My outsides look cool, my insides are blue

Est-ce que le syndrome du 1er janvier s’en prend à moi ou à l’App store de mon téléphone ? Depuis 5 jours, je vois fleurir ces outils relevant du “projet 365”, succédanés d’Instagram et autres types de tumblrs.

My365, testé (et approuvé, pour le moment) par yours truly. Chaque jour, il faut prendre un cliché, à même de résumer la journée qu’on vit ou un moment fort de celle-ci, sur le thème “votre vie est remplie de merveilleux souvenirs”. Tout un programme. As of Jan. 6, c’est à peu près la seule chose qui me motive pour me lever chaque jour (ce qui explique sans doute pourquoi je suis toujours sous ma couette à 13h38, heure de Paris). – http://my365.in/

Everyday s’appuie sur le même principe (one pic a day keeps the doctor away, j’imagine), sur le mode de l’autoportrait. Ton téléphone te bippe chaque jour à la même heure, tel le tamagotchi qui te rappelait qu’il avait besoin de grailler, pour te rappeler te te tirer le portrait, avec le même angle, suivant les mêmes lignes et en tirant la même bobine, afin de permettre, à la fin de l’année, un genre de gif animé de ta gueule sur 365 jours. Le concept, je sais pas (moi et les autoportraits, tsé…) mais la vidéo démo avec le fat hipster barbu est kinda awesome. http://everyday-app.com/

Day One (Journal) reprend le principe du journal de bord. Chaque entrée est datée du jour, pour y mettre une fulgurance, une idée de génie, une anecdote. Avec en option la possibilité d’un reminder quotidien pour les plus velléitaires d’entre nous, enfants du XXIe siècle et de l’ère Internet qui commencent 30 projets pour tous les avorter en moins de 3 semaines, de la même façon que nous n’arrivons plus à lire des articles ou des livres si ceux-ci sont trop longs et mobilisent notre attention plus de 10 minutes d’affilée. (j’ai dit que j’étais de mauvaise composition aujourd’hui ? Ah oui, dans le titre.) – http://dayoneapp.com/

(ces deux dernières apps étant parvenues à ma connaissance via @nicolasfolliot)

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Anyway, ces applications me laissent en général perplexes, tout en exerçant une étrange séduction (rappelez-vous les beaux jours d’Hipstamatic, je vivais encore à Philadelphie). C’est qu’on court tous après cette illusion d’être le Helmut Newton de notre salle de bains. En bonne enquiquineuse anti-Instagram, j’ai tendance à vouloir conspuer toutes ces fonctions qui permettent de partager wat-mille photos avec un filtre dégueu en se prenant pour un artiste (et pourtant, j’essaie, Instagram, j’y donne tout ce que je peux, hein, j’y ai même mis une photo de ma galette des rois). Entre les fameux filtres qui vieillissent, jaunissent, floutent, et travestissent autant que l’autotune transforme la voix de Britney Spears depuis maintenant 5 ans et l’aspect “photo de génie montrée à la face du monde”, il y a de quoi hurler à l’imposture artistique et à la présomption crasse (il suffit pour cela de voir la chiée d’articles “Instagram shots” qui fleurissent sur les blogs mode les plus suivistes).

Je suis pourtant étrangement hypée par cette app My365, son petit look scrapbook computer-generated, et son incitation à être créatif, mais rien qu’une fois par jour. Go figure. Sans déconner, un “projet 365” téléguidé par un smartphone, ça relève de la gangrène de l’art option gastro à plus d’égards qu’il n’est possible de mentionner dans ce post. Et pourtant, je sais pas si c’est par opportunisme, mais en retournant le problème, toutes ces applications qui incitent à capter la magie d’un quotidien en viennent à me réchauffer l’âme.

Alors même qu’on reproche aux iPhones, Blackberries et affiliés de tuer un peu plus le social et les plaisirs simples, nous transformant en veaux passifs des Internets et des réseaux sociaux (“téma y a un gros tout nu dans le catalogue la Redoute, haaaan” – puh-lease…), ces applications cherchent à réintroduire du quotidien et de l’anecdotique intime dans le réseau social. Hé, why not. On prend ces clichés, non pas parce qu’on les trouve brillants, mais pour les partager, et on se donne les moyens d’être en arrêt devant tel objet ou tel instant de sa vie. Alors même que le smartphone nous coupait du quotidien, c’est comme si ces apps nous encourageaient à le redécouvrir et à le sublimer. C’est un peu méta, j’en conviens.

Mais ça joue sur les contraires, je trouve ça chouette.

Si toi aussi, ta caution hype est de plus en plus inexistante… #sitoiaussi

Grow up :eyeroll:

Depuis que mon organisme me signale chaque jour de manière un peu plus impactante que je dois à tout prix me dé-é-ééten-endre, je me suis mis en tête de ravaler la façade de ce gueux qui me sert de blog. Sachant que l’esprit du design internet ne m’habite pas vraiment, on pouvait s’attendre au pire. Dont acte, à commencer par cette bannière qui navigue entre le TLBM et le #FAIL (y compris en termes de has-beenitude). Et qui a tendance à me faire penser que la meilleure bannière en est finalement l’absence.

