Elle s’appelait Sarah

Si je devais en vouloir aux Etats-Unis pour une chose, c’est d’avoir altéré mes critères de jugement du rapport fonctionnement/méfiance. Quand je disais l’autre jour que la France n’était pas encore assez aguerrie aux pratiques de colocations, j’étais bien en-dessous de la réalité, voyez-vous.

Tout à ma joie d’avoir enfin trouvé un logement, une ligne de métro, un moulin rouge et un bar de quartier où boire des demis frais, je n’avais pas pensé l’espace d’un instant que la personne qui mettait deux de ses chambres en location avait pu avoir l’idée saugrenue de louer lesdites chambres pendant 3 mois sans renouveler son bail, de s’engueuler avec ses colocataires et de se retrouver fort dépourvue quand la bise fut venue.

Fort dépourvue = 4500€ de loyers impayés.

Pensant que son agence immobilière faisait une erreur en ne renouvelant pas son bail après le 29 juillet, elle a pensé pouvoir vivre 3 mois en plein Montmartre aux frais de la princesse. Il y en a qui visiblement pensent que vivre rue Lepic vous transpose forcément dans un film niais de Jean-Pierre Jeunet.

Me voilà donc médusée, devant une agente immobilière hilare, qui m’explique que je dois co-signer un bail prenant effet au 1er août 2010, lors même que je n’emménagerai qu’en novembre, me rendant responsable des 3 mois d’impayés si je veux coller mon affiche de Lloyd Dobler sur le mur nord de la chambre de droite.

Et ma gentille Sarah de m’expliquer que c’était à l’agence de renouveler son bail après tout, et que l’erreur vient d’eux mais tout va bien, car son ex-coloc, celui qui la déteste, lui a écrit: il dit qu’il ne lui donnera rien à elle, mais qu’il enverra un chèque à l’agence si l’agence le lui demande (cette agence ignore jusqu’à son existence). Et puis comme l’agence est en tort, elle ne peut pas être expulsée. Tout va très bien, Madame la Marquise, tu crois pas, toi? Je crois que depuis Lindsay Lohan niant avoir pris de la coco après la publication de cette photo, je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi auto-entretenu dans ses illusions et dans la non-responsabilité de ses actes.

C’en aurait presque été attendrissant si elle n’avait pas voulu me retenir un chèque de 350€ et si je n’avais pas dû faire opposition dessus. Je crois que j’ai commencé à vraiment lui en vouloir quand j’ai compris que je ne verrai jamais la couleur du Marc Jacobs Kelsey que j’ai eu l’idée géniale de faire livrer à son adresse, en guise de premier colis reçu dans mon nouveau chez-moi.

En moins de temps qu’il n’en faut pour dire “stupide”, me voici à écrire un mail moralisateur à cette pauvre Sarah, lui expliquant par a+b le marasme financier auquel elle s’expose, son idiotie crasse et qu’aucune personne d’un minimum de bon sens ne sera charitable au point de s’impliquer dans son merdier et d’alléger la charge mensuelle de ses loyers, si canon son appartement soit-il. Et il l’est. (canon)

J’agrémente le tout de “je ne pense pas que tu sois malhonnête, mais par contre t’as pas inventé l’eau chaude”, me rendant bien compte que je tire sur une ambulance par pur esprit de vengeance et de soulagement. Je crois qu’entre ça, l’opposition faite sur mon chèque alors qu’elle est dans le rouge de plus de 2000€, et mon projet secret de bondir sur son appartement une fois qu’elle aura dû fuir sans laisser d’adresse, ça va me coûter cher en piècettes données aux Yougo faisant la manche dans le métro, pour me racheter un karma à peu près décent.

Mais comme le dit cette phrase très à la mode, ces derniers temps: it gets better.

T’as qu’à voir pour Lindsay Lohan, justement: quand elle sortira de rehab pour la 5e fois, avant son 4e séjour en prison, elle trouvera un monde complètement transformé dans lequel Perez Hilton aura cessé de l’insulter, et de la renommer Lindsanity, LezLo, ou Lindsay Hohan, en même temps qu’il a fait sa profession de foi de blogueur ex-connard néo-humain – ça veut bien dire qu’au Paradis des gens idiots, les choses s’améliorent toujours un peu.

29 thoughts on “Elle s’appelait Sarah

  1. Je suis tes pérégrinations locatives, puis colocatives, sur twitter et je dois bien avouer que cela déclenche en moi autant de compassion (pour toi) que de peur (envers le ratio logement potable/aspirant habitant à Paris ainsi que l’espèce humaine en général).
    Un jour les petits poneys prendront possession du monde et Sarah vivra entourée de licornes phosphorescentes et de petits papillons virevoltants. Pour l’heure, Sarah se drogue (de toute évidence) et erre dans un monde qui ne la comprend pas (et qui va lui expliquer la vie dans la douleur).
    J’ai bien peur que tu aies un peu perdu ton temps en lui expliquant l’absurdité et la dangerosité de son comportement. Mais ce n’est pas ton combat. Non, ce n’est pas ta guerre Virgo. Certaines causes sont définitivement perdues.

    PS: Et sans déconner, elle t’a embourbée d’un sac Marc Jacobs ?!

