I was bad news for you, just because…

Tenir ce blog joue avec ma vie.

Surtout avec ma dignité, mais avec ma vie nonetheless. Tenez, par exemple, lundi dernier, alors que, par un enchaînement karmique, Pitseleh d’Elliott Smith succédait à Never Ever des All Saints dans mon iPod, j’étais perdue dans une réflexion supposée aboutir à une lumineuse typologie de breakup songs pour ces pages, ce genre de réflexion complètement auto-entretenue qui fait que l’on ne se rend même plus compte que l’on marche Rue de Rennes à 18h30 – dans ces moments-là, c’est salvateur. Le problème, c’est que ce genre de réflexion fait aussi perdre de vue qu’il y a des escaliers dans le métro. Maintenant, j’ai 4 hématomes à la jambe droite pour me le rappeler. Des bien, des violet, des gros.

Ladite réflexion sur les breakup songs a été, bien évidemment, stoppée net, et c’est bien dommage, car j’en arrivais à ébaucher une catégorisation visant à évaluer le ratio FM-friendly/dureté de la rupture/importance de la relation dans la construction de l’être au monde.

J’ai trouvé le tumblr de gif animés de Beverly Hills le mieux du monde :)

Pour tout vous dire, ça m’a rappelé cet épisode de Beverly Hills (the original one) où Brenda Walsh, fraîchement célibataire après avoir découvert les errements de Dylan avec Kelly pendant qu’elle était en séjour linguistique à Paris, essayait de franchir le premier cap en écoutant compulsivement Losing My Religion de R.E.M. (plus tard dans l’épisode, elle fantasme qu’elle tranche dans le vif la crinière blonde de Kellz en guise de vengeance, ça doit être pour ce genre de scène que Shannen Doherty a intitulé sa biographie Badass).

Ce tumblr est si bien <3

Or doncques, avant que mes pieds ne se mettent eux-aussi en mode shuffle dans les escaliers du métro, j’en étais à ce moment où je me disais qu’une histoire de 4 ans ne pourrait jamais se satisfaire d’un Never Ever (mais hé, cette chanson a des qualités certaines).

A l’époque, j’avais jamais eu de petit copain – té la Seconde 4 puis la Première L, si vous m’aviez vue, timide que j’étais. Mais j’étais sûre que si j’avais le coeur brisé, je vivrais chaque mot de cette chanson. Puis sont venus les hymnes girl-power-sugar-babydoll, qui de Beyoncé (Irreplaceable), qui de Britney Spears (Shattered Glass), racontant en substance qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée et que le fâcheux ne se rend pas compte de ce qu’il perd, all the ladies who are independent et j’en passe. C’est immanquablement vers ces teen idols qu’on se tourne pour retrouver la foi en soi, à l’issue d’une passade qui tourne au vinaigre. Ça manque de sagesse relationnelle, mais il est à noter que ce genre de rupture, bien que peu flatteuse pour l’ego, est vachement plus sympa pour marcher dans la rue.

L’autre cas de figure, eh oui, c’est quand il faut passer par une phase emo-sad-valium.

Pitseleh, c’est donc une autre histoire. Je me rappelle ce voyage retour de New York vers Albany l’an dernier et demi, peu de temps après mon anniversaire. J’avais la chanson à fond dans les oreilles en passant au large d’Elizabeth, NJ. Et puis soudain, drame: ce moment où tu te mets à écouter des paroles qui disent “I’m so angry, I don’t think it will ever pass, and I was bad news for you just because I never meant to hurt you” et qu’elles correspondent mot pour mot à ce que tu voudrais qu’il te dise. L’identification est tellement forte à ce moment, que seul le déni peut faire passer la pilule. Ecoutée en mode repeat pendant les 3h qu’a duré le voyage, comme pour me convaincre. Pour d’autres, ce sera The End of the World, de Skeeter Davis, ou alors un vieux standard folk ou même Hurt de NIN, en tous cas, il faut trouver cette combinaison harmonieuse chanson pour dépressif en phase très avancée/standard reconnu pour sa qualité au-delà des contingences de son époque. L’exacte inverse de la première catégorie, en somme.

Ca doit tenir à la nature du rebound. Quand tu cherches la motivation pour passer rapidement à autre chose et réaffirmer ta nature de succube séductrice, ce n’est pas la même démarche que celle qui consiste à accepter qu’une histoire est arrivée au bout de ses possibilité, parfois malgré toi. C’est la bravache contre l’abnégation. Le girl power contre la chienne de vie, si vous voulez.