(syntaxiquement parlant, je me serais retiré des points pour avoir fait une phrase qui commence par une conjonction et qui n’a pas de proposition principale)

Au début, l’effet recherché était un wink-wink à Heathers

Je voulais rester dans la lignée gentiment rétro-autoréférencée de la précédente, avec son Duckie dont personne savait trop qui c’était.

Point is, ça a donné ça:

Photo prise en intérieur + philtre rétro-i’m-too-hipster-for-your-mother, on avait un gros risque Cherry Blossom Girl, me suis-je dit. Un truc pas trop tenable. Alors j’ai essayé de coller un peu plus à l’idéal chromatique saturé de Heathers et d’être plus dans l’épure. Effet subséquent, I’m so emo, bienvenue sur un blog American Apparel. Continue reading

Créer une page Facebook.

J’ai créé la page Facebook de Virgoblog.

Oh, toi, Wallace Wells, que n’aimes-tu les femmes…

Shame.

L’autre jour, avec une pote, on discutait des do’s and don’t’s qui rendent un blog ringard. Pour moi, ça se résume à quelques éléments:

– faire une FAQ quand t’as pas de lecteurs, pour faire croire que t’en as (ça me fait un peu penser à quand mes étudiants pensent masquer qu’ils ont rien à dire en écrivant soudainement très gros dans leurs copie: been there, done that, kids)

– faire du name-dropping – “oh, les gars, dis, je bois une bière avec Pénélope Jolicoeur, Monsieur Lam et Betty-LeBlogDeBetty, téma comme je suis une it-girl 2.0 (équivalent hipstery de “néo-salope 2.0″, je suppose)”.

– aller tous les jours voter pour soi et demander à 8 copains de faire pareil, en pensant sincèrement que ça permettra de gagner le concours Cosmopolitan du meilleur blog de fille (alors que chacun sait qu’un solide algorithme et/ou un bureau dans les locaux du groupe Marie Claire devrait faire l’affaire) (toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé est purement fortuite)

– mais surtout, s’insurger contre la corruption du système quand on se rend compte que, oh la la, mais le concours était pas tout à fait clair? Srsly, boys, faut arrêter avec le fantasme du blog qui apporte fortune et gloire, ça me donne même envie de citer Jean-Jacques Goldman, c’est vous dire le niveau (“Dix trains de losers pour un Rockefeller” – un big-up aux auditeurs de RFM en 1998). Continue reading

The Rest is Still Unwritten

Après, promis, on arrête avec les blogueuses mode.

Croyez-le ou non, je ne cherche pas particulièrement à participer au mitraillage d’ambulance ambiant. Après les blogs parodiques, l’édito de Glamour, c’est au tour des Inrocks de s’y mettre et de dénoncer la vacuité de ces pages web et du style de vie qu’elles renvoient (à tel point que bitcher sur les blogueuses mode, c’est quand-même un peu 3 weeks ago, les mecs).  Maintenant, c’est au tour des blogueuses les plus malignes de s’en amuser et de s’en inspirer – Caroline Daily a commencé une série sur la haine entre les blogueuses (avec l’humour qu’on lui connaît, bien entendu). Cependant, vu les heures de divertissement qu’elles m’ont procuré, j’aurais beaucoup de mal à les massacrer (enfin, sauf leur niveau d’anglais, quoi). Le concept s’est vidé de ce qui faisait son charme ces derniers mois, pris entre les sponsors, la fin de l’échange blogueuse/lecteurs et le décrochement par rapport au postulat initial de “mode d’en bas” (c’est qu’elles ont pris le melon, les gamines). Mais pour ces heures de divertissement qu’elles m’ont procuré, je leur serait toujours reconnaissante, t’entends?

A bien y réfléchir, c’est la principale réussite de ces blogueuses mode: nous avoir procuré du divertissement tout à fait superficiel et inoffensif. L’autre soir, lors d’un échange en 140 caractères avec @trem_r, je  faisais remarquer qu’une adaptation française de The Hills me paraissait assez inconcevable. Autant, trouver un équivalent montpelliérain de Jersey Shore me paraît facile, ou adapter les Real Housewives à la bourgeoisie provinciale rennaise, lyonnaise, bordelaise et j’en passe, ça me paraît assez évident. A l’inverse, comment on fait pour The Hills, le show qui montre toute la dimension hyperbolique de la superficialité à l’américaine, depuis le milieu hollywoodien, jusqu’à l’hyperréactivité des jeunes filles dont les moindres échanges verbaux sont codés au-delà du raisonnable (les dialogues, bon sang, les dialogues!)?

(au passage, vous êtes perdus dans les méandres de la téléréalité américaine? Ne cherchez plus.)

