Projet 325.

Le mois dernier, j’ai été utilisée par Brain comme cas d’école, exemple canonique de, je les cite, “hateuse obsessionnelle“, blase qui caractérise, selon eux, les gens qui oldent à tout va. C’est un peu rigolo, pour plusieurs raisons, parmi lesquelles (et je passe sur le postulat et la rhétorique un peu faiblarde de l’auteur de l’article) :

– je suis plus old que le old (vazy on me la fait pas, j’ai 31 ans, et environ 75 de plus à cause du poids de la Rédaction)(c’est le moment de rappeler que “older” quelqu’un, verbe transitif et rejeton typique de la novlangue anglicisée des réseaux sociaux, décrit une action qui consiste à accuser un usager desdits réseaux sociaux d’avoir partagé une information vieille comme le monde, c’est-à-dire d’environ 2 jours)

– en fait, taquinerie à part, j’ai plutôt tendance à considérer ceux qui découvrent quelque chose sur le tard comme formidablement chanceux (je repense souvent à mon état quand j’ai vu Karaté Kid pour la première fois, ou Sixteen Candles pour la deuxième)(ce qui n’est plus vraiment une découverte en soi, mais en fait si). En plus, cette posture m’arrange un peu en ce moment, puisque, Rédac aidant, je suis vraiment à la ramasse sur beaucoup de choses (même si j’ai su à temps que Selena et Justin étaient repassés à table).

Là, par exemple, je rattrape mon retard en pop music millésime 2013, grâce notamment aux bons conseils de Fun’ et de Kurt. L’un a un penchant un peu trop évident pour la scandipop, l’autre continue de défendre GaGa, les deux détestent Beyoncé, mais je les aime quand-même. Je les remercie même de m’avoir enfin donné l’occase de m’attaquer enfin à Perfume de Britney Spears et de m’être découverte un peu Mixer, bref d’avoir ressuscité ce bout de moi qui aime tant analyser la culture pop la plus cheesy et couper les cheveux en huit pour justifier mon rapport néo-sincère à celle-ci. Un truc que j’ai un peu laissé de côté quand je me suis vraiment retroussé les manches pour faire la peau à cette gueuse de thèse.

C’est d’ailleurs seulement à quelques mois de la fin que je pige le rapport fusionnel entre mon blog et ma thèse.

Au commencement était ce contrat tacite, qui construisait mon rapport à cette page : ne pas la laisser empiéter sur la thèse. Contrat qui peut sembler peu respecté, de prime abord. A une époque, je l’actualisais beaucoup plus que je ne bossais mes archives, mais il était évident que si ça n’avait pas été un blog, ça aurait été autre chose : dépression longue, poterie ou soft ball, ce que vous voulez. Bon, j’ai choisi, la culture young adult, et du coup, je suis peut-être passée à côté de l’occase d’être enfin droguée ou musclée. Mais mine de rien, avoir ce blog m’a maintenue à flot : qu’au moins si les sociétés nouvelles du XVIIe siècle et leurs systèmes de genre ne m’inspiraient pas ou m’effrayaient (l’ampleur de l’édifice intellectuel a largement de quoi terrifier), je puisse avoir un espace où déverser une logorrhée sans grand sens, sans référence, sans valise historiographique à convoquer (décomplexée, on disait, en 2007), parce que je pense même pas qu’il y ait une valise historiographique à mobiliser pour pour apprécier un unboxing My Little Box ou un dollar griffonné. Restait le plaisir d’écrire, d’autant plus jubilatoire que c’était foutraque, et que j’ai authentiquement retrouvé dans les premières semaines de Rédaction, il y a pile un an. Les idées et la rhétorique s’amoncelaient si rapidement dans ma tête que j’étranglais des envies de pleurer, non pas d’angoisse, mais de pure excitation. Quand la perspective d’écrire une sous-partie sur la démographie des Provinces-Unies pendant l’Âge d’Or te fait te sentir comme une jeune pucelle à l’entrée de Bercy le jour d’un concert de One Direction, tu te dis que tu as raison de faire ce que tu fais. Et qu’enfin tu peux dire, sans trop de regret, au blog qui t’a aidé, “à la revoyure, vieux frère, quand je serai de l’autre côté.”

