We are the weirdos, mister.

Quand j’avais fait la série d’articles “American Teens” pour Vodkaster, mon parti-pris se situait plus ou moins explicitement dans le rejet de ces teen flicks qui avaient pourtant fait mon adolescence. Ces mauvais films qu’on n’osait jamais vraiment aimer et que je regardais en louzdé sur Canal le samedi soir chez mon père aux heures où d’autres regardaient leurs premiers pornos. Ceux-là n’étaient pas de bons films, mais je voulais montrer que les années 1980 et Sa Sainteté John Hughes avaient proposé des bijoux de créativité, de tendresse, de subversivité, bien loin des formules éculées de la fin des années 1990. Entre temps, j’ai appris à réapprécier ces films honnis, et puis hier j’ai vu Beyond Clueless et j’ai trouvé contrariant d’avoir cessé d’écrire des bêtises sur la pop culture.

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En un montage d’1h30 des éléments les plus topiques du genre “teen movie” entre 1995 et 2005, en gros, âge d’or commercial, âge de fer dans l’estime artistique, le tout narré par la voix hypnotique et vénéneuse de Fairuza Balk, le documentaire rend un hommage vibrant à cette catégorie de film délaissée, raillée, guilty-pleasurisée.

Le choix de mettre en avant des suites de suite, des films du grenier, des daubes insondables en laissant sur le bas-côté les cultes Clueless, Scream ou Mean Girls, ou les mieux estimés Clark/Korine, est à ce titre très révélateur du projet : l’esthétique de ces films à cette période, dans ce qu’elle a de plus formulaïque (pardon pour l’anglo-néologisme), de plus mécanique, de plus cliché, de moins respectable a quelque chose de somptueux. Le montage parfois contemplatif, parfois épileptique, à l’image des bricolages youtube de fans ne fait que dépouiller ces films d’une intrigue souvent remplaçable, pour n’en garder que la substantifique moelle d’une esthétique reconnaissable entre mille. La morale qui l’accompagne peut être discutable et discutée, mais sa valeur d’instantané d’une époque reste.

Quel bel hommage, vraiment.