Train wrecks.

(Follow-up à un vieux post qui remonte à l’âge d’or de ce blog)

Je suis absolument fascinée par la négociation du virage vers l’âge adulte des enfants-star, qui n’a jamais été aussi visible que lors de ces derniers VMA et qui s’inscrit, je trouve, dans un chant du cygne de l’adolescence MTV.

Évidemment, toute l’attention s’est concentrée sur Miley Cyrus et son desperate call for attention :

"Je sais pas si vous allez le remarquer, mais je suis un être sexué"

“Je sais pas si vous allez le remarquer, mais je suis un être sexué”

Mais pour moi, deux écoles se sont affrontées, l’autre étant :

taylorselena

Hagsville, option “je suis née en 1990, et je fête bientôt mes 37 ans”

A l’aune de la presta (par ailleurs pas terrible) de Miley, le look de Taylor Swift et de Selena Gomez semble (encore plus) dire “nous sommes classe et nous te jugeons.”

Pourtant, très franchement, j’ai une affection inconditionnelle, coupable et non-dissimulée pour les trois mômes ci-dessus (demandez à mon mec, je suis à peu près sûre que la nuit, ses cauchemars ont Taylor Swift en bande musicale), mais je suis pas sûre que celle que je trouve la plus navrante est Miley. Et cette observation tient compte du doigt en mousse, de la langue pendue et du grinding de ce pervers de Robin Thicke. Je suis peut-être vieux jeu, mais la combinaison tenue sombre / vernis rouge-noir pour un événement autre qu’un enterrement quand on a moins de 25 ans me rend invariablement très triste ou très suspicieuse (car oui, il y a fort à parier que cette tenue soit un genre de passe-droit à l’élégance affectée pour cacher quelque chose, et il y a de forte chances pour ce que ce quelque chose soit une maladie vénérienne refilée par Justin Bieber ou Harry Styles, donc STFU vous ne valez pas mieux que nous).

shutthefuckup

La performance de Miley Cyrus et, d’une manière générale, la personna qu’elle essaie d’imposer depuis We Can’t Stop et aujourd’hui encore, avec la sortie du clip de Wrecking Ball s’inscrit parfaitement dans une espèce de déconstruction de 15 ans de princesses pop et de la culture visuelle qui les a accompagnées.

En fait, c’est comme si Miley était une version irl des Spring Breakers de Harmony Korine, film invariablement adulé ou fustigé. Mon film préféré de 2013 à ce jour. Certes, on pourrait reprocher à Spring Breakers la facilité de sa provocation (comme à Miley), car oui, proposer une orgie de gros plans sur des nichons pas toujours très naturels dans des bikinis fluo, à part pour les gosses de 13 ans venues voir Selena Gomez, c’est plus très subversif depuis 1999 (j’utilise cette année comme repère parce que c’est la première fois que j’entendais parler du Spring Break et de ses reportages par MTV)(c’était dans She’s All That, ooooh <3). Mais c’est en revanche un formidable testament de 15 ans de culture adolescente et sur ce que “être un peu salope” représente pour une Américaine sur le point d’entrer dans l’âge de raison. Korine présente le spring break comme une quête spirituelle, au cours de laquelle les quatre gamines repoussent leurs limites via des rites initiatiques plus ou moins poussés, et donnent tout ce qu’elles peuvent pour être prêtes à retourner dans leur vraie vie (vouée aux choses suivantes : finir les études, trouver un mari et optionnellement un boulot, faire des gosses, shut up and smile). Le Spring Break apparaît comme un formidable exutoire pour ces mômes qui ont juste besoin de donner cours à un besoin d’être salopes et violentes sans être jugées (contrairement à Miley).

Et je pense que Miley est consciente que sa provoc ne l’est pas parce qu’elle montre un peu trop de chair (elle le fait depuis suffisamment longtemps pour que ça ne surprenne plus personne). Le souvenir de Britney et Xtina est encore trop récent, elle ne fait que réutiliser une recette d’ex-starlette Disney à l’efficacité prouvée. Mais là où ses ainées essayaient quand-même d’être sexy tout public, Miley en fait tellement trop qu’elle en vient à déconstruire la démarche (sans doute un peu malgré elle), et à l’exposer dans tout ce qu’elle a de plus caricatural. Et lorsque Taylor Swift et Selena Gomez s’affichent avec leur look de vieilles rombières, elles se positionnent exactement par rapport au même paradigme et rappellent que c’est la putain de fin d’une époque.