Du moment où j’ai vraiment cru en ma thèse, un peu tard, il est vrai, c’est naturellement que la raison d’être de ce blog n’a plus été aussi évidente. Or, comme expliqué précédemment, j’ai désormais 3 à 6 mois pour rattraper tout mon retard et BOUCLER. Comme me l’a dit Marieke, celle qu’est passée “de l’autre côté” l’an passé, ça pourrait être une perspective excitante et galvanisante comme jamais. The end is nigh, après tout, ça devrait me faire plaisir.

Le souci, c’est que j’ai plutôt l’impression que je viens de poser le pied en Mordor (du genre pas trop loin de Cirith Ungol, là où crèche l’araignée géante), et j’ai la flippe comme jamais. D’autant plus la flippe que ce sentiment est en fait assez nouveau pour moi. Pendant mes études, j’ai toujours été sauvée par la conviction intime que, si je suis loin d’être plus intelligente que la norme, je suis pas plus idiote non plus. Or niveau normal d’intelligence + formation ad hoc = sky’s the limit, c’est relativement mathématique et surtout très rassurant. Y a que pour passer le permis de conduire que ça n’a pas suffi.

Enfin jusqu’ici.

Car si avoir un blog n’est pas directement responsable de ces fins de soirées où j’insomniais, au 264 South 21st Street, à Philadelphie, en me posant trop de questions sur le sens du regard d’Audrina dans la saison 3 de The Hills (il n’en a aucun), je lisais pas Elias, ni Stoler, ni Walsh, ni tous les autres, pas plus que je ne finissais les bases de données qui m’auraient permis de gagner un temps précieux. Me voilà PROPRE, maintenant, à devoir condenser environ 3 ans de travail en 3 à 6 mois). Me voici prise de vertiges, de nausées, de blocages d’écriture (j’inclus pas les insomnies, parce que ça fait bien plus longtemps que ça) et je crois que c’est justement parce que je comprends enfin que, depuis le début, je me sens pas du tout à la hauteur.

Alors voilà, dans 325 jours, à savoir 1 an moins le mois et demi qui précède Noël 2014, je serai Docteure, à ce qu’on m’a dit. J’en crois pas un traitre mot, mais on va y travailler.

2014

Pour finir, je n’ai que peu de certitudes pour beaucoup de doutes, mais une chose est sûre : en cas de crise de confiance, on peut TOUJOURS compter sur les pérégrinations de Ian McKellen et Patrick Stewart pour se requinquer #old

Here, at the end of things.

Oh le joli tumblr que voici, dernier avatar de mon snobisme post “j’ai vécu aux Etats-Unis, tsé”, tenu à quatre mains avec Cécile / @Sayseal de Slate :

Pardon My Titres

pitchperfect

Dans mon fantasme, ce tumblr est la parfaite collusion entre la culture pop-wow-blogs et la base de données scientifique, et forcément, ce genre d’initiative permettra percer un des plus grands mystères de notre génération décadente fin de siècle/début de millénaire, à savoir celui de ces titres crétinos comme Happiness Therapy ou Sex Academy.

Et comme vous pouvez également soumettre vos propositions, ensemble, construisons un monde meilleur.

Could It Be Magic?

Je me rappelle, y a quelques années, quand j’étais revenue de NYC pour Noël, j’avais trop rien trouvé à me mettre sous la dent dans les kiosques Hudson News de l’aéroport, et j’avais préféré jeter mon dévolu sur un vague magazine complotiste à base de mystères inexpliqués du monde qui nous entoure, géoglyphes nazca, assassins révélés de John Kennedy et visages de fantômes qui apparaissent sur la neige du téléviseur quand on zappe. Si vous ne voyez absolument pas de quoi je parle, c’est que votre esprit cartésien n’a jamais prêté oreille à ce genre de boniment. Ce n’est pas mon cas.

J’ai l’impression que tout ça est né quelque part entre mes flipettes à 8 ans en regardant Mystères (oh que oui) et mon engouement pour X-Files, quand j’en avais 12. A l’époque, je regardais ébahie comment on avait détecté un visage sur Mars, j’en dormais pas de la nuit, et une pote de la tante de Marie (la pouffe sympa du collège) avait parlé avec un routier qui avait eu la vie sauvée par une vision de la Dame en Blanc sur le bord de la route, en Corse-ou-un-truc-comme-ça. J’ai dormi la lumière allumée jusqu’à mes 13 ans.

