“Pour tout vous dire, ça m’a énervée, ce qu’ils vous ont fait, alors je me suis un peu emportée et je leur ai fait pareil. Y en a un, je l’ai attrapé par derrière, étranglé, mis un coup de latte, et je lui ai dit que s’il parlait pas, je lui arrachais les couilles, si vous me passez l’expression.” – Paris Austerlitz, 15 juillet 2012

Un an de naïveté à Paris, en une image.
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En février, j’ai pris le métro, j’avais plus de portefeuille. En juillet, je suis rentrée chez moi, j’avais plus envie de sortir. En octobre, je suis restée chez moi en arrêt-maladie, des faux ramoneurs sont passés, maintenant, j’ai peur qu’on vienne cambrioler ma collection de vernis à ongles. En sept mois. J’ai un réel problème de discernement. J’en chialerais, à vrai dire. J’en ai chialé. C’était dimanche dernier, ça s’est mal passé.
“Alors là, mademoiselle, on va s’arrêter tout de suite. Avec moi, les larmes, ça passe pas du tout. Alors d’une part, vous allez me faire le plaisir d’arrêter tout de suite, parce que pleurnicher, ça va pas régler vot’problème. Et je vous préviens, si j’apprends que vous sortez pas de chez vous ou si je vous ré-entends me dire que vous avez peur dehors, ça va mal aller.”
Je crois qu’au fur et à mesure de mes dépositions, je développe une profonde affection pour les fliquettes qui me reçoivent. Elles ne s’en laissent conter ni par les loustics qui nient tout en bloc, jusqu’à leur identité, ni par les pleureuses terrifiées de s’être mises en danger. Ce sont mes tueuses de vampires à moi, façon dernière saison de Buffy (celle où plein de tueuses sont en formation), ce genre d’individu qui t’invite à arrêter de t’apitoyer sur ton sort et à te sortir de la merde toute seule comme une grande.
“C’qu’on va faire, c’est ça. Elle est comment votre porte, en bois ? En un coup de pied, je la défonce, vot’porte, c’est vrai. Bon, un blindage léger, c’est quoi, dans les 250€ ? Arrêtez de pleurer. Vous faites mettre une plaque de fer – du fer, hein, l’allu aussi, je peux le défoncer – vous installez une barre anti-effraction, et voilà c’est un blindage léger, c’est pas grand chose, mais ça découragera des types qui ont pas trop le temps. Et vous sortez. Et on arrête les conneries, maintenant, ça suffit. Vous téléphonez pas dans la rue, vous téléphonez pas dans le métro, vous regardez autour de vous, et vous prenez des sacs qui ferment. Que j’entende plus parler de ‘je reste chez moi en sécurité’, ça va pas du tout de se comporter comme ça, hein. Vous vous êtes mise dans cette situation toute seule, vous allez vous en sortir toute seule aussi, et plus forte.” – Empowerment 101, par une femme flic du 13e arrondissement, le 6 octobre 2012.