    (C’est drôle que pour toi les gens cools du lycée c’étaient ceux qui fumaient de l’herbe et écoutaient du reggae, pour moi ceux-là c’étaient un peu les outsiders, les gars à la marge qui s’en foutaient des codes et des groupes.)
    Alors que le lycée aux US était un monde de cliques, de cool/uncool, de hierarchies et de codes invisibles mais respectés par tous.
    Le phénomène du nerd brimé ne fait pas partie de mon imaginaire du lycée français, alors que la souffrance du “pas-cool” au collège, c’est un souvenir que je retrouve chez beaucoup de mes amis actuels.

    4/ Le thème de la souffrance au lycée et de l’épanouissement du talent et de l’individualité les années suivantes est un thème hyper récurrent : c’est ce que disent les créateurs de South Park, c’est ce que dit Judd Apatow, c’est ce que disent énormément de créateurs/de successful people à Hollywood etc. A croire qu’il faut souffrir au lycée pour réussir par la suite. La revanche des nerds, le retour victorieux lors du dîner des dix ans de la promo, la délectation de voir que l’ancien capitaine de foot est devenu un coach vieillissant qui n’a jamais quitté le trou d’Arkansas sont des aspects inséparables de ce thème.
    Nous en France, on n’a pas les “reunions d’anciens élèves”, mais heureusement grâce à ce nerd de Zuckerberg on a Facebook et on peu voir que Jessica et Cynthia, les deux pouf qui se sont moqué de mon jean pas Levis pendant toute la 4èmeA ont raté leur CAP coiffure et vivent encore dans la ville du 94 où j’ai grandi.

    • Je suis tjs contente d’interpeler, j’aime bien les commentaires qui permettent de discuter!
      1/& 2/ mais carrément! quand j’ai expliqué ça à ma pote shanna, elle m’a pas crue, elle m’a dit que pour elle, geek=loser, period. et qu’à la rigueur, elle se définissait comme nerd parce qu’elle avait des bonnes notes et qu’elle était sérieuse en classe, mais déjà,c ‘était pas glorieux glorieux… bref, ça rejoint ce que tu dis, en fait: on peut se dire nerd, mais geek, c’est un peu un terme infamant, et les américains ne l’utilisent pas, c’est trop la honte.

      3/ j’espère que je mets pas lycée français et américain sur le même plan sans le vouloir dans ce post. En effet, je pense que ce sont deux réalités très différentes l’une de l’autre, et de mon côté, je parle du lycée en France, seule réalité que je connaisse. Les lycées de France n’ont pas ce phénomène de cliques. En fait, du coup, j’ai un peu l’impression inverse (mais je ne connais pas le lycée américain, donc c’est biaisé). J’ai l’impression que dans un lycée américain, à partir du moment où tu trouves à quel clan tu appartiens, tu peux plus facilement d’épanouir dans ce contexte (mais c’est sans doute un effet pervers d’avoir vu trop de films de John Hughes), alors que le lycée en France se fonde sur des critères sociaux plus informels, et plus imperceptibles, où donc il est difficile de se trouver une place. Par ailleurs, j’ai l’impression que les expériences lycéennes restent tout de même une réalité fluctuante à partir du moment où on entre dans le détail. J’étais dans un gros lycée élitiste versaillais, et je pense que ça a installé des codes sociaux très différents de mon collège. D’où: c’était pas plus facile, ni plus difficile – même si c’est vrai que j’ai un meilleur souvenir du lycée que du collège – au moins, c’était valorisé d’avoir des bonnes notes, mais je pense pas que ce soit tant lié au fait d’être passé de collège à lycée qu’au fait d’avoir changé de milieu social entre l’un et l’autre… Et c’est vrai qu’à Versailles, chez les bourges, fumer de la beuh, c’était badass et rebelle, donc über-cool. Et je dis pas que c’était que des cools à reggae, je parle aussi de cette époque où Tryo et Sinsemilia étaient tout simplement mainstream (merde, la reprise de la Mauvaise Réputation par Sinsemilia sur Ouï FM, c’était pas sport). Comme tu dis, comme il y a pas ces cliques, c’est plus fluctuant…

      4/ Judd Apatow dit des choses formidables! – mais effectivement, en fait, ça ouvre sur un autre truc, où il y a ce thème typiquement ricain de la revanche du nerd, et dont le geek is chic français serait finalement une transposition mal-digérée et maladroite. Genre, les mecs comme Apatow, les groupes qui s’appellent N.E.R.D. et j’en passe obéissent à cette logique sociale post-high school, et pour expliquer leur hype en France, on passe par le gimmick “Geek is Chic”? C’est une idée qui me plaît.

  9. Quand j’étais au collège j’avais appris l’elfique. Ouais, carrément. Y’avait des cahiers d’exercices qu’on trouvait sur le net, il fallait reproduire les lettres de l’alphabet, et tout.

    Tout ça pour dire que je me retrouve bien dans ta définition du “geek” ^^.

    (Aujourd’hui j’ai des amis geeks, et aussi des amis normaux, qui parfois ont du mal à me comprendre. Mais bon eh j’vais pas me plaindre, aujourd’hui j’ai des amis !!)

    J’aime cet article. (Et l’histoire des gens cools qu’on retrouve sur Facebook et qui ont raté leur vie, mon dieu c’est tellement bon, tu as mis des mots sur mes pensées.)

    • Le coup de l’elvish, ça me rappelle quand, revenant de vacances en Irlande, j’avais entièrement calligraphié mon journal de voyage dans une graphie gaelic-friendly (je l’ai encore, il est assez canon à voir, j’y avais passé des heures)… On n’était pas aidés plus jeunes, c’est certain!
      Ma question, c’est: tu as appris l’elvish avant ou après la sortie des films de Peter Jackson? Parce que finalement, être geek,c ‘est comme être modeuse, faut être early adopter, sinon ça marche pas ;)

  10. C’était après la sortie du premier film, mais c’est parce qu’avant ça j’avais pas Internet ^^ (ben oui, 2001, ça nous rajeunit pas).

    Mais j’étais fan du bouquin avant d’être fan du film, et même si je trouve les films bien adaptés, je préfère toujours le livre. (Y’a pas les annales de tous les rois du Gondor dans le film, hein.)

  11. j’ai rien à rajouté, j’aime bien ton propos et surtout la manière dont tu le développes, avec brio (comme d’hab’) ! En tout cas, un article que je vais faire tourner dans mon entourage!

    Merci de nous faire partager ta réflexion!

  12. Pingback: Le blogueur est un superhéros « Virgoblog

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