Avec tous les cosmo-hits sortis pendant sa période Destiny’s Child, puis pendant sa période solo “BeySashaFierceMrsCarter”, c’est marrant que le clip le plus emblématique de Beyoncé pour moi soit celui de Lose My Breath, le premier single de Destiny Fulfilled, au point de sautiller en le diffusant après avoir réservé mes places pour le “Mrs Carter Tour”. Avant comme après, il y a eu des titres plus efficaces, plus marquants, plus honorés par la critique. Mais c’est comme si ce clip renfermait, pour moi, la quintessence de 10 ans de RnB, et donc des années 2000, au moment où le trio tirait sa révérence pour voguer, avec plus ou moins de succès, vers de nouveaux horizons.
Je veux dire, sérieusement, peut-on aller plus loin dans l’affirmation de soi que mettre en scène une fucking *battle contre soi-même* ? Les Destiny’s Child se déclinent en trois versions, dans ce clip, s’affrontant successivement sur le terrain du swag et de la danse. Les princesses street RnB (qu’elles n’ont jamais vraiment été) sont vaincues par le produit pop générique (leur version en tailleur prune) avant que ces dernières ne s’inclinent devant l’incarnation, toute de fourrure vêtue, du superstardom. Un storytelling voué à dire “maintenant, on est devenues des femmes et des superstars, on ne le doit qu’à nous-mêmes, on se casse la tête haute entamer nos carrières solo, later, bitches“. Rien ne pouvait mieux symboliser l’évolution de la carrière de ce girlband que cette juxtaposition sur fond d’une rengaine infectieuse. Une bien belle porte de sortie, si vous voulez mon avis.
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Bon, à la réflexion, c’est pas si surprenant que ça, en fait. A la sortie du clip, en 2004, je préparais l’agreg d’Histoire, et la masse proverbiale de boulot associée à ces concours d’enseignement, conjuguée à mon rythme de croisière d’une migraine de connard par semaine, tout ça faisait de ce clip le meilleur défouloir qui soit quand j’essayais, dans ma chambre, d’en reproduire la chorégraphie. C’était avant l’ère Youtube, on se dépêchait pas d’ensuite mettre le résultat en ligne, et je crois que cet âge d’or a dû désinhiber bien des donzelles en pyjama. Pour ma part, je n’arrivais vraiment à faire que la partie hairography. Si t’ajoutes à ça le fait que je vivais cette année comme celle de l’évolution pour moi aussi, pensant que l’agreg allait fulfill my destiny et surtout me permettre de m’émanciper de ce cadre scolaire tentaculaire, finalement, c’est même très très logique. Sauf qu’entre temps, y a eu la thèse.
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Destiny pas 100% fulfilled, finalement, mais avec un chapitre de quasi-bouclé, on y travaille on y travaille.