L’attitude de Miley me rappelle par ailleurs cette interview de Taylor Momsen par Jack, il y a 2-3 ans. Dedans, Taylor répondait aux critiques récurrentes sur son look “fausse provoc de pauvre petite fille riche qui s’habille en strip-teaseuse pour attirer l’attention” : elle répondait qu’elle avait 17 ans et que, comme dit le poète, si c’est pas à 17 ans qu’on manque de sérieux, ben c’est à peu près aussi dommage que pas avoir de Rolex à 50 ans.

Alors quand Miley Cyrus se touche avec un doigt en mousse ou quand elle lèche une masse à poil devant Terry Richardson, c’est plus forcément très provocant, mais c’est très agaçant. Et ça nous ramène, in fine, à sa condition première : c’est une affreuse affreuse sale gosse. Qui tire la langue.

Et bon sang, c’est de son âge, d’être une sale gosse.

EDIT: donnons le mot de la fin à Courtney Love, qui a dit de Miley la chose suivante :

You know, that hillbilly Miley Cyrus is sort of punk in a weird sex way….[Perry] bores me. [Miley] was at least kind of punk rock, you know? It was openly sexual … like dark and hillbilly and fucked up.

Amour sur elle.

New Girls On The Block

Pour cette rentrée télévisuelle, plusieurs séries ont cette particularité de n’avoir d’autre concept que leur actrice principale. Je passe sur Ringer, par pudeur et par respect pour la Sarah Michelle Gellar qui a donné corps à Buffy Summers. En revanche, New Girl et 2 Broke Girls, lancées la même année, avec le même concept de base, tu sais ce qu’on dit des coïncidences? I think not. Toutes deux des sitcom new-yorkaises plus ou moins old-school, les deux shows entérinent le déplacement sémantique du cliché de la femme idéale tel qu’il s’est opéré depuis quelques années. Ce qui n’est jamais qu’une façon très prétentieuse de dire que les deux séries mettent en scène une nouvelle version de la fille de tes rêves, la mignonnette indie.

La nana plus jolie que belle, plus attendrissante que séduisante, plus smart que fatale. Elle vient livrée avec la musique et le look afférents, namely: de la pop-rock brooklynite dépressive, les succédanés des Smiths, se rêvant en Arctic Monkeys, et elle est sponsorisée par Urban Outfitters (oh tiens, comme Betty).

Deux shows pour un concept. Le lendemain de la diffusion du pilote de New Girl, mes deux colocataires de Brooklyn se pâmaient par messages facebook interposés – in my book, c’est représentatif d’un engouement immédiat de la gent féminine dans son ensemble, les deux derniers shows plébiscités sans faille par Shanna et Cynthia étant Gossip Girl et True Blood. Il faut dire que Cynthia, après réfection capillaire à une brique, était de plus en plus comparée à la Deschanel, vrai ou faux, c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai peut-être un jour. Fait intéressant, les deux shows ont par ailleurs une approche assez antinomique de la chose.

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American? Swiss? Provolone?

Quand on fait un blog sur New York, on veut avant tout montrer que c’est une chouette ville, et que tout est super, insolite, glamour, mode, etc.

Mais parler de New York sans parler du dégoût c’est rater une partie quintessentielle de cette ville: les écureuils qui ne sont jamais que des rats avec une queue touffue, les vrais rats qui colonisent le métro, et les odeurs. New York est une ville qui pue (et qui malgré tout conserve son charme). Parmi ces odeurs repoussantes et typiquement new-yorkaises, pour moi, il y a l’odeur des cahutes à hot-dogs et bretzels. Plus précisément, celle qui se trouve à Union Square sur Broadway et 14e à côté de feu Virgin Megastore et du grand AMC. Plusieurs fois, j’ai eu l’occasion d’y passer en ayant un peu trop mangé (ou trop bu la veille), et à chaque fois, mes intestins et mon amour-propre se son livré une lutte intense (mon amour-propre a gagné à chaque fois – peut-être qu’un jour je vous raconterai mes vomis en espace public manhattanite).

Changement de décor.

Une autre odeur terrifiante, toujours de haute gastronomie, mais plus panaméricaine, c’est l’odeur du Subway. Continue reading

Google Wave, première

Je crois que je viens de passer une soirée à m’abrutir le cerveau en lisant des blogs dits “influents” et leurs commentaires. Dorénavant, je m’en tiendrai à mes blogs de gonzesses, qui à la limite restent inoffensifs (on reviendra sur ce concept d’inoffensif) et je vais enfin me décider à suivre le conseil de Clément et fréquenter le Monde et le NYTimes. En moins de deux heures, j’ai lu: des prétentieux puants mais pas si provoc’, des cons charognards pas si intéressants, des beaufs un peu trop geeks, et des pouffes un peu trop vendues au grand capital. J’overdose de l’indigestion, là, les enfants.  Au final, vous savez quoi: eh ben j’aime bien le premier degré (je dis ça, c’est à cause que les blogueurs dits “influents” et leurs snipers se servent un peu de l’excuse du 3000e degré pour justifier leur auto-alimentation verbale). Passons.

