Skylines.

Vous savez, en dépit du snobbisme anti-activités touristiques que j’ai pu développer par rapport à New York, il y a une chose que je ne pourrai jamais renier, c’est l’absolue nécessité d’aller voir la vue du haut de l’Empire State Building. Loin de moi l’idée de vous faire le plan romantique An Affair to Remember (un filon usé jusqu’à la corde par les scénaristes de la CW, du reste). C’est juste que pour nous autres Européens, la claque visuelle liée à la vue de la skyline a quelque chose d’irremplaçable.

Je me rappelle la première fois que je suis allée à New York, c’était en 2006, j’y connaissais personne, et j’en parlais déjà sur un blog. A peine descendue de l’avion, puis du AirTrain, puis du métro, j’ai béni l’esprit civil des Américains qui fait qu’on peut errer la tête en l’air pendant des heures sans marcher dans une mauvaise surprise. Et comme tout le monde, ma première émotion, ça a été le Flat Iron Building. Et comme tout le monde, une fois en haut de l’Empire State Building,  j’ai décrété que le Chrysler Building était mon bâtiment préféré de NYC, alors qu’à l’inverse le MetLife était trop moche, tout noiraud qu’il était (ah ça, on a des goûts à chier quand on est jeune: le MetLife est d’un badass…). Mais tout ça, c’est du flan. En vrai de vrai, l’Empire State Building gagne par KO la battle du building le plus la classe, peu importe que ce soit galvaudé. Je vous conseille la vue sur la skyline new-yorkaise depuis le New Jersey, quand un bus chinois se dirige vers le Lincoln Tunnel: la claque visuelle est peut-être encore plus spectaculaire que celle de la photo ci-dessus.

Bottom line is: l’expérience de la skyline, c’est un peu une des expériences les plus dépaysantes pour nous autres Européens, et ce même si des skylines sudam’ ou asiatiques sont sans doute plus épatantes que Manhattan, et surtout bien plus épatantes que ce qu’on trouve dans la plupart des villes américaines.  Continue reading

Qui de la poule ou de l’œuf?

Une grande ville, ça se développe assez simplement, et selon des étapes logiques: une maison, deux maisons, un pont sur une rivière, un port naturel, une église, un cimetière, une mairie, l’octroi de droits communaux, l’arrivée des Bretons (ou des Irlandais, mais c’est pareil, for that matter), des mendiants, du crime et du vice, l’annexion des faubourgs, l’assainissement (=l’expulsion des pauvres), les percées haussmaniennes/haussmanisantes, les bâtiments arts déco, le fonctionnalisme, l’adjonction d’un CBD rutilant, la compétition pour celui qui aura le plus haut, Jean Nouvel, les quartiers en réaffectation, la hype, des supermarchés bio, la hype surévaluée, la beaufisation, Hippopotamus, le Hard-Rock Café, le quartier devenu infréquentable.

☛ La grande ville était née.

Le problème des villes américaines, c’est essentiellement la tentative de synthétiser ces 1000 ans d’architecture et de tissu urbains européens en un siècle et demi. Ci-dessus, Philadelphie, eeeeeh oui (dans l’une des rares prises de vue qui rende pas City Hall trop gerbant, copyright yours truly). Continue reading