Etre une girls’ girl, girly girl et ce qui va avec, ça m’a jamais trop dérangée, même le label. Ce blog parle pour moi. J’aime bien ça, les copains aussi, ça les amuse (et pourtant, moi non plus, je lis toujours pas Diglee, et certes, j’aime la guerre des étoiles mais dès mioche, c’était aussi à cause de ce crush absurde pour le Skywalker pré-paralysie faciale / je sais je sais, j’étais pas très alpha male, à l’époque).
Parfois ça relève du defense mechanism, parfois, je vois même ça comme une forme d’anti-conformisme – évidemment le conformisme ou l’anti-, c’est lié au milieu dans lequel on évolue, et sur les Internets, ça me rend terriblement mainstream. Mais dans ce noir pays de Mordor qu’est mon milieu professionnel, certaines choses sont mal vues.
Je me rappelle, quand j’ai commencé à faire cours, avoir passé plus de temps qu’il n’est raisonnable à conceptualiser l’habillage enseignant – à une époque où Lindsay Lohan à peine rehabée une fois, pouvait encore passer pour une it-girl (hihi!), une époque aussi où je bloguais que j’étais vraiment trop sucre & miel avec mes étudiants (c’était vrai). Times they are a-changing.
On m’avait un peu taclée à ce sujet, d’ailleurs. Il paraît que chercher à avoir un pantalon à ma taille et une veste en bon tweed me rendait pas très sérieuse et un peu hautaine, moi qui pensais que c’était surtout juger les gens sur cela et non sur le contenu de leur travail qui n’était pas très sérieux. Tu vois, on y revient toujours: God I hate les préjugés sur les jolies filles. Dans cet océan de poncifs, pourtant, il faut redire cette vérité: les pires attaques misogynes du monde professionnel, elles viennent des féministes hardcore, et c’est tout sauf un hasard.
Vexée comme un pou, j’avais décidé que mon milieu professionnel n’entrerait plus jamais en ligne de compte dans ma façon de m’habiller. Ni aucun autre d’ailleurs (mais hé, c’était faire attention à rebours, en fait). Ergo, arriver en date avec un jean informe et des chaussures moches pour pas donner l’impression d’être apprêtée, aller bosser aux archives d’Albany en Marc Jacobs ou Christopher Kane, faire cours avec un body dentelle apparent, du vernis jaune, léopard métallisé, des jeans déchirés et des hauts lol Castelbajac, tout y est passé.
Cheap, airhead, occasionnellement vulgaire (dixit la mère de mon ex, sur un mode affectueux, ceci dit – la première fois que je l’ai vue, je portais une robe ras-la-moule & des bas dont on voyait dépasser la démarcation).
Ma pote Adeline appelle ça jouer du contraste. Me mettre délibérément un handicap pour le contourner avec plus de flamboyance (oui, je peux être présomptueuse à ce point, mais plutôt quand je suis vexée en fait). C’est peut-être surtout une façon d’emmerder le monde, ma seule forme de rébellion, de grâce, laissez-la moi.
Bon, mais comme cette année, dans 1 jour et demi, j’ai décidé que c’était un nouveau départ, j’ai décidé, pour changer, d’avoir une apparence vestimentaire appropriée au milieu où je me trouve. Alors j’ai commencé ce catalogue manuscrit de fringues “faculty-friendly“, que je compte transformer en base de données, pour compiler mes meilleurs outfits pro et élégants, éviter les redites trop rapprochées en le tenant scrupuleusement à jour.
Forcément, ça me fait réaliser mon fantasme cinématographique numéro 1,5. Si on vous demande, expliquez que c’est un moyen de consolider mes bases sur FileMaker Pro.
j’ai fait ça un peu aussi, genre tjs aller à mes réunions féministes habillée en fille bourgeoise, tracter à la gay pride en robe à pois qui arrive sous le genoux… Je crois que je voulais bien marquer que ma façon de penser ne dictait pas mon look, mais mon goût pour la mode oui. Et puis au bout d’un moment, à force d’aller travailler ts les jours, je me suis dit que je m’habillais pour moi, pas pour faire évoluer la façon de penser des autres. Et c’est aussi bien comme ça. Mais pour l’aspect la femme est un loup pour la femme, je te rejoins à 100% Je suis victime du capitalisme de la sape, je bois les paroles des marketeux c’est certain, mais je le vis bien, merci de vous inquiéter pour moi !
