Dilemme

Je vais au débat ObamaCain ou je vais acheter les chaussures H&M?

– aller au débat (sur écran géant, pas en chair et en os, ma grelucherie a des limites décentes), aller au débat, disais-je, implique d’arriver deux heures en avance et de lire un roman en néerlandais pour patienter. (Ces gens de Columbia sont quelque peu sectaires)

– les chaussures H&M sont décevantes, quoique grises et a 40 dollar seulement. J’ai peur d’avoir mal évalué leur potentiel. J’y pense beaucoup. Mais genre beaucoup.

Ma vie est un enfer.

America’s Next Pit Bull

God Bless America.

Il y a beaucoup de choses qui méritent qu’on remercie l’Amérique. Leur fascination non-dissimulée pour ce qui vient de France, la reprise de 90210, les 32° en moyenne début septembre (gniark), et tant d’autres choses encore. Mais Sarah Palin les surpasse un peu toutes. Non, pas 90210 en fait, mais ça, j’y reviendrai.

Inutile de faire les présentations, Sarah Palin, on y a droit tous les jours depuis une petite semaine. J’ai envie de la remercier, car grâce à elle, cette campagne présidentielle devient presque plus drôle que le fou rire de Bill Clinton au comptage des voix en 2000. Gouverneur d’Alaska, créationniste, anti-mariage gay, pro-life, pro-NRA. Bref, super réac, mais néanmoins tellement MILF…
D’ailleurs, elle le disait elle-même, en son jeune temps (la classe) :

(© P-Nasty)

Aujourd’hui, elle n’est plus précisément “broke“, mais elle est certainement “flat busted” (bonnasse, quoi). Le petit plaisir quotidien, c’est l’avalanche de cadavres tombés du placard de notre charmante VP en puissance. Un jour, un spliff de marijuana, un autre, un brushing à faire pâlir n’importe quel cast-member de Côte Ouest ou de Dallas, un jour suivant, une fille de 16 ans enceinte, Jamie Lynn Spears qui lui envoie un message de soutien, et j’en passe.
Jusqu’ici, on en a pour notre argent. Je veux dire, des Américains qui s’offusquent du passé plus ou moins sulfureux d’une personnalité publique, on connait ça, non? Perso, je le vis comme une sorte d’expérience touristique. Donc en fait, sa môme en cloque, c’est même plus très drôle, tellement c’est attendu. Pas plus que son dernier trisomique, parce qu’on ne peut pas rire de tout, non plus, voyez-vous. Remarquez cependant qu’elle a trompe son mari avec un partenaire de moto-neige… nan mais c’est pas trooooop marrant, l’Alaska, des fois?

Ce que je trouve fascinant, c’est la non-subtilité totale dans la démarche. On a beau le savoir, on se dit que quand-même, on va pas choisir une personnalité politique potentiellement centrale juste parce qu’elle est bonnasse et très gaffeuse, alors qu’elle n’a absolument aucune expérience politique d’envergure. J’entends par là que vouloir déclasser les ours polaires des espèces protégées ou débattre sur la construction d’un pont reliant à une île de 237 habitants n’est PAS une expérience politique d’envergure. Ben là, si. La drôlerie de Sarah Palin prend une tout autre dimension quand on consulte sa page Wiki, qui en bouche un coin en termes de public relations. De toute évidence, la page est rédigée par le staff de Palin, ou du moins par un fan authentique, à en juger par la photo très avantageuse de la dame. L’auteur pousse l’érudition jusqu’à nous apprendre comment on prononce Palin et surtout, jusqu’à nous donner la date d’obtention de son passeport. Eh ouais. Alors celle qui pourrait être Vice Présidente des USA, elle a obtenu un passeport en 2007, après être devenue Gouverneur d’Alaska, ce qui lui a permis de voyager en Allemagne et au Koweit. Merde alors. J’en ris encore.