Seulement, le magazine acheté à Hudson News, je l’ai tout juste survolé, l’excitation était passée. On a beau grandir, quand on cesse de croire au grand méchant loup, il reste toujours les légendes urbaines pour alimenter notre fascination amusée et apeurée pour l’extraordinaire. Vers la fin des années 90, pourtant, tout ca a commencé à se faisander gentiment, quand Rebecca Gayheart et les cheveux peroxydés de Joshua Jackson avaient failli pourrir pour de bon mon groove (quoi, t’as pas vu Urban Legend ?). Maintenant des robots vont sur Mars, les glyphes de Nazca sont plus ou moins expliqués, les archives des années 60 seront bientôt accessibles et depuis, j’ai besoin d’un masque pour dormir, sans quoi le principe de réalité est trop présent dans mes nuits (namely: la lumière, oui, bah).

On vieillit, on vieillit, et l’air de rien, y a plus grand chose à se mettre sous la dent. La magie semble avoir disparu, mais c’est finalement des technologies que viennent les nouveaux croquemitaines. Alors Dieu merci le #bugFacebook, pour avoir fait prendre cette flamme balbutiante qu’est le spectre du rézocial-malfaisant. Je me rappelle avoir vu émerger ce spectre vers 2009, avec l’histoire de Marc L*** publiée par Le Tigre, puis à chaque fois que Facebook a changé ses CGU. Et pourtant, cette fois, tout le monde est parti sans recul critique relire ses archives de 2007 à 2009, se payant une séquence nostalgie au passage, tout excités à l’idée de tomber sur des détails croustillants concernant un tel ou un tel. Le Monde en a fait sa Une sans réel fact-checking, l’Amérique a commencé à s’inquiéter, jusqu’à ce que le soufflé retombe. Plus significatif, le fond du bug reposait sur autre chose que les habituelles mises en garde anti-Zuckerberg et sa vision élastique de la dichotomie public/privé. On nous a longtemps abreuvé d’histoires comme celle de Marc L*** dans le but pédagogique de nous inciter à plus de vigilance sur notre gestion des paramètres de ce qu’on montrait en public (et il s’avère au final que le “bug” en question n’est rien d’autre que ça: ceux qui se sont trop exposés par le passé l’ont pris en plein visage). Mais là, le storytelling initial de ce bug renvoie au privé et à l’intime, et donc à une autre forme d’angoisse, celle que j’ai quand je me change dans les cabines d’essayage d’un grand magasin ou quand je me lave dans un hôtel : et si un gus un peu sleazy avait installé une caméra et regardait tout ? La bonne vieille légende urbaine des familles revisitée à la sauce 2.0, en somme. La peur de l’exposition générée a instauré un sentiment de communauté aux usagers : la presse regorgeait de pro-tips pour se protéger, comme on aurait sans doute expliqué comment barricader efficacement ses portes en cas d’invasion barbare (ou zombie). Le gouvernement a volé à la rescousse de ses citoyens. C’était beau comme du Paul Eluard en temps de guerre. L’espace d’une demie-journée, on n’était pas encore une bande de cons infoutus de gérer un réseau public mais de pauvres ouailles, victimes d’un Deus ex-machina mystérieux et déterminé à nous nuire et seule la cohésion et l’entraide pouvaient nous protéger. Y a même une nana sur RTL qui a dit avoir trouvé la preuve des infidélités de son mari. Bitch, please.

L’angoisse de la prise de pouvoir d’une machine sur les consciences et sur l’intime, quelque part entre l’angoisse totalitaire et la magie, pour moi, c’est le signe qu’on a encore besoin de croire et de douter, même quand on pense être blasé. C’est très judéo-chrétien, dit comme ça, et pourtant c’est la meilleure nouvelle de cette journée.

Sky is the limit.

Y en a qui lisent l’avenir dans le marc de café, moi j’aime bien regarder l’évolution de la conjoncture économique dans les blogs mode & beauté.

