A la vérité, j’acquiers de plus en plus la conviction qu’un weekend sans Eggs Benedict et/ou pain perdu et Mimosa n’en est pas vraiment un. Le brunch, c’est la preuve à l’Américaine que Dieu existe, mais pas sûr que sa version parisienne soit très semblable à sa version américaine. Je veux dire par là que, si on veut être vraiment local de l’attitude, bruncher, c’est se mettre une grosse charge en mangeant comme un porc (je dis ça parce que je crois pas encore avoir vu de Breakfast Burrito dans les brunchs montmartrois). Concrètement, un vrai brunch qui se respecte propose un forfait où, pour 6$, le Bloody Mary ou le Mimosa est à volonté. Les vrais sont au Bloody Mary, je suis au Mimosa (je suis un peu tapette le dimanche matin). Mais le jus d’orange (sans mousseux dedans, je veux dire), c’est pas local, il faut pas. Finalement, cette pratique du brunch, c’est quelque chose d’assez punk: on s’affame le matin, on commence à picoler à jeun en début de journée pour manger plein de graisses saturées ensuite. Bref, c’est comme s’il fallait enculer le système pour passer un bon weekend.
Et puis il y a la version domptée du brunch. Dans les endroits plus bourgeois, où l’offre culinaire est plus variée (et moins chargée en oeufs). Et le bourgeois culinaire, je m’excuse de le dire, c’est la France. Retournement chiasmatique, les parisiens veulent du brunch, les américains veulent du bistro, tout est dans tout et réciproquement.
Ces endroits sont un peu disséminés dans New York: il y a Le Monde sur 112e et Broadway, à trois pas de Columbia, pour ceux qui pensent qu’un confit de canard, c’est tellement chic pour le brunch, il y a le Café Charbon sur Orchard, dans le Lower East Side, une vraie expérience surnaturelle, où, l’espace d’un instant, en bon Français, vous trouverez normal de passer devant un troquet du commerce qui ressemble à s’y méprendre au Tournesol, avant d’être choqué parce que non, c’est pas normal. Bref, la hype de cet endroit, c’est de passer pour un bistro naze de France profonde (overrated? I think yes yes yes). Il y a enfin l’inénarrable Pastis, qui est à peu près autant l’emblème du Meatpacking que le Gansevoort Hotel ou la vitrine Alexander McQueen. Je suis dans l’ensemble pas trop fan de ces endroits. C’était jusqu’à Philadelphie.
Car à Philadelphie, nous avons Parc. Parc, sa devanture de brasserie chic, ses serveurs en tablier blanc, ses eggs en cocotte et ses jam & butter tartines.

OMG but thah’so freeench! Yay! How awes is that? Seriously, that’s so cuuute! Ouais. Continue reading →