Peu de films se passent à Philadelphie, et quand c’est le cas, c’est pour en faire une espèce de métaphore semi-prévisible sur la liberté, l’égalité, la poursuite du bonheur. [Ou alors c’est Benjamin Gates qui cherche le trésor des Templiers chez les Francs-Macs mais c’est pas parce qu’il m’a convaincue dans Kick-Ass que je cautionne pour autant la filmographie de Nicolas Cage.] Oh oui, vous savez, parce que Philadelphie, c’est cette ville où on été rédigés et ratifiés ces deux documents appelés la Déclaration d’Indépendance et la Constitution des Etats-Unis. Imaginez un peu Facebook dans les années 1780: Ben Franklin: hangin’ out in Old City with the crew, drinks are on Sam Adams (☞John Adams, Georgie Washington and Tom Jefferson like this). On pourrait se dire que Philadelphie n’a pas besoin de chercher ses lieux de mémoire dans la culture popcorn des 30 dernières années.
Mais c’est plus compliqué, en fait.
Vous voyez cette scène où Rocky termine son footing sur les marches du musée d’Art de Philadelphie et voit le jour se lever sur la skyline de la ville?
Quand Rocky sort en 1976, c’est une mise en scène du rêve américain plus qu’un film sur la boxe, et Philadelphie agit comme un personnage à part entière. Dans une scène mythique, notamment, Rocky, qui doit affronter Apollo Creed sous quelques semaines, n’arrive même pas à faire son footing, et, remontant depuis l’Italian Market jusqu’au Musée d’Art (en gros 5 miles/8 km), il s’effondre sur les marches du musée, hors d’haleine. Et c’est là que le cinéma nous vend du rêve gigacool: à force de persévérance, il arrive à le boucler, son footing. Et il est en pleine forme, et le rêve américain, c’est quelque chose que tu dois aller chercher en te levant tôt le matin. L’Amérique est un pays d’opportunités, mais c’est à toi de construire ton rêve. Ergo, Rocky triomphant en haut des marches du Musée d’Art, ergo, il a déjà gagné son match contre Apollo Creed, peu en importe l’issue. Et tout ça, l’année même du Bicentenaire de la Révolution Américaine. Alors que nous, en 1989, tout ce à quoi on a eu droit, c’est un téléfilm en deux parties où Jane Seymour of Dr Quinn fame jouait Marie-Antoinette…
Tout ça pour dire, que *OUI*, la rumeur est vraie, il y a bien une statue en bronze de Rocky sur les marches du Musée de Philadelphie (3e musée des beaux-arts du pays – un musée très sérieux selon des critères américains, ce qui signifie qu’y sont reconstitués à l’échelle: une chapelle gothique, un cloître méridional, une pagode, un temple japonais et un bain turc), mais c’est pas ce que vous croyez.
C’est pas juste une statue financée par une major d’Hollywood, c’est la matérialisation de ce que le rêve américain continue d’exister dans ce pays. Ces marches sont désormais connues comme étant les “Rocky Steps,” et la moitié des joggeurs de Philadelphie termine sa course ici, j’imagine en entendant mentalement un air de synthé de Bill Conti ou les accords d’Eye of the Tiger (tiens, est-ce que vous pensez que si Rocky avait été tourné dans les années 2000, il aurait fait son footing sur Seven-Nation Army des White Stripes?). Du reste, 100% des touristes de cette ville se fait prendre en photo les poings levés en haut des marches du musée.
Initialement, la statue était un artefact utilisé à partir de Rocky III pour montrer que l’Italian Stallion était devenu une des figures majeures de Philadelphie dans les films. Le maintien de la statue au-delà des tournages montre que la leçon de Rocky dure au-delà du générique de fin des films. A force d’être présenté comme une icône au cinéma, il en est devenu une dans la vraie vie. Finalement, un peu à l’image du LOVE de Robert Indiana, ce que nous apprend la statue de Rocky, c’est que les symboles commémoratifs pop comptent presque plus que les symboles historiques à proprement parler, et que l’identité de Philadelphie est prise dans une tentative pour comprendre ce que représente ce passé historique dans le monde moderne. Sortez les mouchoirs.
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Et puisqu’on se vautre dans les clichés:
A ce propos, j’ai découvert ébahie que je possède donc une version améliorée du sac en featuring dans ce proto-film de gonzesses, Tout ce qui brille. (je jouerais bien au blog vestimentaire en vous listant les fringues que je porte mais, tout étant mollement du H&M ou du Zara – et donc Kookaï pour le sac -, on va dire que ce serait très chiant – prenez-en de la graine, blogueuses mode de 8e zone)
Allez, je me casse, ça devient n’importe quoi ici.
Et c’est un vintage ton sac ?
Il est plutôt Automne-Hiver 2009-2010, mais si on compte en temps de blogueuse-mode, il devrait devenir vintage d’ici deux saisons, je dirais…
Tu pourras vite le revendre sur ebay en précisant qu’il a été vu dans un film de cinéma. Pour le double de son prix ça va de soi, comme les vraies blogueuses mode!
Ou alors je m’élève directement au rang de Betty et je décrète que je ne vends jamais mes vêtements, comme ça, tout le monde baverait d’envie (en vrai, j’aime bien ça chez elle)
C’est un musée très sérieux au delà des reconstitutions marrantes pour nous autres européens tout de même, en particulier la partie “Impressionnisme” qui tue un peu sa maman.
J’avais été à ce musée histoire de faire du culturel et j’avais été bluffé par la collection qui s’y trouvait.
Oh j’ai jamais dit que les collections étaient nulles. J’ai pas fait l’aile impressionniste par goûts, mais l’aile médiévale était très bien (ils ont de magnifiques livres d’heures), mais j’ai été un peu déçue par l’aile américaine. En fait, je crois que j’aurais aimé qu’ils reconstituent un intérieur Quaker comme ils ont reconstitué le temple japonais, quelque part. Bref, tout ça pour dire que je taquinais la muséographie un peu kitsch à l’américaine. Mais en vrai, ça m’amuse – les Cloîtres à NYC, j’aime beaucoup (et ils ont les Très Riches Heures du Duc de Berry – j’aime bcp les livres d’heures).
Franchement?? on hesite a mettre ta photo sur notre site tellement tu es bloggeuse mode style. :p
Notre commentaire pourrait etre “Pour etre fashion, célébrons la victoire sur les vente privée!! Whouou”
Oh oui oh oui!!!!! ce serait la consécration ultime, ça me donnerait une vraie légitimité à commencer un blog de modasse et tout et je serais invitée à des soirées Viktor & Rolf au Crillon, je visiterais l’appartement de Gabrielle Chanel, et tout! (le rêve, quoi)
définitivement, oui, ca devient n’importe quoi ici. Ce pourquoi on reste, je crois!
(parceque du n’importe quoi qui fasse sens, c’est pas partout qu’on voit ca)
Aaaaaawwwww Jaaaack, ur so cuuuuuute!
(une réponse carrément post-moderne, donc)
\o/
(c’est tout)
très à-propos!