Et sinon, subséquemment à ce que j’évoquais dans ce post, j’en suis là :

Tu peux y aller, j’ai bouffé à tous les rateliers : neon, pastel, couleurs acidulées d’été…

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Tu penses qu’en 2008, les nanas agitaient leurs avant-bras en faisant des “hiiiii” et des “haaaaa” pour un sac Billy de Jérôme Dreyfuss, lequel a doublé de prix depuis (et puis je me suis fait tirer mon portefeuille dans un Twee, sac de merde). Maintenant, quelques poulettes continuent de se battre pour des sneakers Isabel Marant ou des boots Chloe, mais dans le fond, on sait bien que c’est plus notre guerre. A l’époque des subprimes, les new-yorkais avaient tenté de glamouriser cet état de fait en inventant le terme “recessionista”, qui avait alors fait les beaux jours de la presse féminine. Les riches devenant très riches et les pauvres très pauvres, en langage blog mode, ça fait qu’une dizaine de blogueuses ont pu passer du tout promod au tout Luisa ViaRoma, tandis les autres voudraient bien.

Plusieurs stratégies ont été testées au fil du temps pour se sortir de ça.

2009-2011 – tentatives répétées de faux blogs pour sponsoring foireux (démarche qui n’est plus homologuée depuis 2010). Collatéralement, on tente de rester dans le coup, à renforts de collections capsules de créateurs dans les grandes enseignes, de vouloir croire au Père Noël des box beautay (dont je vous ai déclaré tout mon amour ici), de guetter les vide-dressing de blogueuses plus riches ou mieux loties. Toutefois, la mode d’hyperconsommation, contrairement à la créativité, n’attend pas. Never-been.

2011 onward – le nail-art : quand la crise s’enlise, m’a dit un jour Joy, la mode se cristallise sur ce qui peut être le plus accessible. Dans les années 80 c’était le rouge à lèvres, dans les années 2010, c’est le vernis à ongles. Instagram (= 72% de photos de doigts peints) est là pour témoigner d’un engouement frénétique pour les ongles multicolores / pailletés / hologramme / jolis dessins de licornes vomissant un arc-en-ciel et j’en passe. Pour moi, c’est important parce que c’est le moment où, contrairement aux blogs mode de la grande époque, on consulte pour s’inspirer, et non pour admirer. Ce qui nous conduit au point d’orgue suivant :

2012 – le momentum du “do-it-yourself”, ce moment où les prix délirants des Sandro et autres Kooples masquent mal une réalité : fixer des clous sur une paire de tennis, vaporiser de la peinture fluo sur un collier, javeliser un short, fabriquer un bracelet brésilien, yes we can. C’est pas vraiment tout neuf, certaines blogueuses doivent leur succès à la créativité dont elle font preuve pour recréer des pièces de créateur ou des tendances malléables, je pense notamment à Margot de You Make Fashion, mais d’autres ont rejoint le mouvement : Pshiiit Polish (mon idole) s’est mise à fabriquer ses vernis, Walinette t’apprend à faire une anse de sac en corde de rando (évidemment) et je crois me rappeler que Mimnor nous avait appris à refaire un jean de la collection automne-hiver 2011 Isabel Marant. Maintenant, de nouvelles enseignes comme Chic Maker capitalisent sur ce filon en proposant une DIY Box, bientôt sur vos écrans, présenté par vos blogueuses mode préférées – une Box + du Do-it-Yourself + des blogueuses mode ? en anglais on appellerait ça “the best of both worlds” non sans sarcasme.

Bref, jamais le consumérisme effreiné n’aura autant eu des accents hippie. Encore une fois, quand ça joue sur les contraires, ça a tendance à me plaire, et ça me donne même envie de faire un smiley chat :3

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A ce rythme, dans un an, Paris déménage dans le Larzac.

Anatomie d’un unboxing beauté.

NOUVELLE PASSION : égrener les unboxing de coffrets beauté « My Little Box ».

Recevant, chaque 15 du mois depuis le début de cette année, le coffret beauté proposé par My Little Paris, je ne sais pas ce qui me rend le plus impatiente, de la box elle-même, ses illustrations cheesy, son esprit girly et ses produits parfois au poil (j’ai investi dans certains) ou le plaisir inépuisable et sans cesse renouvelé de guetter les unboxings sans originalité et sans saveur de mes congénères. Qui fera la meilleure estimation chiffrée du montant des produits fournis, qui parviendra à faire le meilleur trait d’esprit, qui saura élever et politiser le débat (c’est arrivé, trust me on this one)… Tout compte fait, la réponse est dans la question.

