“I Can’t Feel Anything Anymore.”

J’ai toujours pensé que E.T. me flanquait la chiale parce que c’est un extra-terrestre mignon (enfin moche, mais attendrissant) et que c’est plein de bons sentiments dégoulinants. En le revoyant hier, j’ai eu l’épiphanie la moins originale du monde, mais ça m’a mis dans cet état de tristesse si infinie que ça en devient super chouette – je sais, c’est difficile à décrire. Ça peut paraître absurde de s’en rendre compte si tard, mais je pense pas que le film m’aurait autant touchée en plein cœur si j’avais pas été une petite fille de 6-7 ans un peu trop sage pour ne pas être introvertie, prise entre une mère encaissant difficilement son divorce et un grand frère un peu trop lucide pour ne pas être vénère en permanence. Dans ces cas-là, t’as beau savoir que ces gens t’aiment, tu te sens forcément très seul et un peu à l’abandon à force de ne vouloir contrarier personne, parce que les autres en bavent plus que toi.

Le père d’Elliot détestait le Mexique, le mien est allé en vacances à Maurice avec sa zouz alors que « c’est pas son genre ». Pendant ce temps-là, je m’inventais des amis imaginaires dans ma chambre, c’était plus simple à gérer qu’aller jouer dehors avec les autres, et pour moi aussi évidemment, tôt ou tard, la NASA ou Interpol ou les deux venaient foutre la merde mais je savais qu’entre moi et mes amis imaginaires, c’était pour la vie. Alors E.T. est un extra-terrestre mignon-enfin-attendrissant, et je suis une putain d’Elliot, et on est sans doute une belle génération d’Elliots à famille monoparentale straight outta the 80s, et bon sang, merci d’avoir rendu ça si beau.

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☛ Précédemment dans la “RétroSpielberg” : Amblin, Duel et Sugarland Express.