C’est un peu exactement ça, oui. “je m’habille pour moi” – sauf que s’habiller “pour soi” est un peu une prise de position quand on te dit “tu vas pas aller en jean baskets à ton rdv avec ton directeur”? bah si, pourquoi? ohohoooh je suis trop une rebeeelllle. Donc c’était pas *nécessairement* pour faire évoluer la façon de penser des autres, mais ça m’amusait que ça vienne un peu avec. Bref, c’est un débat difficile à démêler: mais c’est vrai que maintenant, le “je m’habille pour moi” m’oriente de plus en plus vers “je veux rendre bien devant mes collègues” ce que je ne faisais plus depuis au bas mot 3 ans.
la sacoche! la sacoche!
Mieux: une *serviette*!!
nan bon j’avoue je resterai au sac en toile mais je vais prendre mon Strand plutôt que mon Blondie ou mon Lady Gaga^^
Quand j’ai commencé à enseigner, je me suis posé la question de changer de look car j’étais à mille lieues de ressembler aux profs de français que j’avais eues, mais je n’ai rien changé et j’ai gardé mon no-look. Bon au début (il y a 8ans) on me prenait pour une élève, mais en passant au collège la confusion n’a plus eu lieu ;)
Moi c’était pas tant changer de look qu’avoir ce côté quasi-rôle à jouer. Ca avait un côté clairement amusant, et changer de look pour les cours aide à prendre une posture d’autorité puisqu’on *incarne* quelque chose, on cesse d’être une personne pour devenir un rôle – et effectivement, le fait d’avoir le même âge que mes “mômes” – certains sont plus âgés, ça joue pas dans mon sens. Mais quand on se sent démobilisé par rapport audit rôle, sans doute que le reste suit…
Je suis bien d’accord les profs sont des grands comédiens (et que cela permet de prendre un posture d’autorité), tu dois toujours faire attention à des tas paramètres, les enfants ne te pardonnent rien et surtout pas une faiblesse. Moi c’est un mélange de patience, d’écoute et de fermeté, ça marche bien. & surtout dès que je rentre en cours, j’oublie les tracas éventuels, pour jouer mon rôle ;)
En fait, ce sont les adultes qui parfois se posaient des questions (un surveillant ne voulait pas que je rentre dans la salle des profs la 1ere année où j’ai enseigné), mais comme je dis dans ma famille on fait tous 5 à 10ans de moins, ce sera un avantage à 40ans, je crois …
Hier encore, un barman m’a prise de haut en me donnant moins de 25 ans, avec envie de m’apprendre des choses sur l’histoire de France… Hum.
On prend ma mère pour ma grande soeur … Pas mal avec nos 25ans d’écart ;)
Parfois j’ai presque envie de dire que “oui je suis encore étudiante” pour profiter des réductions auxquelles je n’ai plus droit …
Oui, il y a du garçon de café qui joue à être garçon de café dans tout ça. Et puis bon, la contrainte n’a jamais été un obstacle à l’inventivité et à la création me semble-t-il. Si on peut écrire La Disparition, on peut être Lindsay-Lohan-devenue-it-girl-par-grâce-divine avec des fringues faculty friendly. Donc je valide (yeah).
L’inventivité, le truc c’est que ça renvoie une image trop “lol” – or j’ai décidé d’être le garçon de café qui joue au garçon de café qui joue à la prof-Marie-Chantal. A voir sur la durée!
J’ai l’impression que je vais te paraphraser mais je trouve difficile de faire la part entre le fait de vouloir s’habiller “pour soi” sans s’inquiéter du qu’en-dira-t-on et la part de provocation que cette démarche peut avoir intrinsèquement. J’ai connu le problème quand j’ai refusé d’investir dans une robe de bal pour mes cérémonies estudiantines diverses. Et au final, ma sobriété a été apprécié (il faut dire que le défilé de princesses étaient assez risible). Mais je pense que quand on sait qu’on va se démarquer par rapport à l’uniforme ambiant, il faut s’attendre à des remarques. Et quelque part, si on refuse de porter l'”uniforme” c’est qu’on émet soi-même un jugement dessus.
Si le refus est délibéré, oui. Disons que j’étais “nature”, ou plutôt McDo (venez comme vous êtes), mais c’est une illusion de croire que ce sera pris comme tel…