    • Ben embourbé: en gros l’objet a quitté l’Arizona il y a 4 jours et devrait arriver à destination la semaine prochaine (fin de cette semaine au plus tôt) – la probabilité pour que Sarah, qui est *persuadée* que je l’ai volée de 300€, m’appelle pour me dire “eh, t’as reçu un paquet” est de -12%, je dirais…

  2. Roh, j’imagine la teneur en acidité de ton mail…Faudrait pas, mais ça me fait sourire rien que d’y penser. ;)
    BiseS meuf

  3. J’ai envie de te faire un gros *hug* tellement je trouve ça triste pour toi. Mais par contre, c’est drôle à lire (dans le sens où si on en faisait un film avec tes mots, ça deviendrait culte).

    Alors, c’est pas grand chose mais je crois que c’est tout ce que je peux faire dans l’instant : *HUG*

  4. Mmmmh, pour le paquet, il y a peut être une solution. Je ne sais pas comment il t’est livré mais si tu dois le récupérer à la poste, tu peux tenter d’y aller à une date où tu penses qu’il y sera. Une fois sur deux, il n’y a jamais d’avis de passage et il suffit d’une pièce d’identité pour le récupérer.

      • Penses-tu! J’y suis allée, je me suis fait pote avec la guichetière qui a fait un énorme écriteau à mon nom! Après, si le facteur le voit pas c’est une autre affaire…

    • En gros, oui c’est ce que je pense faire: j’ai l’intention d’aller à La Poste tlj à partir de demain pour m’assurer d’intercepter le paquet, parce que sinon, c’est pour ma pomme!

      • L’ennui avec les colis c’est qu’il me semble qu’ils sont sous traités, donc aller voir le bureau de poste en amont je ne suis pas certaine que ça serve à grand chose. Par contre, si tu as le numéro de colis, tu dois pouvoir savoir quand il arrive. Ensuite, s’il n’y a pas de concierge, ils ne montent jamais dans les appartements (enfin pas chez moi) donc tu as toutes les chances pour qu’il t’attende sagement au bureau de Poste pendant 15 jours.
        Bref, pour ma part, j’ai déjà récupéré des colis avec une mauvaise adresse ou dans un bureau de poste qui n’avait rien à voir avec le mien donc je suis optimiste pour ton sac.
        Bon courage en tout cas.

  5. Aaaaah mais pour ton paquet, c’est très simple : tu fais une réexpédition dès demain matin neuf heures à la poste (n’importe laquelle) : ça te coûtera 29 euros mais ton paquet sera directement réexpédié à son arrivée au bureau… faut pas déconner non plus ! Pas tout compris à ces histoires de bails et de loyers mais bon courage et bonne chance, surtout.

    • Ah mais oui, mais j’y ai pensé! C’est que la réexpédition marche pour les lettres mais pas pour les colis! Véridique! et vicieux. Moi, les 29€, ça me dérangeait pas, à la limite, mais visiblement c’est inutile! – non c’est vraiment tordu, cette affaire!

  6. Ah mais si ça marche !!! Qui t’a dit ça ? j’étais en réex jusqu’à il y a dix jours et un colis Amazon que j’ai commandé a été réexpédié, je peux te le confirmer. Méfie toi, ils disent n’importe quoi en général dans les bureaux. Faut contacter la distri directement.

  7. Rien d’objectif à dire sur Lindsay, tout simplement parce que je la trouve trop sexy.

    Par contre, pour le cas du logement j’ose me manifester (un peu) ; Alors oui, je n’ai jamais connu la colloc’ (par chance pour mon psy). Mais d’une part, j’ai des amis locataires à Paris qui me font partager leurs difficultés, et de l’autre, j’ai une famille qui est proprio dans les grandes villes de province.
    Donc j’ai un peu la double vison des choses ; Oui, la vie de locataire et mes contraintes qui vont avec, c’est chiant et les prix sont exorbitant!
    Ceci étant, être un proprio qui loue, ce n’est pas plus évident! Parce qu’entre les locataires qui ne payent pas et ceux qui ne quittent pas les lieux sans avoir tout ravager, ça fait mal (au moral ET au porte-feuille).
    J’imagine donc bien ton statut ; en tant que colloc’, tu n’as aucune obligation face à Sarah, mais tu en as face au proprio qui lui, a BESOIN de ce loyer!

    (dilemme à la con)

    • Je ne crois pas avoir dit une seule fois que le proprio n’avait pas besoin de son loyer. J’ai toujours payé mes loyers en ce qui me concerne, mais je ne vois absolument pas dans quel univers parallèle je devrais payer les loyers impayés que je ne dois pas pour un endroit où je n’ai jamais habité. Il s’agit en l’occurrence d’impayés entre août et octobre – je devais emménager en novembre. Je suis honnête, mais je suis pas stupide, faut pas déconner. La question du bon droit des propriétaires n’a pas grand chose à voir avec mon histoire avec cette Sarah, en l’occurrence.

      • Oui, alors je me suis (encore) mal exprimée : Je n’ai jamais eut l’intention de dire que c’était ton rôle de payer le loyer de Sarah. Et je me doute bien que tu payes tes loyers comme il se doit.
        Si le reste de propos, c’est sans doute la faute à mes associations d’idées saugrenues.

  8. Pingback: Ma vie, c’est comme un film de Jean-Pierre Jeunet… « Virgoblog

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