Dernier détail qui en fait vraiment la candidate de l’humour pour le cru 2008 : elle est le meilleur fundraiser de Barack Obama. Oui oui, le candidat democrate. Son discours à la convention républicaine a eu pour conséquence immédiate d’inciter 130 000 généreux donateurs à verser 8M de dollars au Parti démocrate. Le revers de la médaille, c’est bien sûr la signification du truc : de fait, Sarah Palin fait peur, et pas seulement parce qu’elle s’est présentée comme un Pitbul glossé. En moins d’une semaine, les magasines people de ma station de métro ont tous changé de physionomie. Là où on ne parlait que Brangelina, Jennifer Aniston ou Suri Cruise, on a du Sarah Palin à toutes les sauces dans Us, de OK, de People… C’est déprimant. McCain s’en offusque, paroxysme de la mauvaise foi, car sa Hockey Mom lui a fait l’effet d’un lifting particulièrement réussi. En fait, je crois que jusqu’ici, en France, on a trop sous estimé ce dont le Parti Républicain est capable. Cette tactique aussi subtile qu’un éléphant (ca tombe bien) dans un magasin de porcelaine, ça marche. Ajoute a ca qu’ils ont du pognon (Cindy McCain est plus connue sous le terme “DG de Budweiser”), et des ressources insoupçonnées, surtout quand on voit ça de la France… Même moi, j’ai failli adhérer au fan-club de Sarah Palin, sur Facebook. A cause du passeport et de la motoneige. Entre temps j’ai vu Cindy McCain, et je crois que je la préfère, finalement.

Si Sarah Palin est une candidate de l’humour, c’est vraiment de rire jaune qu’il s’agit. Elle fait marrer en France, mais je ne suis pas sûre qu’on se rende compte à quel point McCain est un candidat plus que sérieux. En termes de sondages, on est dans la marge d’erreur, et McCain et son lipstick-dog peuvent très sérieusement espérer s’installer dans le bureau ovale, les cocos.

Photos d’identités

(copyright Paris Match, mais franchement, y avait pas meilleur titre, je pense)

Avedon au Jeu de Paume… C’est jusqu’au 27 Septembre, profite.
Une file de 50 mètres… forcément, un photographe estampillé “Harper’s Bazaar et Vogue“, ça fait rêver. Si je te dis qu’en plus, c’est lui qui inspire le personnage joué par Fred Astaire dans Funny Face, carrément, tu imagines la greluche se ruer place de la Concorde en moins temps qu’il n’en faut pour le dire. Je suis une greluche. Et je me rue pas mal, j’avoue.

Boh, moi en vrai, j’y allais parce que j’aimais bien la couv’ des Beatles pour Look.

Alors au niveau de l’intertexte, c’est pas tout à fait le même imaginaire qui est mobilisé, mais on avouera que ça reste un peu le même combat. La blagouse, c’est que les Beatles, ils y sont vite fait, dans l’expo, même pas avec ce cliché. L’intérêt résidant principalement dans le regard de Paul, en totale dissonance avec celui de ses “copains” (le guillemet vaut surtout pour John, on l’aura compris).

Au final, la partie photo de mode est la moins importante, et c’est tant mieux. Certes, c’est une étape nécessaire pour qu’Avedon ait sa petite street cred’ en quelque sorte. Son truc en plus : il donne du mouvement et naturalise la photographie de mode… on ne parlera pas de réalisme, car je vois difficilement une demoiselle en toilette Balmain se promener au milieu de forains crypto-lépreux dans un faubourg louche de Paris, mais l’idée est réjouissante, crée du décalage, on voit qu’il sait composer, prendre une photo, bref, l’objectif est atteint.

De fait, la rétrospective Avedon est surtout une formidable occasion de nous présenter un portraitiste hors pair. Selon les termes du photographe lui-même :

“Un portrait n’est pas une ressemblance. Dès lors qu’une émotion ou qu’un fait est traduit en photo, il cesse d’être un fait pour devenir une opinion. L’inexactitude n’existe pas en photographie. Toutes les photos sont exactes. Aucune d’elles n’est la vérité.”

