Marrant comme le fait d’avoir 30 ans a tendance à désinhiber notre génération dans son rapport aux sucreries les plus premier degré produites par la culture adolescente. Est-ce par envie de fraîcheur après des années de “lolitrash” (de Britney, “X-Tina”, à Miley Cyrus et ses collègues, en passant bien entendu par LiLo), vaguement rebelles, mais devenues surtout boring à la longue ? Ou est-ce par amusement pour cette réappropriation premier degré (mais néanmoins amusée – donc pas si lisse) des codes de la pop tels qu’on les a découverts dans les années 90 et 2000 ? Quoi qu’il en soit, la rebellion n’est plus très à la mode, il semblerait. I mean, il suffit de voir le succès massif de Call Me Maybe, et je ne me suis toujours pas remise de l’article de Jack Parker sur One Direction pour Madmoizelle ni de celui de Mélanie sur la Kpop.
D’ailleurs, depuis que cette dernière m’a entraînée dans le vice en m’invitant a suivre d’un peu plus près les délires des directioners (pour les profanes, il s’agit des fans de One Direction, 15 ans et demi au compteur), j’ai un nouveau guilty pleasure. Il consiste, chaque matin au réveil, à aller sur le compte Instagram Shit_Directioners_Say et à lire les réactions de fangirls à chaque photo cheesy et choupie des non moins choupis membres du groupe postée dans la nuit. Et ça peut prendre beaucoup de temps (250 commentaires en moyenne par pic). Quitte à m’être empêtrée jusqu’au cou dans cette lecture, autant vous en faire partager mes conclusions (un indice: ce compte est très bien nommé).
Depuis le début du mois se joue un mini-drame pour la communauté directioner : un des membres du boyband, Liam Payne, a renoncé à sa chatoyante chevelure savamment structurée en un semi-bordel archi-organisé.
Ça a l’air d’une anecdote, mais en fait, outre le fait que ce soit l’objet de véritables articles de fond de la presse britonne la plus engagée (hum), ça doit être suffisamment important pour justifier une réaction d’une violence assez rare chez les fans. Nan parce qu’à bien y lire, on est complètement dans le paradigme du deuil tel qu’il a été analysé par les historiens de Péronne travaillant sur la gestion de l’après- Grande Guerre. Mon cas d’école est la litanie de réactions à cette photo. Nous trouvons tour à tour (j’ai pris les étapes définies par Elizabeth Kübler-Ross, mais bon, l’idée reste la même) :
– le choc et déni – pourquoi mais pourquoi ?!?! Je n’ai malheureusement pas d’exemple à l’appui, tous les cas de “wahhhahhht happpeennnned to his hair” ou de “liaaaammmm noooyourhair nooooooooooo” ont été édités par la proprio du compte (une lycéenne de 16 ans un peu rétive au 1D-bashing, pour info)
– la colère et incompréhension – il l’a fait pour les enfants malades du cancer (ah bah alors TOUT VA BIEN) : “all of you that are hating on Liam’s hair. Fuck off. He gave it to kids with cancer, or so I heard. It’s his choice, not yours. We still support him.” par @nikkimannarinooo
– le marchandage – ça va repousser : “His hair will grow back in a few weeks. Calm down.” par @miayoung13
– la dépression – ses cheveux me manquent : “his hair :'(“ par @treyy_40 et autres “I miss his hair” par @albrenning. La dépression appelle à la sobriété.
– l’acceptation – il reste beau quand-même et c’est sa décision, il nous appartient de la respecter (on note donc un soupçon de “restons soudées dans l’adversité”) : “he looks cute either way, his choice” par @dtlarican69, voire carrément “he’s just so darn adorable, i’m too busy looking at that smile to care about his beautiful haircut <3” par @jessiemarquez
– on pourrait aussi ajouter le retour à la religion – si t’es un vrai, tu aimes quand-même. “well if your a true directioner than you will support him either way” (sic) par @ariana_pachec0
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Quels enseignements tirer de tout cela ?
Fossé générationnel majeur, cette mode du cheveu fou et en bonne santé (objet d’un gag récurrent au Petit Journal l’an dernier, d’ailleurs) me paraît en complet décalage avec nos fantasmes de jeunesse. Je reviens sur le fait d’avoir trente ans, mais les cheveux devaient être soit très longs soit rasés de près pour être cool quand j’étais ado (les deux reprenant de près ou de loin des codes de rébellion). C’est comme si cette génération érigeait le lisse et le propret en modèle. On parle certes d’un boyband, donc tout est normal, mais à l’époque, même dans Take That y avait un mec à dreads, Robbie était à ça de la boule à Z et ils étaient tous piercés et/ou tatoués. Maintenant, à chaque fois que je vois un mec avec ces tifs foufous façon weekend à La Baule, j’ai l’impression que je suis à quelques mois seulement de la canne et de la maison de retraite.
Ensuite, on ne saurait le nier, je crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de plus sexy que de passer sa main dans les cheveux d’un homme (même fraîchement majeur). Alors tout cynisme mis à part, je les comprends ces fangirls déçues et j’ai l’impression que, malgré leurs enflammades, elles pigent plus de choses cruciales que nous au même âge. Je leur fais même un hug, tiens.
SALUT POUPAY

Et sinon, je savais bien qu’il ne fallait pas que je m’approche trop de One Direction, ça y est, je suis foutue. Mon préféré c’est Harry, parce qu’il a une mèche saisksy, des yeux bleus comme l’océan et une bouche en forme de fraise.
Mais j’aime bien Zayn aussi parce qu’il a des tatouages qui datent d’une semaine et que c’est un bad boy avec des abdos et des cheveux qui tiennent tout seuls.
Bonus de la mort qui assassine : http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3349-c-le-grand-journal.html?vid=749400
(I’ll be back)
Ahahahahah c’est parfait !
“on ne saurait le nier, je crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de plus sexy que de passer sa main dans les cheveux d’un homme (même fraîchement majeur)”
Sex appeal personnel réduit à zéro. Putain. Merci, quoi ! :)
Ahah oups ^^