Auprès de mon arbre

J’ai donc lu After Visiting Friends de Michael Hainey dans le cadre du book-club organisé par Shanna et ses copinettes.

#nofilter, sur ma vie.

#nofilter, sur ma vie.

À côté de la sensation fort agréable de finir un bouquin en pyjama dans le rocking-chair du jardin de mon père sur les coups de 11h37 du matin (ce jardin-même qui contient piscine et palmier géant, don’t hate), j’ai été punie de ce moment très “art de vivre” par un double effet kiss-cool :

– le rapport de ce mec à la famille est à peu près aussi dysfonctionnel que celui de tout un chacun, alors quand vient la chronique d’un ancêtre qui décline ou qui baisse les armes, la description prétendument journalistique et sans filtre rappelle des souvenirs moyen-bof. Curieusement, ça a quelque chose de rassérénant, je saurais pas trop dire pourquoi, si c’est le sentiment de partager un lot commun, ou alors c’est que la nostalgie pure a pris le pas sur la tristesse, auquel cas, je peux pas me plaindre.

“Elle [la mère de l’auteur] a toujours eu une relation compliquée avec sa mère. Ce qui se passe maintenant, ce n’est qu’un chapitre de plus. Je veux bien être là pour elle. Mais je sais aussi qu’elle doit traverser cela comme nous tous—seule.”

“‘On doit la sangler’, nous explique l’infirmière avant que je demande quoi que ce soit. ‘Elle enlève toutes ses intraveineuses en pleine nuit, en criant qu’elle veut rentrer chez elle (…) Les gens de l’âge de votre grand-mère perdent souvent leurs repères quand ils viennent à l’hôpital. Ce qui leur était familier n’est plus là. Les sangles sont là pour son bien. On pense que ça aide les patients à se souvenir d’où ils sont.’ On dirait un papillon épinglé dans un cadre.”

J’ai riposté à ce passage en fonçant acheter une de ces cartes postales de la côte d’azur, où la photo est un poster rétro vantant les mérites de la croisette, et j’ai écrit un “Je pense très très fort à toi, bisous” à ma Mamie qui, depuis le 27 janvier dernier, est triste au point d’en être devenue insupportable. C’est dur d’en vouloir à quelqu’un qui a du chagrin. C’est juste qu’à un moment donné, il faut choisir sa personne. Mamie aura toujours sa fille, ma mère, pour la défendre à ses dépends. Et du coup, il faut bien que quelqu’un se fasse du souci pour ma mère (cf. citation numéro 1). C’est pas toujours très compatible, même si je les aime terriblement toutes les deux.

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– les prémices de l’histoire, c’est que le père de l’auteur est mort d’une rupture d’anévrisme en pleine nuit. “Mais c’est pas vraiment un spoiler, tu sais”, vous diraient les bâtards qui ont vu l’épisode 9 de Game of Thrones saison 3 avant toi. Quoiqu’il en soit, quand cette nuit quand j’ai secoué mon mec à 5h du matin parce que je trouvais qu’il avait pas l’air de respirer et que je voulais m’assurer qu’il était vivant, c’est lui qui aurait pu me traiter de bâtarde. A vrai dire, il était tellement vivant qu’il a fini sa nuit dans la foulée, et la seule raison pour laquelle il m’en veut pas, c’est parce qu’il est le garçon le plus gentil de l’univers.

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A part ça, c’était un choix tout à fait recevable, le gus est réd-chef adjoint pour GQ, a la parfaite tronche de l’intello new-yorkais dandy et reconstruit ses souvenirs d’enfance comme un polar. J’en dirais bien un peu plus, mais la soudaine absence du palmier de Saint-Raphaël dans mon salon parisien me procure un vague-à-l’âme dont je ne sais que foutre.