De la niaise pop sucrée permet de surmonter une histoire insignifiante, du singing-songwriting de qualitay une histoire qui a compté. Okay bien. Un peu faiblard, comme conclusion, je reconnais. Then again, quand on me regarde du point de vue de la jambe droite, on a l’impression que j’ai été au milieu d’une ratonnade en pleine Goutte d’Or, il faudra donc s’en contenter.

Le corps et l’esprit forment un tout indissociable, vous savez.

25 thoughts on “I was bad news for you, just because…

        • Il parle de “needle” donc oui, sans doute c’est de la drogue (mais je connais pas trop NIN ni Trent Reznor pour savoir en fait), mais je crois que dès le début, le public a interprété cette chanson dans un sens plus vaste – genre l’échec et la souffrance d’une manière générale. La version de Cash rend ça carrément plus clair: le mec a 70+ ans, c’est un ex-alcoolique déglingo, forcément, ça ressemble à du bilan de vieil homme mourant (what have i become, everyone i love goes away in the end). C’est pour ça, cette chanson est fabuleuse, elle peut parler à plusieurs formes de souffrance…

  1. can’t stop loving you de Phil Collins.
    ce qui finalement ne correspond pas à mon tempérament, car si en matière d’ex, je reste assez détachée de la rancune si l’on garde contact, ça ne m’empêche pas de passer à autre chose, jamais je ne me suis accrochée comme une moule à mon rocher en attendant qu’un gars change d’avis, j’ai le masochisme léger, je crois.

    • Je pense pas que ce soit une question de rancune, de rester accrochée ou de masochisme (pas forcément, je veux dire). Y a un million de ruptures et autant de façons de les gérer. Même sans s’accrocher comme une crampe, on est rarement insensible à une rupture, et certaines chansons nous parlent plus que d’autres suivant cela.
      La chanson d’Elliott Smith, par exemple, ne parle pas de ça, elle renvoie plutôt à l’idée qu’en dépit de l’affection qu’on peut avoir pour quelqu’un, parfois, les circonstances sont plus dures que la meilleure volonté du monde (entre autres). C’est plus de la rancoeur contre “la vie” que contre quelqu’un, d’une certaine manière. Bref.

  2. – ‘tain mais ces tumblr vont jusqu’à me donner ENVIE de me remater tous les vieux 90210 (première génération) ;
    – À chaque fois que j’entends “With or without you” de U2 (et ce sera toujours à des moments inopinés, pas chez moi) me revient instantanément la scène de rupture entre Ross et Rachel (et ma poitrine se serre un quart de seconde à chaque fois aussi).

    • J’ai la saison 1 en DVD. C’est marrant à revoir – on s’en est fait un souvenir quasi-sulfureux, alors que c’est très niaiseux, en fait… mais cool; mais niais.
      Ton U2 est donc mon REM. :)

  3. Tiens c’est marrant, cette chanson c’est toujours ce que j’ai voulu lui dire, mais pas entendre. Je pensais pas qu’on pouvait l’entendre de cette façon d’ailleurs :)

    • Quand tu as du silence, tu préfèrerais entendre quelque chose. Même si ce quelque chose n’est pas agréable, ça donne du sens et ça permet de comprendre. Je crois.

      Et puis, je sais pas de quelle chanson tu parles, si c’est Pitseleh (dans le post) ou Hurt (commentaires), mais dans le cas de Pitseleh, ce côté “no one deserves this” et “I never meant to hurt you” rend absolument impuissant, mais a un côté apaisant, d’une certaine manière.

      • C’était Pitseleh.
        Mais tu veux dire que tu souhaiterais entendre d’un mec qu’il te dise “I’m so angry, I don’t think it will ever pass, and I was bad news for you just because I never meant to hurt you” ?
        Mais c’est pas une critique. C’est surprenant.
        En fait je comprends que le gars qui parle à son ancienne copine lui dit qu’il voit bien qu’il n’a été qu’une mauvaise chose pour elle puisqu’il n’a jamais voulu lui faire du mal (alors que c’est ce qu’elle cherche). Je vois cette chanson comme un reproche à une fille qui n’a jamais voulu être heureuse dans une relation. Voilà pourquoi ça me surprends que tu attendes qu’on te dise ça. Mais mon interprétation et ma traduction sont peut-être très mauvaises.
        Enfin voilà, ça reste une très belle chanson et Elliott Smith représente tout ce que j’ai toujours voulu entendre en musique. :)

        • Ahaha en fait, c’est plus compliqué. J’attends pas qu’on me dise ça, as in “ce serait trop chic qu’un mec me dise ça”. On va dire que, dans des circonstances très précises et très localisées, cette chanson a répondu à un moment d’incompréhension sur la situation dans laquelle je me trouvais avec mon mec, et que ça m’a permis de mettre des mots sur le désarroi dans lequel on se trouvait et donc de comprendre que peut-être, il n’y aurait pas d’issue. Et y en a pas eu, et c’est sans doute ce soir-là que j’ai commencé à comprendre que c’était agonisant. C’était un moment très triste et dur mais cool dans cette tristesse et dureté.

