Dolph Lundgren is my fellow

Jane Austen avait intitulé son premier manuscrit “First impressions“, dans l’idée relativement galvaudée, moralisatrice, mais néanmoins efficace, selon laquelle il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis (ça se disait pas trop comme ça, à l’époque victorienne*), voire qu’il ne faut pas s’en tenir aux a priori, si négatifs soient-ils (oui, je sais, on dit les préjugés).

Ainsi, non contente de me savoir un point commun intellectuel avec Dolph Lundgren, cette armoire à glace has-beenos des années 80 qui entame sa 16e minute de gloire grâce à Sylvester Stallone (à savoir que lui et moi, on partage une bourse d’études et le statut de chercheur invité en université élitiste américaine) je découvre seulement maintenant que Megan Fox n’est pas seulement une bombe-anatomique-à-robes-fendues, grande gueule, grosse tête et pas très maline. Elle a surtout une collection de t-shirts qui devrait suffire à l’installer au panthéon des figures les plus sous-évaluées du moment. Trois exemples:

Lors de la premiere de Juno. Pour l’instant, on reste dans la grammaire classique de la bimbo qui s’adresse aux hard-rockeux, rien de très surprenant – les Mötley Crue ne sont après tout qu’un vivier d’époux plus ou moins abusifs de playmates en maillot de bain rouge. Quelqu’un qui joue avec les codes de son propre stéréotype est toujours intéressant.

Flatterie facile de son audience geek en rut? Il y a de fortes chances, car si la référence à Star Wars est relativement universelle, l’affichage de la couleur via un t-shirt même pas édité par H&M tient du premier degré le plus littéral. Ou bien elle a des racines, ou bien elle a un fond gentil.

Notons par ailleurs qu’en lieu et place d’un it-bag à 8 smics, elle pratique visiblement le sac à dos Jansport.

Mais surtout:

L’image parle d’elle-même. Le t-shirt n’est pas spécialement ajusté, il n’est pas coupé au nombril.En une marque de bière (la PBR, donc), c’est l’Amérique redneck la plus profonde qui se collisionne avec l’univers de la sorority girl et Meggles nous indique ainsi qu’elle n’a sans doute jamais été contre les Jäger-bombs en soirée entre potes et qu’il n’est sans doute pas impossible de la voir partir dans un rire gras à l’évocation d’une blague impliquant une nana entrant à poil dans un bar avec un caniche et un salami géant.       – si vous trouvez cette référence…

En trois t-shirts, elle affiche son appartenance à trois des sous-catégories culturellement les plus complexes de la société américaine en ce début de siècle, ces catégories de rebuts sous-évalués qui connaissent une renaissance glorieuse depuis quelques temps (une façon comme une autre de remarquer que Megan Fox manipule au premier degré la plupart des codes que le hipster rock & nerdy reprend au second degré). Comme le faisait remarquer Diablo Cody dans une interview récente, une fille aussi canon qui est en fait une weirdo totale paraît mathématiquement inconcevable.

Mais pourtant, au-delà du sex-symbol, que cette fille est sympathique.

.

It ain’t easy being cool.

.

.

*LOL

17 thoughts on “Dolph Lundgren is my fellow

  1. Je crois que j’aurais pu l’aimer (un peu) si elle ne s’était pas faite refaire quasi intégralement la façade après Transformers (genre elle en avait besoin), parce que je commençais à éprouver de la sympathie pour son rôle de potiche dans Transformers, son bronzage, ses mini jupes et mini tshirts, elle aurait pu en tirer quelque chose. Mais la bouche de canard et pommettes de la mort ont été fatales.

    • Sans déc, les t-shirts à la cool font passer la chose. Moi on me dit demain que Heidi Montag a une addiction, non pas aux micro-chiens et pour aux sacs de pupute, mais aux garage movies, elle gagne direct mon respect, 10 opérations en une journée ou pas. Du moment qu’elle est là où on l’attend pas…

  2. C’est là où je me sens vieille : je crois que j’ai définitivement loupé le coche Megan Fox (enfin je vois qui c’est quand même) mais elle ne m’évoque pas grand chose. Et en plus je sais qui est Dolph Lundgren… vite une dose de botox je me sens mal !

    • Ah mais moi je respecte tout à fait les gens qui savent qui est Dolph Lundgren. J’ai développé dessus parce que sinon, on m’asticote tout le temps sur le fait que je ferais que des références obscures, mais en vrai, toute personne digne de ce nom devrait savoir qui est Dolph Lundgren. Avoir vu ses films, c’est une autre histoire…

  3. Passons sur le fait que je ne sais pas pourquoi j’écris ce commentaire, ni même pourquoi je lis ce blog. Je suis à des années lumières du Lecteur Modèle prévu par ce texte, je ne sais pas qui est Dolph Lundgren ou qui sont les Mötley Crue, je ne sais pas ce que signifie weirdo…

    Mais malgré tout, si j’arrive à pseudo-lire entre les lignes (ce que je fais tout le temps, car je ne rate pas un post – mon Dieu qui suis-je ? Je ne me connais pas moi-même),tu affirmes que Megan Fox utilise certains codes vestimentaires avec un tel soucis du détail qu’ils ne peuvent traduire une volonté consciente de se transformer en figure mythologique (ce qui serait le cas si le T-shirt PBR s’arrêterait au nombril).