Au final, ça m’apprendra, j’ai qu’à pas jouer l’apprentie sorcière du réseau social, m’en tenir aux réseaux de gens que je connais et sortir le nez de mon clavier. C’est vrai, quand j’ai eu Google Wave, j’étais très excitée. Toujours dans ma lobotomie du web mondial, j’étais convaincue que le monde se diviserait en deux catégories: ceux qui auraient Google Wave parmi les premiers, et les autres. Autres = ceux qui creusent. Du coup, j’ai été bien contente de quitter relativement vite le camp des losers (6 semaines après le lancement de la bête). Ce n’est qu’après que je me suis rendu compte qu’en fait le monde se divisait en deux catégories: ceux qui ont entendu parler de Google wave, et ceux qui n’en ont rien, mais alors rien-à-foutre. Du coup, catégorie 1 = nolife = toi, tu creuses. Je creuse donc toujours.

Passée cette désillusion, je continue de penser que Google Wave est un outil très performant révolutionnant les modes de communication et d’interaction de groupes (t’affoles pas on est pas chez Stagueve ou que sais-je ici, je vais pas te faire un topo technique sur la bête, je suis même pas sûre de comprendre moi-même). Le mail du futur, que j’ai dit aux copains, pour les appâter. Ils m’ont répondu: ouah c’est du Jules Verne, ton truc! ceci dit, t’emmerdes pas pour nous on est resté au XIXe siècle. C’est frustrant. Pas de bras, pas de chocolat (mais d’où vient cette expression?), pas de copains, pas de wave.

Du coup, j’ai bien réfléchi à comment rendre attractive cette sympathique révolution de l’échange interpersonnel. J’ai bien regardé toutes les vidéos explicatives avec les deux Australiens mal habillés et un peu pâlots, épluché les sites de geek (pas d’une grande aide), reconsidéré les “oh” et les “ah” de mes contacts Facebook, et tenté de reformuler les choses dans mon langage… Après mure réflexion, il est apparu que Google Wave, ça reste surtout un outil trop bien pour organiser des barbecues.

Ah. Continue reading

Please Bella, show some respect for yourself

Culture toujours, après les blogs féminins, Twilight.

Nom de Dieu, ça faisait longtemps que je voulais l’épingler, cette guimauve.

L’avantage d’habiter à Albany, c’est qu’il n’est pas déraisonnable de tenter d’aller voir New Moon, un samedi soir, le lendemain de sa sortie. L’autre avantage, c’est que, Albany étant un peu une enclave redneck en Nouvelle Angleterre (sort of), c’est un petit instant de bonheur en barre. Une demie heure avant, le hall du cinéma était plein. Plein d’un public féminin qui n’a pas de sac à main, si vous voyez ce que je veux dire. Certaines s’étaient même customisé un ravissant T-Shirt “The Twilight Saga – New Moon – 11/20/2009“, ce qui laisse deviner qu’en 24h, elles en étaient minimum à leur 2e visionnage – notons qu’on est bien en province, parce que si elles avaient été à NYC, elles se seraient pas donné ce mal, elles auraient fréquenté un Urban Outfitters, tout simplement. Autant, on se félicitait de ce que le succès des livres redirigeait les jeunes vers la lecture (le syndrome Harry Potter), autant, d’un point de vue cinématographique, il est plus difficile de se féliciter de quoi que ce soit en guise de cache-sexe intellectuel. C’est-à-dire que le réal a décidé de monter son film intégralement au ralenti (un truc encore plus pénible que la caméra à l’épaule dans Cloverfield) et a multiplié des intertextes d’une subtilité toute relative à Danielle Steele (un parti-pris très audacieux). Quant au jeu des acteurs, on va dire pudiquement qu’il n’y a que les muscles de Taylor Lautner/Jacob Black qui jouent bien (oué, ils occupent bien l’écran).

Mais pour comprendre la portée de cette séance, revenons aux livres et au sens à donner de cette frénésie juvénile. La saga Twilight m’offense à tellement de points de vue que son message sur l’abstinence sexuelle est en fait celui qui me gêne le moins. Que voulez-vous, au lycée, quand un garçon voulait sortir avec moi, j’avais tellement les foies que j’allais me cacher dans mes livres de cours, donc la peur de la sexualité au lycée, ça me paraît pas aberrant aberrant, pour tout dire. En revanche plusieurs éléments m’indisposent: Continue reading