The Sugarland Express (1974), starring le blond californien et les yeux de biche sublimes de Goldie Hawn à son zénith.
☛ Précédemment dans la “RétroSpielberg” : Amblin et Duel.
Elle demande pas à son mari s’il préfère ses seins ou la pointe de ses seins, mais elle lui demande de s’enfuir de sa prison texane avec elle pour retrouver un fils qui leur a été retiré. Des parents puérils qui arrivent à transformer une cavale en jeu d’enfant, en quelque sorte. Ah oui, la route, la famille, l’Amérique profonde, la première collab’ avec John Williams, “tout y est”, dirait un exégète de l’œuvre de Spielberg un peu trop porté sur la téléologie – et forcément c’est tentant. Après tout, Lou Jean collectionne les coupons de station-service en se gavant de nuggets de poulet, et elle et Clovis deviennent des genre d’idoles locales, juste parce qu’ils veulent réunir leur famille, tant pis s’ils ont pris un flic en otage pour y parvenir. Cela dit, je crois qu’après ces trois premiers films, je regarderai plus les scènes de bagnole made in Spielberg de la même façon (je pense particulièrement à celles de La guerre des mondes).
Le ton décalé du film “adapté d’une histoire vraie” peut sembler facile avec le recul, mais s’amuser des travers de la culture et de la société américaines tout en gardant une réelle tendresse pour celles-ci, c’est un parti-pris finalement assez osé – et je crois pas que Spielberg l’ait tenu avec une telle radicalité par la suite, réfugié qu’il était dans la mise en opposition enfance / âge adulte (mais ça, les prochaines semaines me le diront).
Point-bonus pour une scène où Clovis et Lou Jean regardent en loucedé un épisode de Bip Bip et le Coyote et Clovis, avec une insouciance folle, décide de remplacer le son absent par ses propres bruitages, avant de prendre conscience de la gravité de leur situation. Transformer un road-movie de fugitifs en comédie bon enfant, fallait oser. Restaurer de la mélancolie et de l’angoisse par le biais d’un cartoon, fallait encore plus oser et c’est magnifique.
☛ La prochaine fois, on regardera Les dents de la mer, on quittera les routes de l’ouest, mais on aura besoin d’un plus gros bateau.