    Mais alors, justement parce qu’elle porte des vêtements de sous-rebuts-de-l’humanité, elle proclame à la face du monde non pas “je porte ces fringues pour que des ados se masturbent devant leurs écrans” mais “je peux descendre 30 bières en 5 minutes et gagner un concours de rots” ?

    En fait, le fait que son t-shirt PBR soit un truc informe édité par la marque elle-même fait d’elle un sex-symbol (ou tout du moins une variante de la femme désirable à l’extrême opposé de Grace Kelly) avec bien plus de force que si elle portait le même logo PBR sur un haut ultra-moulant dessiné par Vivienne Westwood.

    • Mais du coup, ça en fait surtout un sex-symbol vachement plus sympa, non?

      “Mais alors, justement parce qu’elle porte des vêtements de sous-rebuts-de-l’humanité, elle proclame à la face du monde non pas « je porte ces fringues pour que des ados se masturbent devant leurs écrans » mais « je peux descendre 30 bières en 5 minutes et gagner un concours de rots » ? ”

      – > c’est à peu près ce que je veux dire, oui. A ceci près que je ne pense pas en termes de sous-rebuts-de-l’humanité. C’est peut-être ma façon de fantasmer sur Megan Fox, au final.

      Mais qui es-tu? Il n’y a pas vraiment de “Lecteur Modèle” (en tous cas, s’il existe, il n’a pas de majuscule) sur ce blog.

  4. Oui, je reconnais que le terme “sous-rebut-de-l’humanité”, même employé avec une certaine décontraction, peut-être perçu comme trahissant une forme de mépris. Je le retire. A ma décharge, il était employé à des fins rhétoriques.

    Alors pour me présenter un peu, je suis un mec (ouais, bière, bagnoles, nichons, toussa…) j’ai découvert ce blog par ma petite soeur, et je le lis parce que… je ne sais pas pourquoi je le lis, mais c’est à chaque fois avec beaucoup de plaisir.

    Bon, je tente de m’expliquer. Bon, en premier lieu, tu écris bien, tu as de l’humour, tu “suintes l’érudition” (si tu me permet l’expression), etc.

    Ensuite, comme je te le disais, je ne correspond pas au lecteur modèle de ce blog. Je l’écris sans majuscule du coup. Mais normalement elles sont nécessaires. C’est un concept de sémiotique inventé, je crois, par Umberto Eco, et basé sur l’idée qu’écrire, c’est nécessairement construire à travers le texte son propre modèle de lecteur. Chaque texte possède donc son lecteur modèle. Ensuite, le texte en question est confronté à des lecteurs empiriques (normalement il faut aussi des majuscules à “lecteur empirique”) qui s’approchent plus ou moins du lecteur modèle.

    Et bien moi je suis un lecteur empirique à des années lumières du lecteur modèle, mais justement, c’est ce qui fait, entre autres, que j’aime te lire : je suis toujours complètement perdu à la lecture de tes articles, et je dois taper environ la moitié des mots sur google/wikipedia pour tenter de comprendre. Et en fait, c’est génial, ça agit un peu comme une musique thrilling dans un film de Hitchcock.

    Et enfin, j’aime bien ta manière de fonctionner, de dégager des codes sociaux pour mieux les analyser… J’ai utilisé ton article sur le post-ironisme à un Grand Oral blanc (en l’appliquant à Rousseau au lieu de Karaté Kid et en disant que c’était Derida qui en était à l’origine, parce que j’avais besoin d’un auteur légitime) et j’ai eu une putain de note.

    Donc voilà. C’est pour ça que je te lis.

    • t’en fais pas mec, le seul lecteur modèle de ce blog c’est virgo elle-même. Les autre se répartissent en deux catégories : ceux qui tapent les mots sur wikipedia et ceux qui ferment la page en se disant “ça a l’air cool mais j’ai pas tout compris”.
      ;) et re-;)

    • Non mais DERRIDA, quoi! c’est formidable!
      Pour wikipedia, je suis bien malheureuse, je fais ce que je peux pour que les lecteurs et les copains y aillent le moins possible, mais rien n’y fait – je crois que je passe trop de temps sur Internet et vous pas assez, ou quelque chose du genre. Mais si c’est quand-même cool au final, tant mieux! :)

  5. Nan c’est cool. Faut rester comme ça, ça crée vraiment une ambiance, une sorte de flou qui n’empêche pas de comprendre le sens général mais enveloppe le tout dans un brouillard difficile à pénétrer. Un peu comme les expressions latines non traduites (car il est évident que l’on ne pense Dieu qu’en tant qu’esse cujus nihil majus cogitari possit).

  6. Pingback: Big In Japan « Virgoblog

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