C’est parti pour un tuto “Coucou les filles”.

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STEP ONE : Commencer par un propos introductif un peu indigent indiquant :

–       le lieu et la tenue dans laquelle vous vous étiez quand votre facteur a livré le colis (les plus chics d’entre vous diront « coursier ») – relever au passage l’effarouchement provoqué auprès dudit facteur/coursier lorsque vous auriez, selon la légende consacrée, poussé des hurlements d’hystérie (témoignant une belle intériorisation des tropes mysogynes que l’on retrouve, entre autres, dans la pub zalando)

–       votre impatience/trépignation à l’idée d’une longue journée de travail, du calvaire de l’open-office sans avoir eu le temps d’ouvrir votre précieux avant de courir attraper votre métro.

Exemple glâné au hasard d’une recherche Hellocoton

– Vient ensuite la première photo, celle du colis fermé, puis de la boîte fermée (il y a une raison à cela, cf. infra).

– Histoire d’allécher encore plus votre lecteur (ou lectrice), faire une petite phrase très #dansedesmots, jouant sur le thème développé par My Little Paris dans son coffret mensuel. Exemples :

« ce mois-ci, le printemps s’invite dans ma salle de bains » (Little box d’avril, thème: printemps)

« j’ai monté les marches cannoises grâce à My Little Box » / « je viens de recevoir mon accréditation pour aller à Cannes, hihi » (Little Box de mai, thème: Festival de Cannes)

… quitte à parfois laisser rapidement transparaître votre déception.

« ce mois-ci, la Little Box devait nous emmener à New York mais mes espoirs sont restés sur le tarmac » – paging Stéphane Mallarmé (Little Box de mars, thème: New York)

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STEP DEUX : Le débrief. C’est la raison d’être de l’exercice, la partie la plus soignée, introduite souvent par un “sans plus attendre”. Sans plus attendre, donc :

–       commencer par le compliment d’usage destiné à l’illustratrice Kanako, dont vous pourrez, au choix (ou tout ensemble) vanter le style « frais », « féminin », « élégant » ou « girly ». Mmmkay. Le plus beau compliment de ce mois revient à Mademoiselle Macaron : la boîte, si jolie, lui servira désormais à ranger ses tampax (véridique et un joli sens du second degré).

–       dresser la liste des produits, en l’assortissant toutefois d’une bannière « spoiler alert », comme si vous alliez raconter la fin de Lost. Notez que je comprends mieux cette précaution depuis qu’une malheureuse s’est fait tancer par une congénère sur Hellocoton, car l’unboxing beauté a des règles.

Rule #1 of the Beauty Box: you don’t talk about the beauty box.

– chaque produit doit venir avec son illustration (hé, ce serait pas de l’unboxing, sinon) et un petit descriptif personnalisé. La plupart se contentant de photos-téléphone sur la table de la cuisine, faire la différence passe évidemment par le pouvoir de suggestion de la mise en scène. J’en veux pour preuve l’unboxing performé avec brio par “HelloDy” (oui…) le mois dernier, proposant une mise en scène de chaque produit dans un pot de fleur (le thème était le printemps), mention spéciale au gaspacho placé dans sa corbeille à tomates et à la première image, directement tirée du site officiel de Ségolène Royal en 2008 <3

– l’avis personnel, sous forme de bilan, où il est d’usage de crier sa déception d’avoir reçu un soin antirides à 22 ans, une coque d’iPhone quand on est sur Androïd, ou un produit l’Oréal pour celles qui espéraient vraiment recevoir du Shiseido et du La Prairie pour 13€ par mois. En quelques lignes, on est passé de l’hystérie collective à la déception aigrie, sans doute en raison du fait que ces coffrets beautay arrivent en plein PMS (histoire de rester dans la même grille d’analyse cultivée par ces unboxings)

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STEP THREE : Pour finir, afin de passer du personnel à l’objectif, proposer un bilan chiffré histoire de voir « si on en a pour notre argent » – ce qui me rappelle invariablement la façon dont ma mamie tend la main pour attendre sa monnaie au supermarché, mais je pardonne à ma mamie, parce qu’elle a vécu pendant la guerre (et parce que j’aime ma mamie). Plusieurs écoles s’affrontent :

–       l’école du « full-size » (il faut savoir que les abonnées aux coffrets beauté sont en fait une secte ayant développé un idiolecte propre, c’est hallucinant) : il s’agit de faire le ratio miniatures / taille normale dans chaque box, le Mal prenant la forme de l’échantillon estampillé “ne peut être vendu séparément”. Le produit dedans reste le même, mais il en va d’une question de principe moral.