          Mais moi je la vois pas comme un reproche à une fille, ceci dit. Plus comme un constat défaitiste et décourageant (le “God makes problem just to see what you can stand, etc.”). Mais vu les paroles, je pense qu’on peut l’interpréter de façons différentes suivant notre histoire, c’est ce qui la rend si juste, sans doute…

          • Non c’est très clair, mais je ne vois pas les choses comme ça. Mais comme tu le dit, ça renvoie à des choses personnelles et donc j’ai peut-être tendance à vouloir faire coller la chanson à la réalité.

  4. Pour se défouler: Songs for the dumped de Ben folds five “give me my money back, you bitch”
    Pour un moment girrrrlpowa “mec tu vas t’en mordre les doigts” Someday de Mariah Carey (1er album) (kesskiya?)
    Pour marcher au ralenti dans la rue genre ma vie c’est une série télé américaine et là c’est le dernier épisode avant le christmas break et je viens de me faire larguer: soon or later, de N.E.R.D “soon or later it all comes crashes down”
    Pour contempler dignement la pluie qui tombe, le front collé à la vitre de ton studio, Un dimanche de novembre, 6 mois après votre rupture: Love riden de Fiona Apple “No, not “baby” anymore – if I need you I’ll just use your simple name; Only kisses on the cheek from now on; And in a little while, we’ll only have to wave
    Avant de s’ouvrir les veines ” i know it’s over” des smiths

    C’est marrant cette chanson Pitseleh parce que même si ça fait des années que je l’ai pas écouté je m’en rappelle très clairement notamment le passage “no one deserves it” qui est du genre à te serrer le coeur d’un coup et à te faire chouiner dans le métro. Pour l’instant j’ai pas cliqué sur la vidéo, je me sens pas encore prête à revenir vers E. Smith.

    • Mariah Carey, no shame in your game, je te dis, je carbure à All Saints et Britney Spears dans certains cas… Je suis contente d’avoir fait ce post, vous me filez plein de titres à découvrir! :)

  5. sans vouloir la ramener, c’est étonnant comme ce post ressemble à celui que j’avais fait il y a 2 ans, intitulé “La Rupture en chansons” : http://marivaudage.blogspot.com/2009/06/la-rupture-en-chansons.html
    avec la fameuse étape de déni que tu évoques également

    Je pense toujours qu’à chaque étape de la rupture, il y a une chanson qui colle mieux mais suis assez d’accord que Never Ever marche à peu près tout le temps, à égalité avec The Winner Take It All d’ABBA.

    • Oh mais ton post est clairmeent plus élaboré que le mien! (c’est à cause des escaliers du métro)
      En vrai, j’ai hésité à faire une 3e section “breakup songs ultimes et hors catégorie”, celles que t’écoutes hors-contexte et qui créent quand-même une émotion de dingue tellement elles sont spot-on. Et y aurait eu que deux chansons. The Winner Takes it All de Abba et Salut les Amoureux de Joe Dassin. Mais j’ai eu peur de m’emporter.

  6. Si je puis me permettre, question chansons de rupture, j’en connais trois excellentes (de mon point de vue, cela va sans dire) :

    – dans la catégorie girl power / besoin de se défouler et de cracher un peu sa bile, il y a “Crève”, de Mademoiselle K (un titre et une chanson tout en subtilité, mais honnêtement, je pense qu’il y a un stade dans une rupture où c’est ce qui fait du bien)

    – dans la catégorie man power / “ouais t’façon même pas mal d’abord”, on trouve la géniale “Ok tu t’en vas” d’Yves Jamait (<3)

    – et enfin, dans la catégorie "j'en suis à ma cinquième phase du deuil, on y est presque les gars", Mademoiselle K revient avec "plus le cœur à ça".
    http://www.deezer.com/listen-3114918

    Mais Elliott Smith… Inégalable quand même, ce type.

    • Ah mais permets-toi, permets-toi!! Mademoizelle K, c’est pas vraiment ma came, mais ça doit refléter des gestions différentes de la rupture – Elliott Smith, quelle belle âme *sigh*

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