Woody Allen, Michael Jackson et le cynisme

La fin de Michael Jackson vire au nasty: ses enfants ne sont pas ses enfants, camé aux antidouleur, ferveur hyperbolique, ras-le-bol généralisé… Pourtant, la mort de Michael Jackson, c’est aussi l’occasion de manifestations populaires joyeuses. C’est avant tout une célébration de sa musique et l’occasion de redécouvrir sa carrière. Le gros son hip-hopeux saturé est remplacé par des standards des Jackson 5 et autres Off the Wall dans les voitures qui passent à fond dans les rues de Bed Stuy, à Brooklyn, les boutiques arborent une petite bannière RIP MJ, l’Apollo organise une soirée hommage ce soir dans Harlem. L’autre soir, à l’Angelika (cinéma arty de SoHo), la playlist du café était à peu près la même que partout. Il était touchant de voir les clients  snobs de ce cinéma select se trémousser gentillettement au son de Thriller.

Pour moi, la ferveur des gens n’a rien de suspect. Certes, il y a un mouvement de masse, mais les gens ne seraient pas aussi unanimes dans le vide. Quand une voiture passe avec à fond le riff d’Eddy van Halen sur Beat It, ça me met le sourire, et je suis plutôt ravie à l’idée que tous les passants auront la même réaction. C’était ce que je pensais avant le début du dernier Woody Allen, heureuse d’attendre mon film au son de MJ, et un brin agacée par tous ces pisse-froid qui ne comprennent pas qu’une émotion n’est pas nécessairement mauvaise parce qu’elle est très largement partagée.

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C’est ce que je pensais en sortant du dernier Woody Allen, aussi. Continue reading