–       l’école comparatiste : celle qui sont abonnées à « My Little Box », « JolieBox » et « GlossyBox » et qui, du coup, crient leur désespoir de retrouver dans son coffret le produit proposé par la concurrence parfois le même mois. C’est-à-dire que le concept étant de tester des produits de façon ludique, pour un prix réduit, je voix plus bien l’avantage économique de s’en mettre pour plus de 40 tickets par mois de miniatures de shampooings, cette démarche me laisse perplexe.

–       l’école de la calculatrice (Marine Le Pen désapprouve), consistant à indiquer le prix de chaque produit, parfois en fonction de leur prix “full-size”, dans une démarche comptable se voulant objective. Je garde ça sous le coude pour expliquer à mes élèves que l’argument par le chiffre n’est pas plus objectif qu’un autre argument puisque je n’ai jamais trouvé deux fois le même résultat (et pourtant j’en ai épluché, des blogs beauté à fond rose / police Mistral / Katy Perry en lecture automatique).

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SIDESTEP: Certaines, bien conscientes de la redondance de l’exercice pourront essayer de s’en sortir par une pirouette…

– … rhétorique, comme Mademoiselle Macaron (encore elle), qui avoue être consciente de l’effet légèrement répétitif de son unboxing, une semaine plus tard, et avoue n’avoir rien à apporter au débat (lequel d’ailleurs?) mais tel un Guy Roux en jupette, doit se dire que ce serait dommage de gâcher ces belles photos sur fond de canapé gris, ses impressions en Comic Sans MS, à la découverte du contenu de sa boîte du mois de mars, à thématique New York (tiens, les Oreos ont un goût de BN), et de perdre ainsi les précieux commentaires l’insérant à une communauté unie et solidaire.

– … polémique, comme Emma, de Un blog une fille qui pose les vraies questions qui fâchent, en réponse au mécontentement de certaines quand une Little Box faisait “découvrir” les vernis Essie. Namely, nous sommes toutes devenues des peine-à-jouir de la manucure depuis que Beauty Monop’ a scoré Essie et OPI et qu’on peut acheter des Oreo à prix d’or au MK2 Bibliothèque. La mondialisation vue au prisme d’un flacon de vernis, “avec une box dénommée “New-York”, avec des supers produits dedans, collant au thème, nous n’arrivons même plus à nous en réjouir parce que nous ne savons plus que ces produits ne sont pas de chez nous.” – blame it on the World Trade.

– … enfin, les plus fantasques iront jusqu’à se jouer de l’accumulation de ces coffrets, en proposant une seconde vie à ceux-ci  via un tuto pratique et malin. Un meuble, dude. Fait avec des Little Box vides. Mais… GENIE !

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“La répétition est une des plus fines fleurs de la rhétorique”, disait Raymond Queneau (programme de mon Bac, ça nous rajeunit pas), c’est peut-être ce qui justifie cet engouement un peu déviant pour ces unboxings qu’il faut voir comme autant de variations sur le même thème. Evidemment, je parcours tout ça avec un petit ricanement un brin condescendant. Pourtant, ces litanies de posts permettent aussi de rappeler à quel point bloguer, ce n’est pas forcément vouloir marquer le monde de son empreinte et se penser suffisamment au-dessus de la mêlée pour avoir son mot à dire ; c’est parfois aussi vouloir faire partie d’un mouvement, être le nano-élément qui forme un tout chargé de sens (oh, sans ironie, je le pense vraiment, et je trouve ça plutôt chouette)(par contre, faire partie d’un tout uni par les macarons et le comic sans, ça il te faut pas faire, fieu).