Forcément, il s’appelle “Mann”, ce mec qui conduit une bagnole d’Américain moyen et qui quitte un domicile familial où Madame lui a reproché de pas avoir eu les couilles de la défendre quand une connaissance mutuelle lui a fait du gringue en soirée. Et puis il s’appelle aussi David, parce que David contre Goliath, et puis il conduit une Valiant, et puis le film s’appelle Duel. Une exposition un peu longue en forme d’émission de radio sur une longue route du grand ouest des États-Unis permet de piger un des enjeux forts du film. C’est le duel entre celui qui sera le plus fort des deux, de David Mann ou du camionneur fou, mais aussi le duel entre les deux David Mann – le bonhomme pépère qui va à son rendez-vous de VRP vs. celui qui doit être un homme, un vrai, comme ceux que vend la culture américaine depuis l’époque de la conquête de l’ouest (jusqu’à Playboy, dont est issue la nouvelle qui a servi de base à ce premier long de Spielberg sorti en salles). C’est pas toujours très subtil, mais on s’en fout : à l’époque où le rêve américain est motorisé, Spielberg le transforme en cauchemar.
Reste que j’aurais bien aimé découvrir Duel à la télé en 71 quand, les scènes bavardes en moins, le film se résumait encore plus à une course poursuite entre un camion et une bagnole dans le désert californien.