A vrai dire, je crains que ce post ne soit susceptible d’intéresser que ceux qui, en plus de vivre au grand jour une passion pour ce show formidable qu’est The Hills, reconnaissent lire plus de 85 blogs mode par jour. A vous 3: contactez-moi, appelez-moi, ce serait criminel, avec des affinités pareilles, de ne pas se voir pour discuter de vive voix autour d’une bière.

C’était pourtant tellement évident – à ceci près que les blogueuses mode relèvent plutôt de néo-Rastignac en jupons, qui “montent” à Paris pour s’élever socialement. On voit ces jolies filles bien habillées au quotidien, on en voit une façade faite de sorties et de shopping hors de prix. Et dans le fond, une partie de nous, plus ou moins importante, crève d’envie de savoir qu’elles se détestent, ou que l’une a piqué le mec de l’autre, ou a raflé la cape en série limitée Sandro que l’autre n’a pas eu. Et finalement, les personnes qui sont les plus véhémentes dans leurs critiques des blogs mode semblent passer plus de temps à spéculer sur l’envers du décor qu’à s’intéresser aux billets des demoiselles, qu’ils soient sponsorisés ou non. La frontière entre vie privée et choix éditorial sur un blog est ainsi faite.

The Hills, en trois mots, c’est un show de téléréalité made in MTV qui a sévi de 2005 à juin 2010, et au cours duquel une caméra suivait, façon reportage non-invasif, les destins croisés de 4 futures ex-copines qui tentent leur chance à Los Angeles, dans le milieu de la mode, des boîtes de nuit select, des relations tortueuses avec le beau sexe et des sacs de créateurs. En outre, l’émission symbolise à elle seule cet éternel marronnier des chroniqueurs de téléréalité, celui des “scenes that have been created for entertainment purpose only“. Au-delà de ça, on a droit à un formidable alignement de chagasses de luxe, pleurant chaque jour un peu plus l’âpreté du monde adulte, de ses relations professionnelles et personnelles. On regarde the Hills pour la beauté du drama (et une vidéo valant toujours mieux qu’un long discours…). Chacune correspond à un “type” télévisuel bien codé, et j’ai l’impression qu’inconsciemment, on en vient à lire ces blogs féminins avec le même a priori typecasté.

Si the Hills devait se doter d’un spinoff parisien qu’on appellerait, au hasard, City of Lights (oh ouais, tsais, les clichés, hein), qui serait qui? (évidemment, out les blogueuses provinciales, avec ce type de démarche, hein) Continue reading

Breaking the 4th Wall

L’autre jour, alors que Shanna me racontait, surexcitée, une énième anecdote de celebrity sighting à New York (= elle a passé son EVJF à tailler une bavette avec John Mayer), je me faisais la réflexion que Twitter est un peu le New York City du world wide web, d’une certaine manière.

A New York, la célébrité fait partie du quotidien – il n’est pas rare de croiser un tournage au détour d’un achat de bagel, et peut-être même que la personne qui vous aidera à trainer votre valise dans le métro sera Keanu Reeves himself (anecdote véridique). Notons que John Mayer ne vous dit sans doute rien ici, à part peut-être le fait de s’être comporté comme un goujat avec Jessica Simpson, Jennifer Aniston et Taylor Swift (c’est faible comme CV). Aux Etats-Unis, c’est un peu le lover singer-songwriter-à-voix-cassée de la ménagère. De là à dire que c’est le Christophe Maé local… Toujours est-il que ma Shanna a passé la soirée avec Johnny-boy et que depuis, sa photo de profil Facebook les montre enlacés dans une étreinte qui n’est pas sans faire rire jaune Rob, son désormais “husbz“. En temps normal, il n’est pas menaçant de savoir que ta moitié fantasme sur un sex-symbol notoire un brin idole des jeunes. Mais pas à New York. Parce qu’à New York, tout est possible, y compris croiser et se taper son idole. A New York, “célébrité”, c’est une CSP aussi courue que vendeur de hot-dog.

Sur Twitter aussi, la célébrité devient accessible. Sur Twitter existe la possibilité de s’adresser directement à la star, à l’idole, à l’inaccessible étoile. Ainsi, combien de demandes en mariage a reçu Justin Bieber en quelques mois, combien de témoignages de soutien adressés à Britney Spears, mais aussi, combien de fans se sont mises à regarder des films d’horreur après que cette petite allumeuse d’Eli Roth ait joué au cybersexe avec ses fans féminines? Car surtout, sur Twitter existe toujours l’infime possibilité d’avoir une réponse, et de finalement se rendre compte que derrière un profil et des phrases lapidaires en 140 caractères, une personne interagit et se sert de ce réseau pour manipuler son statut de personne célèbre, voire la notion-même de célébrité. Parfois, je me demande si je ne reste pas sur Twitter pour ces moments fanboys montrés à la face du monde.

Exemples. Continue reading