Dans une interview, Michel Gondry expliquait que son dernier film, Be Kind Rewind, était une critique de la passivité à laquelle conduisait une situation d’extrême consommation, de spectateurs qui reçoivent sans rien faire les films qu’on leur propose. Dans Be Kind, Rewind (je me REFUSE à utiliser le titre français), le spectateur devient actif et reprend le contrôle du cinéma. À partir de l’initiative de deux bras cassés, nos spectateurs supposément passifs refont leurs films préférés avant de passer à la création pure, en réécrivant l’histoire de leur communauté, à travers la biographie fictive d’un jazzman légendaire.
Dans le prolongement direct de cette démarche, Gondry propose de ne pas rester uniquement spectateurs du suédage* qu’il met en oeuvre dans ses films :
http://www.dailymotion.com/group/103122/
L’idée est simple : Mitch nous a montré la voie, à nous de la suivre. Un concours est organisé jusqu’à Mercredi prochain, et à chacun de soumettre sa version “suédée” d’un film culte, avec une petite récompense à la clé pour le meilleur (tout en partant du principe que la vraie récompense, c’est le plaisir procuré par la re-réalisation maison d’un monument du cinéma). Ce concours apporte incontestablement une dimension au film de Gondry. On quitte l’univers du vidéo-club, de ses Ghostbusters et autres Rush Hour 25, pour se retrouver dans l’univers Youtube et de ses films ultra-récents disponibles en streaming avant de l’être en salles obscures ou en DVD. Autant dire que la sélection de films est souvent bien plus récente et moins réservée aux initiés (notons qu’ici, initié = nolife). Ratatouille et de Into the Wild côtoient ce bon vieux Mad Max et ses potes les Gremlins.
Le plus de la démarche, c’est que, comme dans le film, on recrée la connivence non seulement autour de la connaissance quasi-érudite d’un film mais aussi à partir de notre lien avec les wannabe réalisateurs qui se cachent derrière ces youtuberies. Par exemple, le Fantasia 2008, c’est un pote de pote qui l’a fait.
En fait, une question me taraude (ça m’arrive des fois – souvent) : c’est quoi le plus intéressant dans le propos de Gondry? À ma droite, l’esthétique du Do-It-Yourself qu’il défend et dont le film est un véritable manifeste. À ma gauche, l’hommage presque involontaire qu’il rend au cinéma d’entertainment, à ces superproductions hollywoodiennes qui, par leurs ficelles parfois un peu épaisses, sont plus réjouissantes qu’agaçantes ou téléphonées. Gondry, toujours dans la même interview reproche vaguement à ce cinéma d’être un brin abrutissant (brrr), mais ne démontre-t-il pas que le cinéma de genre a encore de beaux jours devant lui?
Faites vous plaisir les cocos, allez checker un peu ça et soyez sympas, votez!
* suédage = technique cinématographique consistant à reproduire avec les moyens du bord les meilleurs moments d’un film donné. Un film suédé dure rarement plus de quelques minutes. Technique créée par Michel Gondry à l’occasion de son film BeKind, Rewind (mais allez le voir, bon dieu!!!)