(Note, au passage, que dès qu’un mec dit qu’il n’y a pas de vérité, moi ça me rend toute pomme de terre)

Tous les “grands de ce monde” y sont passés, tous suivant le même protocole. Avedon se rend à leur domicile/au studio (je me rappelle plus bien), il portraitise devant un fond blanc du genre neutre, et le modèle prend la pose qui lui plait, dans l’accoutrement qui lui plaît. Le titre de l’œuvre est en général le nom de la personne, sa fonction, la date de la photographie, démontrant ainsi la portée du cliché. C’est du hic et nunc, mais le trouble est entretenu sur le discours : est-ce qu’on voit une personne, ou bien une personnalité ? Le résultat est une interaction totale entre le modèle et le photographe. Il en ressort des aspects insoupçonnés des sujets photographiés, un joyeux bordel contrasté de plein de gens qu’on (re)découvre sous un jour nouveau. En fait, ce genre de Hall of Fame que nous propose Avedon, c’est un festival d’attitudes, dont certaines sont devenues des images d’Epinal des sujets représentés. D’autres sont plus inattendues, et nous révèlent un personnage connu sous un jour nouveau. D’autres enfin, sont tellement typiques (du moins c’est ce qu’on se dit en les voyant).

Exemplifions, légendons:


Marilyn, ou peut-être Norma Jean (le doute reste entier)


Charlot fait le con…

Pour l’anecdote, Kissinger craignait qu’Avedon ne cherche à le représenter sous un angle négatif (rapport que le Vietnam, c’était un peu controversé, par exemple). Avedon lui a dit de se mettre à l’aise, de se rendre lui même sympathique… Ouais…

Le clou de l’exposition reste la fin de son œuvre, avec des portraits de péquenots des Etats de l’ouest, une série intitulée “In the American West“. Entre 1979 et 1984, à l’époque où le rêve américain incarné par John Wayne était largement éteint, Avedon redonne une nouvelle identité à l’Ouest, une nouvelle image  à la population de cette région de l’Amérique : les cowboys, cocottes et pionniers de l’Ouest sont remplacés par des mineurs, filles-mères et chômeurs. Je caricature un brin, mais l’idée est là : aux mythes de l’ouest, il substitue les métiers de l’ouest. Y en a qui ont pas aimé. Ils ont dit “Avedon, il tue l’Amérique”, ou encore “Avedon, il montre des gens moches et pauvres”. Pourtant, ce qui transparaît dans cette entreprise, c’est la faculté qu’avait Avedon à être fasciné par l’apparence physique. Pour lui, faire un portrait revenait à tenir un discours. Et dans certains de ces modèles, il voyait des livres entiers, ou des pans entiers de l’art occidental.


Le Greco d’Avedon

Portraits qui défoncent.
Source: Richard Avedon, In the American West, 1979-1984

Je sais pas, mais quelqu’un qui est fasciné par les gens et qui les trouve beaux, je trouve que c’est un type bien. Ajoute à ça que lui-même, il dégage pas mal, et tu sais ce qu’il te reste à faire : Jeu de Paume ce week-end. M’offrir le bouquin rétrospectif à Noël, aussi…

RIP

70 rue Lamarck
75018 PARIS

Tu remarqueras, en photo 1, qu’on voit la lumière du jour : pas banal pour un appartement situé au premier sous-sol (situation très embarrassante quand on te livre un colis). En photo 2, tu observes dans l’ordre : un diplôme, un bouquin sur Jeff Wall, une Bible (en édition de poche), un Van Gogh/estampe jap. Les céréales Spider Man, de la photo 3, sont infâmes. Tu remarqueras, en photo 4, que j’avais une nymphe dans ma salle de bains. On peut pas dire ça de tous les appartements parisiens.

Franchement, faire un post plus personnel, je pourrais pas.